Sayfadaki görseller
PDF
ePub

LE PROPRIÉTAIRE.

2

Jamais sur aucun, d'aucun genre.

LE JOURNALISTE.

Mais que font-ils donc ?

LE PROPRIÉTAIRE.

Je vous l'ai dit, ils font des prières, et s'associent pour des œuvres de charité: c'est de là que sont sorties les associations pour aller porter des secours et des principes religieux dans les hôpitaux, pour secourir, sous ces deux mêmes rapports, les pauvres ouvriers, les petits Savoyards, les prisonniers, etc.

LE JOURNALISTE.

Alors ce n'est pas de cette congrégationlà qu'il s'agit ; mais il n'y en a pas moins des associations qui s'occupent de politique, et on nous l'a avoué.

LE PROPRIÉTAIRE.

Il y en a, ou plutôt il y en a eu plusieurs. J'ai entendu parler d'une association formée en 1809, où il y avait des chevaliers de la foi, des chevaliers de la délivrance, etc.; il y a eu aussi une société des Francs régé

nérés. Ces sociétés ou n'existent plus ou existent sans agir, et cela est insensiblement tombé en désuétude. Ce qui est très-certain, c'est qu'elles n'ont aucune influence sur le gouvernement; car leurs principaux chefs ou fondateurs sont dans une opposition ouverte contre le ministère. Ces sortes de sociétés secrètes politiques sont bonnes pour détruire, mais, après le succès, ne peuvent plus servir à rien, et ne peuvent même pas subsister car ces membres qui étaient tous d'accord pour détruire, se divisent toujours dans la victoire sur la marche à suivre, et sur les opinions comme sur les intérêts. Aussi les sociétés secrètes royalistes formées avant la restauration sont tombées d'elles-mêmes, et il s'est formé à la place une grande quantité de sociétés secrètes libérales, qui n'ont point cessé de travailler et ne cessent point d'exister. C'est là que tous ces gens si alertes à découvrir les conspirations qui n'existent pas, auraient pu avoir beau jeu depuis dix ans pour découvrir des conspirations qu'on a en effet reconnues flagrantes; mais il est plus facile de se battre contre des fantômes que contre des ennemis réels.

LE JOURNALISTE.

Vous avez beau dire, il faut bien que ces sociétés secrètes ne soient pas si défuntes et si dépourvues d'influence, puisque plusieurs de leurs membres occupent des places importantes dans l'Etat.

LE PROPRIÉTAIRE.

Cela n'a aucun rapport avec les sociétés politiques dont je vous parle. Les personnes auxquelles vous pensez, et qui remplissent aujourd'hui des places importantes, appartiennent à la congrégation pieuse dont il était question d'abord.

LE JOURNALISTE.

Eh bien! ne vous l'ai-je pas dit que cette congrégation était aussi politique, et avait de l'influence dans le gouvernement!

LE PROPRIÉTAIRE.

En quoi donc ? parce que quelques-uns de ses membres sont parvenus! Mais pourquoi ne le seraient-ils pas? Vous ai-je dit que ces jeunes gens, en entrant dans la congrégation, se soient faits moines, et aient renoncé au monde et à leur état ?

LE JOURNALISTE.

Je ne dis pas cela.

LE PROPRIÉTAIRE.

Ces jeunes gens ont suivi leur carrière, et sont parvenus à des emplois élevés. Il y avait, dans la congrégation, des jeunes gens appartenant à toutes les classes et à tous les partis; car on y compte aussi quelques libéraux : il y en avait qui appartiennent aux plus grandes familles. Parce qu'ils s'engageaient à rester toujours fidèles à la religion et à pratiquer ses préceptes, je ne vois pas là un motif d'exclusion; ils sont parvenus par un avancement naturel, soit à raison dé leurs talens, soit par suite du succès de leur parti. Car il est arrivé ici ce qui est une suite nécessaire du gouvernement représentatif, ce qui est arrivé partout où ce gouvernement existe c'est que, quand un parti arrive au pouvoir, et que, par la chute du parti qui dominait auparavant, le sens dans lequel étaient dirigées les affaires se trouve changé, le parti triomphant s'empare de toutes les places importantes, et les remplit de ses amis. Cela est naturel, et cela ne peut pas être autrement, soit qu'il y ait ou non une

:

congrégation; ou plutôt tout parti est une véritable congrégation ou une association dont les membres se poussent les uns les autres. Ainsi, lors du ministère royaliste intermédiaire, les amis des ministres qui appartenaient à la même opinion occupaient toutes les grandes places; lors du ministère doctrinaire, ces places furent données aux membres de la congrégation doctrinaire; lorsque le parti qu'on nommait ultra parvint au pouvoir, il eut à son tour les places importantes; et comme la plupart des membres de la congrégation pieuse appartenaient à ce parti, plusieurs de ceux d'entre eux qui se trouvaient dans les affaires publiques, obtinrent quelques-unes de ces places. Si le parti libéral a quelque jour son tour de faveur, la congrégation libérale se partagera les places ainsi va le monde.

LE JOURNALISTE.

Toujours est-il certain que la congrégation influe sur le gouvernement par ceux de ses membres qui occupent des places éminentes. LE PROPRIÉTAIRE.

La congrégation influe sur le gouvernement à peu près comme l'Académie française.

« ÖncekiDevam »