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merveilleuses découvertes de la physique et de la chimie au XIXe siècle, l'industrie du cultivateur (1).

En poursuivant depuis quelques semaines, avec le concours de plusieurs agronomes, horticulteurs et propriétaires de vignobles, ainsi que du laboratoire municipal de Nice, mes recherches sur la composition et la genèse des terres arables et particulièrement sur l'influence des divers terroirs du littoral dans la production des bouquets des vins, je crois ètre arrivé déjà à des résultats intéressant particulièrement les stations agricoles et viticoles.

Par exemple, il existe autour de Nice dans les alluvions torrentielles du Var qui s'élèvent parfois à plus de 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, des clos de vignobles réputés, tels que ceux de la Gaude et du Bellet. Ces cultures soignées ne relèvent cependant jusqu'ici que de l'empirisme, leurs propriétaires étant restés étrangers à la physiologie et à la chimie agricoles.

J'ai constaté que les mêmes vignes qui végètent à quelques mètres de distance dans des couches diverses de sable, de marne, de limon ou de calcaire mélangés de cailloux roulés ou de poudingue provenant des roches primitives des hautes Alpes, donnent des produits très différents. Ce fait est particulièrement

(1) Grâce à leur bon sens et à leur grand esprit d'observation, les agriculteurs connaissent assez bien, d'une façon générale, les conditions climateriques de la région qu'ils cultivent. Mais ces renseignements leur viennent généralement de la tradition, quelquefois même d'un empirisme qui n'est guidé par aucune notion scientifique.

Pour aider au progrès il conviendrait donc de déterminer dans un même lieu les relations qui existent entre les phénomènes de la végétation et les conditions atmosphériques ; de connaitre, dans deux régions différentes, les modifications qui résultent, pour ces phénomènes, de conditions climatėriques différentes; de rechercher les effets nuisibles que les phénomènes atmosphériques accidentels, grêle, gelée, brouillard, etc., déterminent dans chaque région et les moyens de les atténuer ou de les combattre; de créer dans les différentes régions des services de renseignements et d'avertissements qui, communiqués à des spécialistes agricoles, permettraient de fixer ceux-ci sur l'urgence et l'opportunité de certaines opérations agricoles, de certains travaux ou de traitements préventifs. Les tentatives faites dans ces différentes voies sont restées jusqu'à ce jour trop localisées pour être efficaces, ou ont été effectuées avec des moyens insuffisants, sans base scientifique; elles ont de plus manqué de la publicité nécessaire à leur diffusion. Les expériences exécutées dans certains pays ont mis en évidence les progrès qu'on était en droit d'attendre de recherches entreprises sur une grande étendue, d'après un plan uniforme, lorsqu'elles étaient conçues d'après des règles scientifiques. (Extrait du rapport de M. Louis Dop).

remarquable dans le clos de Bellet appartenant à M. Mari, ancien horticulteur, qui obtient de ses vignes des vins rappelant le bouquet du bourgogne et du sauterne. J'ai prélevé, devant lui avec un géologue de Paris, M. Caux, des échantillons de ces divers sols à la même exposition et à la même altitude. Il résulte jusqu'ici de mes analyses que les sols contenant des débris de roches micacées et feldspathiques, qui titrent parfois jusque 3 ou 4% de potasse à l'état de silicate, donnent les meilleurs produits, toutes choses égales d'ailleurs; tandis que les zones argileuses provenant de la décomposition des schistes et des calcaires (1) de la montagne, produisent des raisins moins sucrés et moins parfumés. Les sables micacés ayant reçu les mêmes engrais donnent un produit supérieur, surtout lorsqu'ils sont mélangés au calcaire magnésien provenant des roches dolomitiques du terrain triassique ou jurassique.

Non seulement il semble que la chaux, la magnésie et la potasse, mais le fer et le manganèse, dont on retrouve toujours des traces dans ces terrains, jouent un rôle important dans la production de ces raisins au point de vue de la formation du sucre et du bouquet du vin.

