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II

LES ÉCRITS CHINOIS DE VERBIEST

Cet article n'a aucune prétention à l'originalité. Dans l'épilogue de ma notice sur Ferdinand Verbiest, Directeur de l'Observatoire de Péking (1), je disais : « Il est impossible d'écrire déjà une vraie vie de Verbiest, il faudrait être un spécialiste dans des branches par trop diverses. Verbiest a beaucoup publié, mais presque toujours en chinois. La Bibliothèque Nationale de Paris possède ses principaux ouvrages. Jamais sinologue n'en a donné la traduction ni même l'analyse. C'est là le desideratum le plus urgent, mais non pas le seul ».

Cette analyse des ouvrages chinois du missionnaire belge vient de tenter un sinologue de talent, le P. Louis Van Hée, belge et flamand comme Verbiest, comme lui aussi, pendant de longues années, missionnaire de la Compagnie de Jésus en Chine (2). C'est un compte rendu un peu détaillé du travail du P. Van Hée qui fera, à proprement parler, l'objet de cet article ; j'y ajouterai quelques réflexions, car les érudites recherches du P. Van Hée me permettent de préciser plusieurs points restés obscurs ou douteux dans ma notice (3).

(1) Revue des QUESTIONS SCIENTIFIQUES, t. 71, Bruxelles 1912; pp. 195– 273 et 375-464.

(2) Ferdinand Verbiest. Écrits chinois par Louis Van Hée, S. J. Extrait des MÉLANGES publiés par la Société d'Émulation de Bruges. No VII. Bruges 1913.

(3) Cet article était déjà sous presse quand j'ai reçu l'Histoire des Mathématiques en Chine et au Japon, par M. Mikami (The development of Mathematics in China and Japon, by Yoso Mikami, Leipzig, Teubner, 1912). L'auteur y consacre une page élogieuse à Verbiest (p. 116), mais ne semble pas l'avoir étudié dans ses écrits chinois originaux. Il n'y a donc pas à nous y arrêter ici.

Je signalerai aussi à l'attention du lecteur un ouvrage publié, en 1897, à Shanghai, rarissime, pour ne pas dire à peu près introuvable, dans les bibliothèques européennes : Chinese Researches, by Alexandre Wylie. L'exemplaire que j'ai sous les yeux appartient à M. Henri Cordier de l'Institut. qui a bien voulu le mettre obligeamment à ma disposition. M. Wylie a quelques pages fort intéressantes sur les instruments astronomiques de l'ancien Observatoire de Péking (3 partie, pp. 1-20 et 2 pl.) et sur l'action scientifique qu'y exercèrent les jésuites, etc. (id. pp. 190-193).

A propos de cette notice, une remarque doit être faite. Dans la transcription des noms propres chinois, à de rares exceptions près, j'ai conservé l'orthographe portugaise en usage dans les documents du XVIIe siècle que j'utilisais. Mon ignorance du chinois m'imposait cette règle. Le P. Van Hée, n'ayant pas la même raison, adopte naturellement la transcription française. L'identification des noms ne présente, dans la plupart des cas, aucune difficulté.

Les ouvrages chinois de Verbiest faisant presque complètement défaut dans les dépôts belges, le P. Van Hée a puisé ses renseignements à l'abondante source du Fonds chinois de la Bibliothèque Nationale de Paris. Son mémoire est divisé en huit chapitres, que nous parcourrons successivement.

1. OUVRAGES SCIENTIFIQUES. 1. Description des Instruments el Appareils (1). C'est l'ouvrage que j'intitule, dans ma notice: La Théorie, L'Usage et La Composition des Instruments astronomiques et mécaniques. Verbiest semble avoir eu un faible pour la Description et lui attribuer une particulière importance. C'est ainsi qu'en 1678, il crut pouvoir la présenter au pape Innocent X1, comme un volume précieux, capable de stimuler le zèle de ce pontife pour la mission de Chine. Longtemps après la mort du jésuite flamand, ses confrères de Péking continuèrent à regarder la Description comme un des plus beaux titres de gloire de leur observatoire.

Quand fut écrite la Description? On lui a attribué des dates diverses. Verbiest lui-même nous fournit une raison plausible de ce désaccord. Commencé en 1668, publié partiellement dès cette date, l'ouvrage ne fut terminé qu'en 1674.

