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et avec Romulus est étrusque; les choses sabines ne commencent qu'avec Tatius.

M. Niebuhr ne s'en tint pas là. Si Rome était une ville étrusque, elle devait nécessairement être une colonie d'une des douze villes de la fédération; et Cère paraît à notre historien la métropole probable de Rome. Le mot cærimoniæ, qui désigne les usages religieux des Romains, montre bien que, même à leurs yeux, c'était à cette ville qu'ils les avaient empruntés; puis, entre les deux villes, il y eut des rapports constants d'amitié et de bourgeoisie au milieu des guerres sans cesse renaissantes que Rome soutenait contre ses autres voisins.

Cette hypothèse avait l'avantage d'expliquer d'un seul coup tout ce que les institutions et les idées romaines tiennent de l'Étrurie, de placer cette influence comme point de départ à l'époque la plus reculée, et d'en faire comme le centre du développement politique et social de Rome. On ne peut donc nier qu'elle ne soit tranchée, nette et significative; on ne peut lui contester importance et clarté.

Mais elle avait aussi bien des inconvénients: d'abord, véritable hypothèse, elle était entièrement dénuée de preuves; et, pour se faire admettre, elle manquait de lettres de créance. Ainsi, quand M. Niebuhr, pour lui donner quelque consistance et du corps, veut que Cère soit la métropole de Rome, il ne s'appuie que sur des inductions assez faibles; et, sur ce point, M. Wachsmuth a tous les avantages contre lui : mais, à nos yeux, ce sont surtout les conséquences de l'hypothèse, une fois admise, qui la rendent tout à fait suspecte.

En effet, si Rome est étrusque avant tout dans ses origines et ses fondements, dans son point primitif et générateur, comment n'a-t-elle pas été toujours, comme sa métropole, une oligarchie sacerdotale? Comment s'expliquer des déviations si vives, des différences si profondes, ce développement inouï de la commune plébéienne, cette démocratie

(plebs) qui vient se placer à côté du patriciat, se met côte à côte, le force à traiter avec elle, l'inquiète, le balance, le surpasse et l'absorbe? Je sais que l'adjonction des Sabins, et quelque temps après des populations latines qui occupaient les environs de Rome, peut expliquer, jusqu'à un certain point, comment le fonds étrusque fut altéré; mais toujours, si l'on met l'élément étrusque au commencement et au faîte de la société romaine, il devrait dominer, colorer. maîtriser toute la suite et le développement de l'histoire; et il devient bien difficile de rendre un compte vraisemblable et suffisant des différences et des caractères de l'originalité romaine. Que si, au contraire, avec les traditions, et comme l'a fait récemment M. Niebuhr, on met en première ligne une origine latine et le caractère sabin, et seulement en troisième lieu l'élément étrusque, alors on explique à la fois comment Rome se sépare de l'Étrurie et comment elle lui ressemble, pourquoi les différences et pourquoi les analogies.

Je ne sais si ces réflexions se sont présentées à l'esprit du célèbre historien; mais toujours il a abandonné la première hypothèse, et lui a substitué ce que nous allons exposer.

L'antiquité tenait pour constant que Roma n'était pas un nom latin; et l'on ne peut douter que la cité de Romulus n'eût un autre nom italique, qui se lisait dans les livres sacrés, comme le nom secret du Tibre. Celui de Rome, dans sa tournure grecque, appartenait à la ville dans le temps où elle était pélasgique comme toutes les bourgades qui l'environnaient. C'était la petite Roma des Sicules ou des Tyrrhéniens sur le mont Palatin. Toutes les traditions reconnaissent unanimement le Palatium comme lieu où fut la Rome primitive; et probablement elle occupait toute la colline, dont les côtés furent autant qu'on le put rendus inaccessibles. Quand Denys d'Halicarnasse remarque que les Aborigènes habitaient de nombreux villages sur les monta

gnes, cela s'applique fort bien à la contrée qui entourait Rome naissante, quelque opinion que l'on ait sur ses habitants primitifs. Remuria dut être un village de ce genre. Nous en dirons autant pour Vatica ou Vaticum, sur l'autre rive du fleuve. La tradition qui met un village sur le Janicule n'est pas non plus à rejeter; et ces différentes bourgades furent sans doute les premières qui disparurent devant Rome. Son territoire primitif, séparé de l'Étrurie par le Tibre, était limité des autres côtés par les villages des collines voisines; il ne s'étendait que du côté de la mer.