Il est à remarquer que tous les grands crus des vins de France, comme les bourgognes, les champagnes et les vins de Bordeaux sont les produits de terrains calcaires plus ou moins sablonneux ou marneux de l'époque secondaire, particulièrement des étages jurassiques et crétacés, tandis que les vins du Rhin et de ses affluents sont produits surtout dans des schistes et des grès de l'époque primaire plus ou moins ferrugineux et dans des terrains basaltiques ou trachytiques d'origine volcanique.

Quand le calcaire est mélangé aux silicates de potasse et de magnésie, comme c'est le cas dans les alluvions torrentielles du Var, on ne doit guère s'inquiéter de restituer au sol d'autres éléments minéraux que les phosphates.

Et même, il existe des zones où l'acide phosphorique résultant de la décomposition des organismes marins qui ont formé certaines roches calcaires du Trias, du Lias, du Jurassique ou du Crétacé, existe en quantité suffisante pour alimenter les vignes et les oliviers, comme les pommes de terre, les tomates, les chênes et les pins. Dans ces conditions, pour peu qu'il existe å

(1) Calcaires impurs donnant, par décomposition, des argiles jaunes ou rouges mélangées de sable et de carbonate calcique. (Voir les analyses faites à ma demande à l'Institut de Gembloux et au laboratoire de Gand.)

la surface une légère couche d'humus ou de fumier, le phosphate tribasique se transforme sous l'action de l'acide carbonique et donne, par double décomposition, des phosphates de fer et d'alumine, identiques à ceux des meilleures terres arables. C'est en me basant sur ces données chimiques, géologiques et minéralogiques que j'ai orienté jusqu'ici mes recherches pour arriver à déterminer, aussi rigoureusement que possible, l'influence respective des divers sols ou terroirs sur la qualité des vins.

Nos lecteurs n'ignorent pas que les opinions sont encore divisées sur ce point capital, bien des producteurs attachant une plus grande importance à l'exposition et à l'influence des espèces ou variétés de vignes cultivées pour la production du vin, qu'à la nature et à l'origine du sol. En tous cas, la greffe des vignes françaises sur des pieds de vignes américaines pour triompher du phylloxera ne semble pas avoir altéré sensiblement la qualité des divers vins de France.

D'autre part, on a vainement essayé, en Amérique, notamment en Californie, sous des climats analogues à ceux de la côté d'Or, d'obtenir des vins de Bourgogne avec des vignes provenant des meilleurs clos.

Les vignes récemment mises en expérience au Bellet proviennent du château Yquem et donnent des produits très différents suivant la nature des sols, à la même exposition, avec les mêmes engrais. Dès que l'engrais est trop riche, la qualité du raisin s'altère au profit de la quantité. La présence du fer, sous forme d'oxyde rouge, qui s'observe surtout dans le département du Var et les vignobles des vallées du nord de la chaîne des Maures situés dans le terrain permien (schiste et grès rouge et vert) donne un vin plus acre dont la saveur styptique est caractéristique. On ne semble guère avoir réussi à préciser, jusqu'à présent, le rôle que jouent les différents éléments dans leurs combinaisons diverses, tant au point de vue de la saveur que du rendement des récoltes. La preuve que le fer joue un grand rôle dans la végétation de la vigne, c'est l'influence si bienfaisante qu'il exerce, dans le Midi, sous forme de sulfate, pour combattre la chlorose végétale et détruire les germes des parasites. Le rôle du manganèse semble également bien établi aujourd'hui, surtout au point de vue de la production des ferments de la sève. Aussi dans les dernières expositions agricoles du Midi, comme celle d'Antibes (avril), vit-on figurer plusieurs engrais nouveaux à base de manganèse et de magnésie qui joue

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aussi un rôle très important dans l'élaboration de la sève (voir notre dernier article, juillet 1911). En 1906, au Congrès international de chimie appliquée de Rome, nous avons particulièrement insisté sur le rôle de ces deux engrais, ainsi que d'autres sels métalliques qui n'entrent guère jusqu'ici dans la composition des engrais, comme les sels d'uranium. Depuis lors, M. le professeur Stocklasa, directeur de la station agronomique de Prague, qui assistait au Congrès, a signalé les résultats surprenants qu'il a obtenus dans les champs d'expériences par l'emploi de ces sels ainsi que des sels de plomb, notamment dans la culture de l'orge.