La Description comprend XVI fascicules; les XIV premiers consacrés au texte, les deux derniers contenant les planches. Le titre est double. Le petit, composé de trois caractères, signifie : Livre des instruments et appareils; ce que Verbiest traduit par : Liber organicus. Le grand, composé de sept caractères, signifie :

(1) La Bibliothèque Nationale de Paris possède l'ouvrage complet disséminé sous des cotes diverses. Le texte se trouve au N. F. C. (Nouveau Fonds Chinois) nos 2108, 3008 et 2927; les planches au N. F. C. no 4926.

Ces cotes ainsi que toutes les autres du N. F. C. sont empruntées au mémoire du P. Van Hée.

Le fascicule de planches est mal relié et les planches y sont en désordre. Le P. Van Hée indique comment elles doivent être disposées.

Les renseignements précisent ceux de la note 1 de la page 377 de ma notice.

IIIe SÉRIE. T. XXIV.

18

Description des instruments nouvellement construits à l'Observatoire imperial. La Bibliothèque Nationale possède l'ouvrage entier; l'Observatoire Royal d'Uccle en a les planches. Ce dernier recueil est précédé d'un titre autographe de Verbiest reproduit à Péking par le procédé xylographique: Astronomia Europaea sub Imperatore Tartaro Sinico Cam-Hy appellato ex umbra in lucem revocata a P. Ferdinando Verbiest Flandro Belga Brugensi e Societate Jesu Academiae Astronomicae in Regia Pekinensi praefecto Anno salutis MDCLXVIII. C'est sur l'exemplaire d'Uccle que nous avons fait photographier la vue générale de l'Observatoire de Péking et les diverses planches d'instruments données dans notre notice. Le P. Van Hée reproduit un fac-similé du titre. Il est surtout intéressant comme spécimen de l'écriture de Verbiest, j'allais dire de sa calligraphie, car les autographes de l'auteur sont loin d'être toujours d'une main aussi belle. Ils sont néanmoins fort caractéristiques et se reconnaissent au premier coup d'œil.

Le P. Van Hée rattache à la Description des instruments et appareils, le Compendium latinum proponens XII posteriores Figuras Libri Observationum, necnon priores VIII Figuras Libri Organici; mince brochure de format in-folio, dont la Bibliothèque Nationale de Paris (N. F. C. n° 4926, 4927 et 4928), la Bibliothèque Royale de Belgique (V. H. 31075) et la Bibliothèque de la Ville d'Anvers (n° 4978) possèdent des exemplaires. Comme le titre l'indique, le Compendium résume ou plutôt traduit en latin des extraits de deux ouvrages: la Description des instruments et appareils et le traité des Observations Astronomiques. Le P. Van Hée décrit ce dernier au chapitre III (no 5); nous y reviendrons. Le Compendium est un autographe de Verbiest imprimé à Péking par le procédé xylographique. Il a été réédité, moins les planches, par Couplet, au chapitre XII (pp. 40-57) de l'Astronomia Europaea sub Imperatore Tartaro Sinico Cam-Hy appellato ex umbra in lucem revocata... a R. P. Verbiest Flandro-Belga e Societate Jesu... Dilingae, typis et sumptibus Joannis Caspari Blancard., Bibliopolae Academici per Joannem Federle. Anno M.DC.LXXXVII.

On remarquera l'analogie de ce titre avec celui qui est en tête du recueil de planches de l'Observatoire d'Uccle. Ce dernier a donné lieu à plusieurs confusions bibliographiques, qu'il serait aisé d'éviter désormais en indiquant une bonne fois leur cause. L'impression xylographique chinoise a de l'analogie avec notre procédé autographique. Dans les deux cas, le texte à imprimer

s'écrit sur papier; mais, au lieu d'obtenir par détrempe sur pierre l'épreuve renversée, destinée à l'impression, le papier chinois, très transparent, se colle du côté de l'écriture sur une planchette de bois bien plane, où il laisse les plus fins traits d'encre parfaitement visibles. Un artiste découpe ensuite dans le bois, avec beaucoup d'adresse, les caractères en relief. La planche ainsi préparée se conserve pour servir au fur et à mesure des besoins. Ceci dit, Verbiest n'a pas fait, de sa planche titre, un usage toujours le même. Si on le trouve en tête de certains recueils des planches de la Description des instruments et appareils, on le rencontre aussi ailleurs, dans le Compendium, par exemple; ce qui a même fait désigner assez improprement le Compendium sous le titre d'Astronomia Europeaa, édition de Péking 1668 (1).

