Sayfadaki görseller
PDF
ePub

d'une étude plus approfondie des nombreux manuscrits que recèlent les bibliothèques du Vatican, de Paris, de Venise, de Milan, de Vienne, etc. M. Th.-L. Heath vient de réaliser ce travail.

Son projet primitif se bornait à la publication de cette édition critique plus savante et plus soignée du texte grec, avec traduction anglaise et commentaires. Mais, en cours de route, M. Th.-L. Heath élargit le cadre de son travail : il y fit entrer l'Histoire de l'Astronomie grecque de ses Origines à Aristarque de Samos. Voici comment il y fut amené.

Dans son livre Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune, Aristarque ne dit rien des mesures qu'il aurait faites des diamètres apparents du Soleil et de la Lune. Mais parmi les données fondamentales que sa méthode suppose et qu'il emprunte aux astronomes observateurs, figure la valeur de ces diamètres apparents qu'il suppose égaux entre eux et à « la quinzième partie d'un signe du Zodiaque », soit 2°, donnée très éloignée de la réalité.

En outre, dans tout le cours de son traité, il parle dans l'hypothèse géocentrique : la Lune et le Soleil tournent autour de la Terre immobile au centre de leurs trajectoires circulaires; nulle part ne transparaît l'hypothèse héliocentrique.

Or les anciens vantent l'utilité de plusieurs instruments qu'Aristarque aurait imaginés et qui se prêtaient à la mesure des diamètres apparents du Soleil et de la Lune; n'en aurait-il tiré que cette grossière approximation? D'autre part, n'est-il pas le précurseur de Copernic? Comment expliquer dès lors qu'il ne fasse aucune allusion au mouvement annuel de la Terre autour du Soleil?

A ceci, on peut répondre que le problème dont il s'occupe ici, n'a rien à voir avec l'ordonnance du système solaire il suffit, comme il le suppose, que les

distances de la Terre au Soleil et à la Lune restent constantes. Mais nous possédons heureusement, sur les observations et les vues astronomiques d'Aristarque, un témoin hors pair, Archimède. Il a connu ses travaux, il a lu ses ouvrages et il nous fournit, en termes formels et très précis, la preuve irrécusable que le Samien a bien mesuré les diamètres du Soleil et de la Lune, que le résultat obtenu est très voisin de la réalité, et qu'il a très clairement exposé, sinon inventé, l'hypothèse héliocentrique.

Rappelons ce témoignage.

C'est en passant qu'Archimède est amené à parler d'Aristarque, de ses découvertes et de son système astronomique, et cela dans un livre dont le but est étranger à la science du ciel, l'Arénaire. Ce traité est en effet consacré à un problème de numération. L'auteur prétend montrer que dans la suite des nombres qu'il a appris à écrire et à dénommer dans un opuscule antérieur aujourd'hui perdu il en est de beaucoup supérieurs à celui des grains de sable que contiendrait un volume égal à la sphère du Cosmos. Pour donner le plus d'ampleur possible à sa démonstration, c'est aux vues astronomiques qui accordent à l'Univers les plus vastes dimensions qu'il emprunte la base de ses calculs.

[ocr errors]

« Tu sais, dit-il, il parle au roi Gėlon auquel il adresse son livre que la plupart des astronomes appellent monde (κóσμos) la sphère qui a pour centre la Terre et pour rayon la distance de la Terre au Soleil... Mais Aristarque de Samos a donné des descriptions de certaines hypotheses (ὑποθεσίων τινῶν ἐξέδωκεν γραφάς) d'où il suit que l'Univers serait maintes fois plus grand que cela. Il suppose, en effet, que les étoiles fixes et le Soleil (τὰ μὲν ἀπλανέα τῶν ἄστρων καὶ τὸν ἅλιον) sont immobiles, tandis que la Terre est emportée autour du Soleil, le long d'une circonférence dont le Soleil

occupe le centre; d'autre part, il admet que la sphère des fixes, centrée aussi sur le Soleil, est si grande que le rayon de l'orbite de la Terre est à la distance des étoiles comme le centre d'une sphère — un point — est à son rayon. >>

Ceci n'est évidemment qu'une façon de parler, dont Archimède critique à bon droit l'exactitude mathématique, et qu'il interprête en vue du but spécial qu'il poursuit le rayon de l'orbite terrestre est à celui de la sphère des fixes, comme le rayon de la Terre est à celui de la sphère appelée vulgairement кóoμos, par la plupart des astronomes, ou à la distance du Soleil à la Terre. Ce n'est point là la pensée d'Aristarque; on la trahirait sans doute en supposant qu'il considérait la sphère céleste comme théoriquement infinie; il affirme seulement qu'on peut la regarder pratiquement comme telle, vis-à-vis des dimensions de l'orbite terrestre ou, en d'autres termes, que les étoiles n'ont pas de parallaxe annuelle accessible à l'observation, devenue depuis lors plus habile. Des mesures de hauteurs méridiennes lui avaient peut-être permis de vérifier cette assertion.