En repassant par le plateau central de France et le massif du Morvan, si caractéristique par son granite porphyroïde blanchâtre et si riche en feldspath potassique, nous avons constaté les magnifiques résultats obtenus dans ces terres arides par l'introduction des phosphates de scories du Creusot.

Les Italiens obtiennent d'ailleurs, depuis plusieurs années, des résultats analogues, surtout dans la Vénétie et dans la Lombardie sur les versants des Apennins, en opérant les mêmes mélanges. Parfois la nature se charge elle-même de l'opération, comme on peut le voir à l'embouchure de l'Argens près de Saint-Raphaël où les apports de la rivière chargée d'alluvions de l'amont se mélangent intimement avec les produits de la désagrégation des roches cristallines de la chaîne des Maures et de l'Estérel.

Il y a là, de l'avis de tous les agronomes et professeurs que j'ai consultés en Italie, comme en France, une série de recherches à poursuivre qui amèneront nécessairement avant peu des découvertes fécondes pour toutes nos cultures, sous les divers climats; aussi, est-il éminemment désirable de voir nos Stations agronomiques s'intéresser tout particulièrement à ces recherches et multiplier les analyses de terre prélevées avec soin pour atteindre le but proposé. C'est pourquoi nous n'avons cessé de préconiser et d'encourager au Ministère de l'agriculture ces études spéciales, en proposant notamment à M. le Ministre la création. d'une Commission permanente pour l'étude des sols et des climats de Belgique.

Dans la première quinzaine d'avril s'est tenu à Nice le Congrès des Syndicats agricoles du sud-est de la France, qui ont contribué pour une large part aux progrès de l'agriculture de cette région et à la répression de la fraude dans la fabrication des

vins.

Nous avons adressé à ce sujet en 1906 aux ministres de l'Agri

culture et des Finances de Belgique, un rapport très documenté, rédigé à notre demande par feu M. Bousquet, chimiste expert du tribunal de Nice, ancien directeur du laboratoire municipal.

M. Bousquet préconisait l'abaissement des tarifs douaniers en vue d'introduire en Belgique les vins français à bon marché, conformément aux vœux émis par M. le ministre comte de Smet de Naeyer. A cet effet le rapporteur proposait d'appliquer des procédés sommaires d'analyse avec le concours des syndicats fédérés des deux pays. Cette idée a été reprise cette année par M. Bernard d'Attanoux, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats de Nice, membre de la Société des agriculteurs de France, au Congrès des syndicats du Midi, auquel nous avons assisté et où nous avons eu la bonne fortune d'entendre les éloquents plaidoyers de M. le Comte de Clermont-Tonnerre et de Madame la Comtesse de Kerenflech, présidente de la section féminine de l'Action sociale de Paris (1).

M. de Clermont-Tonnerre a montré d'abord que ce sont surtout les agriculteurs qui ont profité de la nouvelle législation française et en ont fait comprendre toute la portée économique aux législateurs. Madame de Kerenflech a signalé ensuite les progrès de l'enseignement professionnel agricole des jeunes filles en Bretagne et dans divers autres départements, en rendant hommage à l'initiative du Gouvernement belge qui a su donner à cet enseignement un essor si remarquable en favorisant aussi la création des Cercles de fermières, à l'instar des États-Unis d'Amérique.

Dans une lettre que nous avons transmise à M. Helleputte, ministre de l'agriculture, M. Bernard Attanoux rend à notre gouvernement le même hommage en insistant sur les avantages qui résulteraient pour les deux pays d'une entente bien suivie entre les syndicats agricoles et horticoles; il ajoute qu'à son avis, nos ouvriers agricoles intelligents trouveraient un établissement avantageux sur plusieurs points de la Riviera. Cet avis confirme absolument les vues que nous avons émises dans notre dernier article de la REVUE: La fertilisation des rochers, des garigues et des marais en Provence et en Italie (juillet 1911).

A. PROOST.

(1) M. le Comte de Clermont-Tonnerre a donné depuis à Bruxelles, au mois de mai, à la Société d'Émulation, une remarquable conférence sur le même sujet dont la presse a rendu compte (PATRIOTE).

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