Aux renseignements sur le Compendium fournis par le P. Van Hée, j'en puis ajouter un nouveau, fort imprévu. L'ouvrage tut écrit en 1676, pour être offert au tsar Alexis Michailovich. Cela résulte d'une lettre de Verbiest envoyée au tsar, lors du départ de Péking de la célèbre mission diplomatique russe confiée à Nicolas Spathar Milescu (2). Cette lettre, dont une traduction russe existe encore aux Archives principales du Ministère des Affaires étrangères à Moscou, a été publiée, en 1900, par M. Jules Arséniev (3). Verbiest y nomme explicitement Spathar. « C'est aux bons soins de Spathar, écrit-il au tsar, qu'il remet sa missive. » Ceci me permet de préciser deux points importants

(1) Soit dit une fois pour toutes, la bibliographie des œuvres de Verbiest donnée dans la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, par les PP. De Backer et Sommervogel, t. VIII, Bruxelles, 1898, est des plus incorrectes. Les n° 6-8 notamment ont donné lieu à plus d'une difficulté. Ce qui précède permet de les corriger.

(2) Je connais, sur ce personnage singulier, une très intéressante étude biographique et bibliographique, écrite en français par Émile Picot, Nicolas Spathar Milescu, ambassadeur du tsar Aleris Michailovitch, MÉLANGES ORIENTAUX. Textes et traductions publiés par les professeurs de l'École des langues orientales vivantes, à l'occasion du sixième congrès international des orientalistes réuni à Leyde. Paris, Ernest Leroux, 1883.

(3) Nouvelles données sur le service en Russie de Nicolas Spathar Milescu, Moscou, 1900 (en russe). Doc. no 6, pp. 45-48.

M. Arséniev donne, pour la pièce, la cote: Livre de la cour de Chine, n° 3, 7183, 1675, février 18, ffo 453-458.

La date du 18 février 1675 est due probablement à une erreur de classement. Spathar arriva à Péking le 15/25 mai 1676 et en partit le 1/11 septembre de la mème année. La lettre de Verbiest doit donc être des premiers jours de septembre (nouveau style) 1676.

restés indécis dans ma notice. Spathar est l'ambassadeur russe mentionné par Verbiest, dans sa lettre à Innocent XI, écrite le 15 août 1678. Nicolas Spathar est aussi le même personnage que Nicolas Horace Gareus, dont le P. Georges David raconte une entrevue, dans sa lettre à Thyrse Gonzales, datée de Moscou du 30 mars 1689, publiée à la fin de ma notice (1).

2. Astronomie perpétuelle de Kang-Hi. Immenses tables numériques formant 32 fascicules. 1. Mouvement de la Lune. 2. Eclipses. 3. Saturne. 4. Jupiter. 5. Mars. 6. Vénus. 7. Mercure. 8. Mouvement du Soleil. J'ai raconté, dans ma notice, en quelles circonstances l'empereur manifesta à Verbiest le désir d'avoir des tables du mouvement des planètes pour une durée de 2000 ans et l'empressement du missionnaire à donner suite au vœu du souverain. Je n'y reviens pas. C'est le résultat du travail de Verbiest que nous avons ici.

Quelle part en revient-il au juste à Verbiest? Dans son Catalogue des livres chinois, coréens et japonais qui sont à la Bibliothèque Nationale (2), M. Maurice Courant écrit : « Calendrier astronomique pour les années Kang-Hi, par les PP. Verbiest et Grimaldi (1669-1712) publié sous la direction de Yi-tha-la ». Il y a là plusieurs affirmations qui demandent à être précisées, pour ne pas dire rectifiées. Un examen attentif de l'ouvrage fournit toutes les indications nécessaires.

« D'après les usages chinois, dit le P. Van Hée, l'auteur principal, Verbiest, avec ses titres bien alignés et sa part active dans la composition du livre bien indiquée, se trouve au milieu de deux collaborateurs, le mantchou 1-ta-la à sa droite et l'italien Grimaldi à sa gauche.

» Le P. Grimaldi n'a ni titres, ni charges: Comprenant à fond les calculs du calendrier, l'européen Min Men-gno (le P. Philippe Grimaldi) a revisé l'ouvrage.

>> Et comme l'importance des personnages est également reconnaissable à la hauteur que leur nom occupe dans le titre, on voit immédiatement... que le P. Grimaldi n'est pas auteur avec Verbiest. Celui-ci, par amabilité pour son collègue, a gracieusement fait ajouter son nom.

(1) Pour les rapports de Verbiest avec la Cour de Moscou, voir un récent ouvrage Histoire des relations de la Russie avec la Chine sous Pierre le Grand, par Gaston Cahen. Paris, Alcan, 1912. Aux endroits indiqués au mot Verbiest, dans la table des matières.

(2) Paris, Ernest Leroux, 1910, t. II, pp. 61 et 62.

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