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été médiocrement surpris de cette brusque transition, quand on est venu tout à coup m'annoncer qu'il n'y avait plus rien à redouter en France que l'excès de la religion et de la piété. Pour croire à ce changement soudain, il me fallait des preuves je les ai demandées; je vais examiner, et je ne veux point d'autre secours, pour cet examen, que le bon sens naturel auquel je cherche à m'éleyer, parce qu'il suffit pour résoudre les questions de toute espèce, et le calme, l'impartialité, la bonne foi que je suis sûr d'apporter dans toutes les discussions auxquelles je prends part.

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CHAPITRE II.

Du pouvoir du clergé en France.

TOUTES ces peurs qui ont saisi tout à coup une nation intrépide: la peur des jésuites, peur des ultramontains, la peur de la congrégation, la peur du parti-prêtre, ces quatre grandes calamités signalées par M. de Montlosier, aboutissent en résultat à une seule peur, à la peur du pouvoir du clergé, de sa participation aux affaires de l'État, de son envahissement sur le temporel. Avant d'observer séparément les trois premiers moyens de parvenir au but, je vais examiner s'il est probable que ce but puisse être atteint, et quelle chance de succès aurait, l'entreprise (si elle existe réellement), de faire entrer le clergé dans la direction des affaires publiques.

Mais d'abord, afin de mieux apprécier ce qui cause un si grand effroi, je veux supposer l'entreprise réelle, et même le succès obtenu. Je suppose, pour un moment, le clergé parvenu à avoir quelque influence dans la politique et quelque participation aux af

faires de l'État; voyons s'il en résultera un mal capable de justifier l'excès d'épouvante dont paraissent frappées tant de personnes. Ce mal qu'on redoute a toujours existé en France jusqu'en 1791. Le clergé à toujours eu beaucoup de moyens d'influence dans le gouvernement, et de plus, une participation légale et constitutionnelle dans les affaires de l'État. Le clergé formait un des trois ordres, il était le premier de ces trois ordres dans les États-Généraux, et il avait, de droit, le tiers du pouvoir qui appartenait à ces assemblées de la nation. Le clergé s'assemblait fréquemment pour établir ses rapports avec le budget de l'État, et voter l'impôt dont il consentait à être chargé. Le clergé, par la tenue des registres de l'état civil, avait part à l'administration comme à la législation. Le clergé n'était donc pas borné au spirituel, et, sans envahissement, il avait sa part du temporel. Eh bien! cette puissance qui nous paraît si effrayante, qui est aujourd'hui l'objet de tant d'épouvante, nous a-telle été si fatale? La France s'est-elle si mal trouvée de ce gouvernement, parce que le clergé y participait? A-t-elle été treize cents ans sans gloire et sans prospérité avec ce

gouvernement? Qu'a fait de la France cet ordre de choses, et dans quel état l'a-t-il laissée? Il a fait une nation noble, brillante et glorieuse, qui a plusieurs fois fait craindre à l'Europe sa domination, et qui a toujours opposé une barrière insurmontable à toute autre domination universelle; qui peut prétendre, à juste titre, au premier rang parmi toutes les nations du monde, puisqu'elle est la seule qui soit distinguée à la fois dans tous les genres de gloire et d'avantages; qui dans la gloire militaire sur terre et sur mer, dans les lettres, dans les arts, les sciences, l'éloquence, pour la valeur et le génie, la civilisation et l'industrie, le talent d'embellir la vie par les charmes de la société et les plaisirs de l'esprit, dans tous les genres de mérite enfin, soit souvent placée au premier rang et ne descende jamais au-dessous du second. Voilà ce que cet ordre de choses avait fait de la France; et si l'on demande dans quel état il l'avait remise aux générations présentes, nous dirons qu'il l'avait laissée dans un tel état, que brisée, ruinée, bouleversée, il a suffi de ses débris pour conquérir l'Europe.

J'ai donc mis les choses au pis : j'ai sup

posé que l'entreprise de rendre quelque pouvoir au clergé était réelle; j'ai supposé qu'elle avait réussi ou qu'elle réussirait, et cependant même, dans ce cas si éloigné de nous, j'ai prouvé que nous ne serions pas pour cela perdus, avilis, anéantis, et que par conséquent les craintes générales sur ce point étaient exagérées et ridicules. Si cette réflexion a un peu rassuré les trembleurs, j'espère que leurs terreurs ne les empêcheront plus d'approcher du précipice dont on les menace, pour en considérer la profondeur, et que n'étant plus troublés par de si violens battemens de cœur, leurs regards plus nets pourront voir le mal tel qu'il est.

Je remarquerai d'abord que le clergé avait une grande part, et l'on peut dire la principale part au gouvernement de l'Etat sous les deux premières races. C'était là qu'étaient alors les lumières; c'est là que se trouva né. cessairement l'autorité. Cette autorité, si puissante sous les deux premières races, n'a fait que décroître graduellement depuis cette époque. Il ne s'agissait pas alors d'établir cette influence; elle était tout établie, et il n'était question que de la conserver. Et cependant, sous la troisième race, le clergé a vu

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