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gneurs et sans les grands corps de l'Etat; et du moment où son autorité a commencé à s'affaiblir, les grands corps et les grands seigneurs cessèrent bientôt d'exister eux-mêmes.

Si la marche du ministère était telle que je l'indique, si l'on ne pouvait lui reprocher une marche incertaine et vacillante, à moins d'être tout seul de son avis et de passer même pour un insensé, nous ne verrions pas ce tiers parti qui est si funeste à l'ordre constitutionnel.

Je reproche donc au ministère de n'avoir pas cette marche décidée qui peut seule sauver les Etats. Permettez-moi d'ajouter un exemple: on parle souvent du fameux ministre de Louis XIII; on le cite tous les jours ; je le citerai encore en cette occasion. J'ai déjà dit que j'abhorrais sa tyrannie dans l'intérieur, et que j'admirais sa politique extérieure ; mais je déclare en même temps qu'il fut grand et plein de franchise. Sa volonté opiniâtre le rendit tyran des sujets de son Roi, mais l'adversaire le plus redoutable des ennemis extérieurs de la France..

Voyez quelle fut sa conduite. Aussitôt qu'il entra au ministère, eut-il recours à la dissimulation? Employa-t-il ces mots ambigus qui ne signifient rien, qui n'annoncent pas un dessein formel? Non, messieurs; il écrivit aux ambassadeurs une phrase qui fut rendue aussitôt publique : « Le Roi a changé de «ministres, le ministère a changé de maximes..>> Aussitôt cette phrase retentit dans toute l'Europe,

et rallia à la France tous les ennemis secrets de la monarchie autrichienne, trop puissante alors. Voilà comment se conduit le noble génie : il annonce toujours franchement où il veut aller; il est sûr alors de réunir à lui tous ceux qui ont le même but, les mêmes opinions; et de même que Richelieu rallia autour de lui les puissances de l'Europe, inquiète de la puissance de l'Autriche, de même une manifestation semblable en France, suivie de faits conformes aux promesses, rallierait d'abord au ministère tous ceux qui veulent la même chose, qui ont te même but, le même dessein, et forcerait les autres à se mettre dans le parti modéré de l'opposition, qui alors est utile, nécessaire et indispensable.

Je vous prie de me permettre encore d'insister sur ce principe de parti moyen que je signalais comme un fléau. Je soutiens que les devoirs sont absolus et n'admettent point de milieu. Nous pouvons bien, pour notre satisfaction particulière, pour notre bonheur individuel, chercher le milieu entre deux choses opposées. Il existe sans doute un milieu désirable entre la privation absolue des plaisirs et l'usage immodéré des plaisirs; mais il n'en est pas de même des devoirs. Cherchez donc un milieu entre la fidélité et l'infidélité : le chercher seulement est déjà une infidélité. Je vous prie encore de chercher un milieu entre la noble reconnaissance et la noire ingratitude; et si nous examinons ce devoir du guerrier dont on a souvent

parlé à cette tribune, trouverons-nous un milieu entre l'obéissance passive la plus illimitée et l'obéissance qui raisonne sur les ordres donnés? Non, messieurs; il n'y a pas même de vraie gloire sans cette soumission absolue.

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En rejetant le dernier article de la commission je ne veux pas que, sur mon opinion, l'on puisse prendre le change. J'adopte les deux premiers articles, parce que je suis ami de l'ordre et ennemi du désordre; mais je déclare que je ne suis pas moins partisan de la libre et hardie manifestation des pensées. La pensée est moins dangereuse, lorsqu'elle se dévoile par les paroles, que les intrigues.

Les intrigues! A ce seul mot mon cœur se sousoulève, le dégoût s'empare de moi; depuis six ans les intrigues font le malheur de la France. Les intrigues! Rappelez-vous ce dont vous avez été témoins au moment où la session s'est ouverte, avant même qu'elle ne fût commencée. Rappelez-vous ces mots magiques qui ont bourdonné autour de vos oreilles, et qui parfois, à l'aide des coteries, y ont pénétré. Mais ces intrigues ont été déjouées. Un noble courage encore empreint de l'instinct du bon sens de la province, les a fait évanouir comme ces bulles de savon lancées dans les airs.

Suivant moi, les intrigues sont mille fois plus dangereuses que les factions, car les factions agissent ouvertement; si je n'ai pas la force de les combattre, au moins je puis me tenir sur mes gardes.

Les factions donnent du courage à ceux qui ont le malheur d'y entrer comme à ceux qui ont la noble ambition de les attaquer, et je ne crois pas que l'homme ait été créé pour autre chose que pour lé

courage....

Les intrigues ne peuvent être combattues de front, parce qu'elles se cachent dans l'ombre; elles sont partout, et ne sont nulle part; elles avilissent les plus nobles caractères. On a dit, au commencement de la révolution, un mot célèbre qui est devenu une prophétie : « Nous périrons d'un coup « de bonne intention. » Et moi je dis : Nous périrons par les intrigues, parce que les intrigues empêchent de former un parti vigoureux, seul capable d'attaquer et d'écraser les factions. Le danger, suivant moi, n'est pas dans la manifestation des pensées dangereuses, mais dans la captivité des bonnes pensées. Cette captivité les empêche de se produire au grand jour, et de combattre l'effet des mauvaises doctrines. Vous voulez empêcher un parti de dire tout ce qu'il pense, et moi je voudrais qu'on eût la force de dire tout ce que nous en pensons.

No LI.

Discours prononcé par M. Siméon, ministre de l'intérieur, en faveur de la religion, le 27 avril 1821.

Discours prononcé par le même, en faveur de l'Opéra, le 22 avril 1821.

MESSIEURS,

MESSIEURS,

On peut parler de religion aux L'attentat à jamais méhommes d'Etat aussi bien qu'aux morable qui, l'année âmes pieuses; si elle est pour dernière, plongea la celles-ci une source de paix et de France dans le deuil, consolation, elle est pour les au- consacra en quelque tres un puissant moyen de gou- sorte à la douleur l'édivernement, puisqu'elle sanctionne fice où il fut commis. les lois humaines, menace d'un Il ne pouvait plus être vengeur inévitable les crimes qui permis de rouvrir les échappent à la justice des tribu- jeux de la scène dans naux, et détourne, autant par ses un lieu qui rappelait de promesses que par ses vengeances, si tristes souvenirs. On des délits qu'ils ne peuvent que pré-fut donc forcé de ne venir ou réprimer par des menaces plus ajourner un projet trop souvent impuissantes. La reli- depuis long-temps congion est comme la lumière; ceux-çu. L'Opéra, menaçant là même qu'elle importune ne sau- d'envelopper dans l'inraient en contester la nécessité; cendie auquel il est si elle fournit à la société la plus souvent exposé, la Biétendue et la plus forte de ses ga-bliothèque royale, tous ranties: la maintenir est donc un devoir; la conservation de la civilisation le commande; un nombre indéfini d'individus la réclament et la mettent au rang de leurs plus pressans besoin.

On a beaucoup fait sans doute, depuis 1817, pour la religion et ses ministres; mais ne reste-t-il rien

les amis des sciences et des lettres, et tous ceux qui prennent quelque / intérêt aux établissemens dont la France s'embellit et s'honore, désiraient voir s'éloigner un si dangereux voisinage de ce magni

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