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Le Docteur Henri Desplats

(15 Janvier 1843-31 Décembre 1912) (1)

L'Université Catholique de Lille, et particulièrement la Faculté de Médecine et de Pharmacie, viennent de faire une perte cruelle en la personne du Dr Henri Desplats, professeur de clinique médicale, ancien doyen de la Faculté de Médecine, décédé le 31 décembre 1912, après une courte maladie.

Henri Desplats était né à Castres le 15 janvier 1843; son enfance s'écoula dans le calme tranquille de sa ville natale, dans la paix sereine de ses chères montagnes, face aux clairs horizons qu'il aima toujours à évoquer. Après de solides études au Petit Séminaire de Castres, il se destina à la carrière médicale : dans la maison voisine de la sienne, il avait vu exercer, pendant de longues années, son oncle paternel; de principes rigides, presque ascétiques, d'un dévouement sans limite et d'une conscience médicale scrupuleuse, ce distingué praticien exerça certainement une influence profonde, non seulement sur la vocation de son neveu, mais incontestablement sur toute sa vie médicale.

En 1861, H. Desplats se dirigeait donc vers la Faculté de Médecine la plus voisine, celle de Toulouse, afin de commencer ses études médicales. Il aima toujours à raconter à ses intimes que sa mère le conduisit dans la « grande ville », et qu'au moment de la

(1) Extrait du JOURNAL DES SCIENCES MÉDICALES DE LILLE, 25 janvier 1913.

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séparation, ayant devant les yeux la vision maternelle très nette des dangers que tout jeune homme de 18 ans pouvait y courir, elle lui dit simplement, mais fermement : « Mon cher enfant, je te laisse seul avec tes principes et ta conscience droite. Fais ton devoir ! » Cette parole ne s'effaça jamais de son cœur ni de sa mémoire, et il aima toujours à la redire à ses proches ; dirai-je même qu'il en conserva l'empreinte ineffaçable, à tel point que, dans les circonstances décisives de la vie, où il savait prodiguer des conseils si précis et si utiles, sa parole retrouvait cette forme brève impérative, mais toujours paternelle, comme un écho lointain de l'adieu maternel d'autrefois.

Il ne passa qu'une année à Toulouse, mais déjà l'étudiant avait nettement affirmé ses tendances et avait orienté sa vie vers le double objectif qui devait être la principale direction de toute sa vie : la science et la charité; ses succès scolaires allaient de pair avec l'ardeur qu'il apportait déjà à s'initier au fonctionnement et à la propagation des Conférences de SaintVincent de Paul.

Il prit alors le chemin de Paris, entraînant avec lui son ami Sénac-Lagrange, avec lequel il s'était intimement lié à la Faculté de Toulouse; comme bien d'autres, ils arrivèrent dans la grande ville, qui paraissait alors bien lointaine, seuls, sans recommandation aucune, et, dans leur zèle de néophytes, ils s'empressèrent de se loger dans les environs immédiats de la Faculté, voulant vivre en quelque sorte dans l'atmosphère des études qui les attiraient avec tant de passion. H. Desplats n'y séjourna pas longtemps, se trouvant isolé dans un milieu qu'il ne jugeait conforme ni à ses goûts studieux ni à ses aspirations chrétiennes. C'est alors qu'à cette heure difficile, il retrouva providentiellement sur sa route son ancien Président des Conférences de Saint-Vincent de Paul, de Toulouse, qui lui

fit connaître le Cercle du Luxembourg; il y suivit assidûment les cours de philosophie de l'abbé Noiraud, dont l'influence fut considérable sur toute cette génération, et s'y lia d'une amitié solide, qui ne se démentit jamais, avec nombre de jeunes gens qui tracèrent dans la vie un sillon brillant : MM. Arthaud, Pierre de la Gorce, Thellier de Poncheville, Auffray, etc., etc. Les Conférences de Saint-Vincent de Paul et les œuvres sociales retenaient toujours son active sollicitude, et toutes ses journées du dimanche étaient consacrées à l'oeuvre des jeunes ouvriers.

Ces occupations extérieures, malgré qu'elles sollicitassent puissamment son activité et son dévouement, n'entravaient en aucune façon la marche de ses études. médicales il apportait à la science la même ardeur qu'à la charité. Aussi se présentait-il en 1866 au concours d'internat des hopitaux, et le succès couronnait brillamment cette première tentative. Ses maîtres dans les hôpitaux furent Moissenet, Chauffard, Lasègue, Potain; c'est au contact d'esprits aussi éminents qu'il acquit, par son travail opiniâtre, cette formation solide, cette << empreinte » ineffaçable qui devait faire de lui le Maître qui, plus tard, sans jamais faiblir, forma d'une façon si solide et si brillante trente-sept générations d'étudiants.

