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et que ces deux ouvrages sont deux chefs-d'œuvre de profondeur philosophique et d'érudition.

Deux grands esprits, fort peu inférieurs aux plus grands, Petau et Thomassin, ont recueilli, dans ces admirables ouvrages, toute la substance des Pères et des anciens Philosophes sur la Théodicée ; puis, par un art merveilleux, ils ont su mettre en œuvre et grouper ces précieux matériaux dans la lumière de leurs propres pensées. Je ne sache pas de livres où la pensée originale soit plus unie à la pensée d'autrui, où l'intuition du génie soit plus parfaitement soutenue de la puissance de la tradition, du poids de l'autorité; et quand Thomassin dit: «< Ainsi l'ont décrété les Patriciens de la pensée et les Pères de la religion; » quand ensuite il proclame ces décrets, tout lumineux de la lumière de son exposition, on voit qu'il est lui-même un de ces Patriciens et de ces Pères, votant avec les autres, et développant son vote d'une voix qui se fait écouter après les plus illustres.

Thomassin a vécu près d'un demi-siècle après Petau qui mourut en même temps que Descartes; son ouvrage est plus étendu que celui du célèbre jésuite, plus complet, peut-être plus philosophique encore, et plus original. Comme ce serait presque se répéter que de parler avec un égal détail de deux

ouvrages si semblables, nous nous occuperons surtout de Thomassin. Nous ne ferons connaître Petau que par l'analyse d'un de ses chapitres, qui suffira pour révéler la portée de cet esprit.

Il s'agit du chapitre qui traite de la Théologie démonstrative, c'est-à-dire du procédé par lequel la raison monte à Dieu.

Nous traduisons en abrégeant':

« La Théologie démonstrative s'occupe de ce qu'on nomme vulgairement les attributs; attributs que l'on divise en attributs affirmatifs et en attributs négatifs. Nous en traiterons en général dans ce chapitre, puis en détail dans les chapitres

suivants. >>

« Cette division en propriétés positives et propriétés négatives, est très-usitée chez les anciens Théologiens : elle tient, comme le remarque saint Cyrille, à ce que nous connaissons de deux manières ce qu'il convient d'affirmer de la substance divine: nous connaissons Dieu par ce qu'il est et par ce qu'il n'est pas. Plus que tout autre, saint Denys, dans sa Théologie mystique, a signalé cette double voie : « Il faut, dit-il2, poser en Dieu toutes

'Theologicorum Dogmatum lib. I, cap. v.

2

* Δέον ἐπ ̓ αὐτῇ πάσας τὰς τῶν ὄντων τιθέναι καὶ καταφάσκειν

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«< les affirmations qui sont vraies de toutes choses, <<< et elles sont vraies en lui, parce qu'il est cause de «< tout; mais ensuite il les faut nier parce qu'il est « au-dessus de tout, et il ne faut pas croire que ces négations soient contraires à ces affirmations; et <«< certes la cause première est au-dessus de ces néga<«<tions, étant au-dessus de toute négation et même « de toute affirmation. » Le même auteur remarque ailleurs que la sainte Écriture adopte tantòt l'un des deux modes et tantôt l'autre ; car tantôt elle nomme Dieu Raison, Esprit, Substance, Lumière et Vie ; tantôt elle le désigne par des termes bien différents, comme quand elle le déclare invisible, infini et incompréhensible, et autres termes qui disent, non ce qu'il est, mais au contraire ce qu'il n'est pas. >> « C'est ce que résume élégamment saint Grégoire

θέσεις, ὡς πάντων αἰτίᾳ, καὶ πάσας αὐτὰς κυριώτερον ἀποφάσκειν, ὡς ὑπὲρ πάντα ὑπερούσῃ· καὶ μὴ οἴεσθαι τὰς ἀποφάσεις ἀντικειμέν νας εἶναι ταῖς καταφάσεσιν, ἀλλὰ πολὺ πρότερον αὐτὴν ὑπὲρ τὰς στερήσεις εἶναι, τὴν ὑπὲρ πᾶσαν καὶ ἀφαίρεσιν καὶ θέσιν. Dionys.

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- Oportet in ipsa omnes omnium rerum affirmationes asseverare ac ponere, tanquam omnium causa, et easdem magis proprie negare, tanquam quæ supra omnia sit; nec existimandum est contrarias esse negationes affirmationibus; quin potius multo prius esse ipsam primam causam supra privationes, cum sit supra omnem et positionem et ablationem. (Traduction de Petau.)

de Nazianze, dans ces vers : « Fin de tout, tu es «< un, tu es tout ce qui est, n'étant ni un, ni tout'.

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« La Théologie donc cherche Dieu par ce procédé double d'affirmation et de négation; mais la négation, selon saint Denys et d'autres Pères, est plus puissante ici que l'affirmation même ; ce qu'il explique ainsi dans sa hiérarchie céleste : C'est, dit-il, parce qu'en niant son identité aux choses que nous voyons, nous disons vrai, et atteignons, seulement ainsi, indirectement, sa substance élevée au-dessus de toute substance, et son infinité incompréhensible à l'esprit, comme au discours. »

« Ces négations en effet, comme le dit ailleurs saint Denys, ne signifient nullement qu'il y ait en Dieu la privation de ce qu'elles nient, mais au contraire excès et plénitude2. Dire de Dieu qu'il n'est pas substance, signifie qu'il est la substance infinie; dire qu'il n'est pas la vie, veut dire qu'il est la vie suprême; dire qu'il n'est pas la pensée,

1 Καὶ πάντων τέλος ἐσσὶ, καὶ εἶς, καὶ πάντα, καὶ οὐδείς Οὐχ ἓν ἐὼν, οὐ πάντα.

Tu finis cunctorum, unus, simul omnia, nullus,
Non unus, non cuncta.

2 Qui et alio in loco verba illa negantia, non privationem ejus quod negant significare, ait, sed abundantiam et excessum.

veut dire qu'il est la souveraine sagesse1. C'est ce qu'appuie saint Maxime, lorsqu'il remarque que les négations sont, en Dieu, les plus efficaces des affirmations. >>

« Néanmoins, si les énoncés négatifs l'emportent en rigueur sur les affirmatifs, ces derniers cependant doivent être maintenus; il faut unir les deux et les tempérer l'un par l'autre. Ces négations et ces affirmations ne se contredisent point, mais, au contraire, elles se soutiennent et se complètent 2. Et, comme le dit Théodore Abucara, les propriétés positives doivent être attribuées à Dieu, aussi bien que les négatives; de manière à transporter en Dieu toutes les perfections de nos ámes, en en retranchant, par la négation, tout ce qui vient de l'accident et du défaut3. »

1 Ἐν αὐτῷ μόνῳ καὶ τὸ ἀνούσιον, οὐσίας ὑπερβολή, καὶ τὸ ἄζωον ὑπερέχουσα ζωή, καὶ τὸ ἄνουν ὑπερέχουσα σοφία. Dion., cap. 4, de

Div. nom.

2 Etsi negantes illæ de Deo enuntiationes aientibus anteponantur, non tamen omittendæ sunt hæ, sed ambæ inter se temperandæ conjungendæque sunt. Nam neque pugnant invicem, et mutuo se fulciunt atque adjuvant.

3 Theodorus Abucara aientes quoque proprietates non minus quam negantes Deo tribuendas asserit : « ita ut quæ in nobis sunt præstantissima, sine admistione ulla passionum et acciden« tium, in illum transferamus. » Τὸ θεῖον κεκτῆσθαι τὰ παρ' ἡμῖν

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