CROQUE-MITAINE DE M. LE COMTE DE MONTLOSIER, DE M. DE PRADT, ET DE BIEN D'AUTRES. CHAPITRE PREMIER. Introduction. QUELQUES personnes se formaliseront peut-être du titre de cette brochure; elles supposeront, d'après ce titre, que j'ai eu l'intention de faire un ouvrage plaisant, et elles penseront que quand il s'agit d'un homme aussi grave que M. de Montlosier, aussi recommandable par son caractère et par son âge; quand il s'agit d'un sujet aussi grave que celui qui est traité dans son ouvrage et dans celui-ci, la plaisanterie est bien peu de saison, et que le ton sérieux n'est pas moins dans l'intérêt de la thèse que je défends que dans les convenances. Je suis tout à fait de cette opinion: aussi me suis-je bien gardé de chercher à plaisanter: je n'en ai ni le talent ni le projet ; et si je me suis servi du mot qui se trouve à la tête de cet écrit, c'est que je n'ai pu trouver, parmi tous ceux que je connais, un autre mot qui rendît aussi exactement ma pensée, qui pût peindre aussi bien l'effet que produisent tous les jours sur moi ces textes à la mode des conversations, des articles de journaux, des discours de tribune, des petites brochures et des gros livres, tels que la peur de la déposition des rois par les papes, la crainte du pouvoir du clergé, l'effroi des jésuites, la terreur de la congrégation. Je n'ai jamais ni lu ni entendu une phrase qui exprimât ces funestes appréhensions, sans que Croque-Mitaine se présentât aussitôt à ma pensée et à ma bouche. Et je le demande, est-il possible de n'y pas songer, quand un homme qui a autant d'esprit que M. de Montlosier, nous parle d'un système qui paraît épouvantable, considéré dans chacune de ses parties prises à part, et qui, considéré dans son ensemble, devient plus épouvantable encore. Si je vois ensuite dans un journal annoncer un nouveau trait de la malice des jésuites, |