Mais son âme d'élite était toujours impatiente de charité et de dévouement nous le retrouvons en 1867 soignant les zouaves pontificaux sur le champ de bataille de Mentana, et pendant le siège de Paris, en 1871, donnant ses soins sans compter aux blessés des ambulances. Une anecdote vaut à ce sujet d'être contée le jeune interne d'alors avait demandé et obtenu un congé parfaitement régulier pour rejoindre les zouaves pontificaux, ce qui n'empêcha pas qu'à son retour, il apprit en termes aussi laconiques qu'administratifs qu'il était rayé de la liste des internes en

exercice! Ses camarades l'exhortaient vivement à faire des démarches pressantes pour régulariser sa situation à l'Assistance Publique; lui, digne, fort de son droit, s'y refusa; il avisait régulièrement l'Administration de son retour et le lendemain reprenait purement et simplement son service. Aucune reprimande ne lui fut adressée. Ne retrouvons-nous pas à chaque pas, dans la vie de notre regretté Maitre, cette attitude de dignité courageuse, forte de sa conscience et de son droit, qu'il savait si noblement affirmer?

En 1871, H. Desplats soutenait sa thèse de doctorat en médecine sur les Endocardites aigues, et le nouveau docteur s'engageait résolument dans la voie difficile des concours; candidat au Bureau central en 1874, il se présentait en 1875 au concours d'agrégation, avec une thèse très remarquée sur les Paralysies périphériques et était admissible. L'avenir s'ouvrait done brillant devant lui, non seulement dans les Hôpitaux ou la Faculté, mais encore dans la vie civile où il retrouvait auprès d'une clientèle tous les jours accrue, l'accueil le plus confiant et le plus flatteur; c'est alors que survint un événement considérable qui, tout en bouleversant sa vie, devait, en retour, l'orienter définitivement: je veux parler de la création de l'Université Catholique de Lille.

Après son concours d'agrégation, pendant l'été de l'année 1875, le docteur Henri Desplats était allé goûter quelque repos; il connaissait le projet tout récent de fondation d'une Université Catholique dans le Nord et cette noble conception l'avait immédiatement et complètement conquis; il en parlait très fréquemment dans ses longues promenades et exprimait souvent la joie qu'il aurait éprouvée à participer à cette grande œuvre. C'est dans ces conditions d'esprit qu'il reçut, à son retour, au mois d'octobre 1875, la visite de M. Feron-Vrau, qu'il n'avait jamais vu, et qui venait

lui demander son concours pour la création de la Faculté Catholique de Médecine. Le Dr H. Desplats l'accueillit simplement et vivement en lui disant : « Je vous attendais, je suis votre homme ». Tout ému de cette réponse, où il reconnaissait les desseins de la Providence, M. Feron-Vrau le pria aussitôt de vouloir bien s'associer à ses recherches et de collaborer à la création et à l'organisation de la Faculté de Médecine. Sa vie devint alors d'une activité dévorante, partagée entre les Hôpitaux, sa clientèle et les nombreux voyages dans les villes universitaires; en mars 1876, cette période préparatoire était terminée, et le nouveau Professeur, quittant définitivement Paris, venait s'installer à Lille avec sa famille déjà nombreuse. Il brisait sans regret un avenir brillant, une carrière professorale presque assurée, il abandonnait une clientèle nombreuse et très fidèle, que sa notoriété professionnelle et de brillantes relations ne pouvaient qu'augmenter chaque jour; il répondait simplement, avec toute sa foi et toute la puissance de ses convictions, à l'appel que sa conscience lui dictait ce noble geste restera l'honneur de toute sa vie.

L'ouverture de la Faculté de Médecine eut lieu le 1er octobre 1876; au milieu de difficultés de toutes sortes, le Professeur Henri Desplats inaugura alors cette admirable carrière professorale, qu'il devait, pendant trente-sept années, parcourir avec tant d'éclat, et durant laquelle la confiance de ses collègues l'appela à plusieures reprises aux hautes fonctions du décanat. Par sa notion toujours très exacte des indications ou des nécessités de chaque instant, par son rare esprit d'organisation, par son initiative toujours clairement raisonnée, par son énergique persévérance et son inépuisable dévouement, il prit une part prépondérante à l'organisation et au développement de la Faculté de Médecine et l'histoire de ces longues années de labeur

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