Parmi ces collines, il y en avait une appelée d'abord Agonale, dont le Capitole peut être considéré comme la citadelle, et que couronnait une ville plus considérable que les autres; c'était Quirium, dont les citoyens s'appelaient Quirites, et étaient Sabins: voilà le second élément constitutif du peuple romain, comme le prouve la plus grande partie des rites religieux de Rome, qui viennent des Sabins et qu'on voit attribués tantôt à Tatius et tantôt à Numa. Il y eut entre Rome et Quirium guerre, puis alliance : c'étaient deux villes entièrement distinctes, ainsi que l'Emporie des Grecs et celle des Hispani, séparées en deux États et par des murailles; ainsi que la Tripolia phénicienne des Sidoniens, des Tyriens et des Arcadiens; ainsi que, dans le moyen âge, la vieille ville et la nouvelle ville de Dantzig, et les trois villes indépendantes de Koenigsberg, qui, de muraille à muraille, se faisaient une guerre violente. Toutes les traces des circonstances qui amenèrent la réunion des deux villes ne sont pas effacées; il nous est resté une tradition, selon laquelle chacune avait son roi et un sénat de cent membres, qui se réunissaient dans le Comitium, nom qui fut donné au terrain entre le mont Palatin et le Capitole.

Les deux villes, une fois réunies sur un pied d'égalité, bâtirent, sur le chemin du mont Quirinal au mont Palatium, le double Janus, qui séparait les deux territoires et avait du côté de chaque cité une porte ouverte en temps de guerre

pour que chacun pùt recevoir du secours de l'autre, fermée pendant la paix, soit pour empêcher un commerce illimité, d'où pouvaient naître des discordes, soit comme symbole d'une union qui n'étouffàt pas l'indépendance. Il est encore d'autres vestiges de cette double cité : le double trône conservé par Romulus après la mort de son frère, la tête de Janus, qui dès les premiers temps se trouvait sur les as romains.

Un peuple double, voilà ce que restèrent longtemps les Romains, même fort avant dans les temps historiques; la fiction des deux jumeaux n'a pas d'autre sens; si la réunion de Remuria et de Roma lui donna naissance, celle des Romains et des Quirites dut à coup sûr la confirmer; enfin, les rapports et l'opposition des patriciens et des plébéiens lui donnèrent plus que jamais consistance et perpétuité.

Cependant des mariages réciproques et un culte commun portèrent les Romains et les Quirites à ne faire plus qu'un seul peuple; on s'entendit pour n'avoir plus qu'un sénat, une assemblée, un roi ; et le roi devait être choisi alternativement par l'un des peuples chez l'autre. « Alors, dans toutes les a occasions solennelles, on unit le nom des deux peuples : « Populus romanus et Quirites; et plus proprement, d'a«près le vieil usage romain, de ne lier ces mots qu'en les « rapprochant : Populus romanus Quirites; ce qui plus tard «se changea en populus romanus Quiritum. Que dans la << suite Quirites et plébéiens aient signifié même chose, cela « n'ôte rien à la tradition, qui veut que les Sabins de Tatius « se soient appelés Quirites. Il est facile de concevoir que, « toute différence entre les Romains et les anciens Sabins « ayant cessé, le nom de Quirites a pu passer aux plébéiens, « qui étaient entrés dans la nation sous des rapports sem« blables. C'est par la réunion des Romains et des Quirites « que Romulus a été changé en Quirium, et que probable«ment Quirium est devenu ce nom latin secret de Rome « qu'il était défendu de prononcer. »

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Après la fédération des deux villes, nous voyons le peuple romain se partager en trois tribus et en trente curies les noms des deux premières tribus, Ramnenses, Titienses, sont rapportés par l'opinion générale aux deux rois fondateurs; Romulus était le chef des Ramnenses, Tatius des Titienses. Mais la troisième tribu, celle des Luceres, à quoi la rattacher? comment l'expliquer?

La plupart des archéologues romains faisaient dériver le mot Luceres de Lucumo, étrusque, allié de Romulus, et qui aurait péri dans la guerre contre les Sabins; quelques-uns le rapportaient à un Lucerus, roi d'Ardée; de façon que, pour plusieurs, les citoyens de cette tribu étaient des Étrusques ; pour quelques autres, des Tyrrhéniens.

Ici, M. Niebuhr propose une autre explication, qu'il tire d'une autre forme du même nom. On dit Lucertes (comme Tiburtes); et cette forme vient d'un nom de lieu, Lucer ou Lucerum. Les Lucères composaient une tribu, et occupaient le mont Cœlius, qui, dès Romulus, est nommé parmi les collines urbaines. Néanmoins c'est Tullus Hostilius qui passe pour le fondateur de cette partie de Rome, parce que, diton, il y établit les Albains. Ainsi, les gentes d'Albe furent transportées sur le mont Cœlius, comme les gentes sabines habitaient le mont Quirinal. Une partie des Romains se rattachent à Tullus, comme les deux anciennes tribus à Romulus et à Numa, et les plébéiens à Ancus. Ces quatre rois, toujours considérés comme auteurs des anciennes lois, ont véritablement fondé pièce à pièce la chose romaine. Or, il ne reste pour Tullus que les Lucères, qui sont donc les mêmes que les citoyens de la ville du Cœlius, de Lucerum. L'étymologie, qui remonte à Lucumon, allié de Romulus, nous donne le même résultat; car ce Lucumon n'est autre que le chef étrusque Colebs Vibenna, qui, suivant la tradition, s'établit avec sa troupe sur la montagne qui prit son nom.

Lucerum, ne venant que comme troisième tribu (la tribu des Luceres), fut, pendant les premiers temps, dans une con

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