Sayfadaki görseller
PDF
ePub

CHAPITRE V.

De la congrégation.

Dialogue entre un propriétaire et un journaliste.

LE PROPRIÉTAIRE.

JE suis fort aise de vous voir bien portant, mon ami. Il y a long-temps que nous ne nous sommes rencontrés; et depuis que nous sommes sortis du collége, où vous aviez les premières places, dont, par parenthèse, j'étais assez loin, nous avons eu une destinée bien différente je suis resté dans ma province, occupé à cultiver paisiblement mes champs; et vous, lancé au milieu des orages, vous êtes parvenu à avoir votre petite part de la souveraineté.

LE JOURNALISTE.

Comment, de la souverainté?

LE PROPRIÉTAIRE.

Sans doute; dans tout pays où il n'existe pas une aristocratie assez puissante pour dé

daigner ou payer la politique des journaux, il arrivera souvent (ce qu'on a déjà dit des Etats-Unis d'Amérique) d'être gouverné par une oligarchie de gazetiers.

LE JOURNALISTE.

Nous n'en sommes pas encore là, quoique l'Etat n'en fût peut-être pas plus mal gouverné. Eh bien! comment vont les affaires dans votre pays?

LE PROPRIÉTAIRE.

Mais, fort bien: on est heureux, content, paisible.

LE JOURNALISTE.

Paisible, cela se peut bien; content, cela peut encore être pour ces hommes légers qui ne s'occupent que des affaires de leur ménage, sans songer aux affaires publiques ; mais heureux! ah! que la nation est loin d'être heureuse et libre!

LE PROPRIÉTAIRE.

Mais, je vois qu'on fait assez ce qu'on veut, sauf des missions cependant.

LE JOURNALISTE.

Sans doute; mais.....

LE PROPRIÉTAIRE.

Je vois que partout on bâtit, on se meuble, on se donne un peu plus d'aisance.

LE JOURNALISTE.

A la bonne heure; mais.....

LE PROPRIÉTAIRE.

On fait des canaux, des entreprises il en résulte que le pauvre ne manque ni de pain ni d'ouvrage.

LE JOURNALISTE.

On ne songe point à nier tout cela; mais..... LE PROPRIÉTAIRE.

Mais.... quoi? Je vois que vous voulez m'objecter la position des propriétaires, pressés entre un impôt trop pesant et l'avilissement de leurs denrées.

LE JOURNALISTE.

Non; nous ne nous inquiétons pas des propriétaires; cela regarde les journalistes de province.

LE PROPRIÉTAIRE.

Est-ce au nom de l'industrie et du commerce que vous voulez vous plaindre ?

LE JOURNALISTE.

Nous aurions bien des choses à dire làdessus; mais nous avons à nous livrer à des soins cent fois plus importans.

LE PROPRIÉTAIRE.

J'entends; vous n'êtes pas content du ministère.

LE JOURNALISTE.

Vous approchez.

LE PROPRIÉTAIRE.

Est-ce que vous trouvez qu'il y a trop de grandiose dans ses idées ?

LE JOURNALISTE.

Je n'ai pas entendu dire qu'on se plaignît de cela.

LE PROPRIÉTAIRE.

Vous trouvez peut-être que notre système financier n'est pas ce qu'il doit être; que le ministère, resté dans l'ornière où il l'a trouvé engagé, n'a point tenté de changer un système qui écrase la propriété, qui nuit par conséquent à l'industrie et au commerce, et qui, en somme, ne pourvoit à rien pour l'avenir.

LE JOURNALISTE.

Vous êtes bon, mon ami, de croire que nous songeons à tout cela; voilà des babioles qui ne nous inquiètent guère.

LE PROPRIÉTAIRE.

Babioles, tant qu'il vous plaira; mais il n'en est pas moins vrai que d'un bon système de finance dépend le poids d'une nation dans les affaires du monde en temps de paix, dépendent sa gloire, sa sûreté, son honneur en temps de guerre.

LE JOURNALISTE.

Bagatelles, vous dis-je; il s'agit de choses bien autrement importantes.

LE PROPRIÉTAIRE.

Ah! bon Dieu, qu'est-ce que cela peut être?

LE JOURNALISTE.

Il s'agit de la foudre prête à crever sur nous, d'un volcan qui va s'entr'ouvrir sous nos pas, de la véritable épée de Damoclès suspendue sur notre tête.

LE PROPRIÉTAIRE.

Mais de quoi donc enfin? Vous m'effrayez.

« ÖncekiDevam »