Il n'importe d'ailleurs à notre sujet; ce témoignage est très clair dans son ensemble et très précis : l'hypothèse copernicienne y est attribuée à Aristarque par un de ses plus illustres contemporains qui a sous les yeux les ouvrages dont il parle, et ne fait aucune allusion à une invention semblable plus ancienne.

Quelques pages plus loin, devant introduire, dans ses calculs, les dimensions du Soleil, Archimède admet que son diamètre linéaire est plus grand que le côté du polygone régulier de mille côtés, inscrit dans la circonférence que décrit le Soleil, dans l'hypothèse géocentrique. « Je fais cette supposition, dit-il, en me basant sur la découverte d'Aristarque ('Apioτápxou μèv εúρηKóτоs) que le diamètre apparent du Soleil mesure environ la 720 partie d'un signe du Zodiaque », soit

1

30'. Nous voilà loin des 2o dont parle Aristarque dans son traité, et nous touchons de bien près à la réalité. Cette découverte du Samien tranchait-elle avec les résultats des mesures antérieures et les données généralement reçues des astronomes contemporains? - On le croirait en voyant qu'Archimède a jugé nécessaire d'en contrôler l'exactitude par des recherches personnelles. Moi-même, dit-il, je me suis attaché à cette mesure. Elle est malaisée : l'œil, la main, les instruments qu'on y emploie concourent à la fausser ». Il décrit le procédé qu'il imagina et qu'il mit en œuvre pour fixer, par l'interposition d'un obstacle approprié couvrant exactement le disque du Soleil à son lever, une limite supérieure et une limite inférieure de la valeur de cet angle, et il conclut ainsi : « Le diamètre angulaire du Soleil

1

1

est plus petit que et plus grand que de l'angle

164

200

droit » ; il est donc compris entre 32′55′′ 37′′ et 27', ce qui confirme la découverte d'Aristarque (1).

Comment se fait-il donc qu'Aristarque, dans son livre Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune, n'ait pas usé de cette valeur du diamètre solaire, si voisine de la réalité, qu'il devait à ses propres recherches, et qu'il lui ait substitué un nombre quatre fois trop grand?

Il y a à cela plusieurs réponses plausibles, la plus simple, celle qui s'offre d'elle-même au premier regard, c'est que le Traité dont il s'agit ici est antérieur aux recherches personnelles de l'auteur sur le diamètre apparent du Soleil; comme il peut l'être aussi à l'invention de l'hypothèse héliocentrique. Rien, il est vrai, ne vient d'ailleurs appuyer cette conjecture, mais rien non plus ne s'y oppose a priori, mais elle laisse ouverte

(1) La Connaissance des temps emploie aujourd'hui, pour le calcul des Éphémérides méridiennes, la valeur 32' 2",36 pour le diamètre équatorial du Soleil, à sa distance moyenne de la Terre.

la question principale, la seule qui nous intéresse : Aristarque fut-il le premier à mesurer le diamètre apparent du Soleil avec cette exactitude relative? Et fut-il l'inventeur du système heliocentrique, le Copernic de l'antiquité? C'est à l'histoire de l'astronomie. qu'il faut demander de nous renseigner ; et voilà comment M.Th. L. Heath fut amené à l'interroger et à nous faire connaître sa réponse. Son plan primitif s'en est trouvé singulièrement élargi, mais sans perdre son unité le nom et l'œuvre d'Aristarque de Samos le dominent tout entier.

Le livre de M. Th.-L. Heath, contient donc deux parties. La première, la plus longue (pp. 1-297) et, pour le grand public la plus intéressante, est l'histoire de l'astronomie grecque depuis les poèmes d'Homère et d'Hésiode, jusqu'aux travaux d'Aristarque de Samos. La seconde partie (pp. 298-414) est consacrée toute entière au Samien et à son Traité Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune.

La disposition de la première partie et l'allure de son développement rappellent l'ouvrage de P. Tannery Pour l'histoire de la science hellene. Après quelques pages consacrées aux sources de l'histoire de l'astronomie grecque, viennent, dans l'ordre des temps, le seul qui puisse faire apprécier la succession et l'enchaînement des découvertes, les monographies des penseurs dont on rappelle les idées ou les découvertes. Voici un aperçu de la table des matières de cette première partie :

1. Sources of the History (1-6). 11. Homer and Hesiod (7-11). - III. Thales (12-23). — IV. AnaxiV. Anaximenes (40-45). VI. Py

mander (24-39).

thagoras (46-51).

VII. Xenophanes (52-58). VIII. Heraclitus (59-61). - IX. Parmenides (62-77). --X. Anaxagoras (78-85). — XI. Empedocles (86-93). -XII. The Pythyagoreans (94-120). -- XIII. The

[ocr errors]
« ÖncekiDevam »