ces Compagnies ne me le pardonneraient pas, si j'omettais de les associer à l'hommage que nous vous rendons.

Vous êtes docteur honoris causa de l'Université de Toronto et de l'Université de Paris. Vous faites partie de l'Académie des Sciences de l'Institut de France, de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei, de la Royale Académie Nationale des Lincei, de la Royale Académie des Sciences exactes, physiques et naturelles de Madrid, de l'Académie des Sciences physiques et mathématiques de la Société Royale des Sciences de Naples, de l'Académie Américaine des Arts et Sciences de Boston, de l'Institut de Coïmbre.

Vous appartenez, à titre honorifique, à la Société hollandaise des Sciences de Haarlem, à la Société des Sciences d'Utrecht, à la Société d'Agriculture et Arts du Bas-Rhin, à la Société mathématique espagnole, à la Société mathématique de France, au Cercle mathématique de Palerme,

A toutes ces distinctions s'en ajoute une, hors de pair. La guerre finie, les nations alliées et neutres créèrent des Unions destinées à rétablir les relations scientifiques internationales dans la mesure où cela était alors possible.

Une Union mathématique internationale fut ainsi fondée. Vous en avez été le premier Président, vous en êtes maintenant le Président d'Honneur.

Après m'être efforcé de remplir l'agréable tàche, en quelque sorte internationale, dont le Comité d'organisation m'avait fait l'honneur de me charger, permettez que je me souvienne d'être Français et me réjouisse des relations que vous avez toujours eues avec nos hommes de science depuis l'époque où, terminant vos études, vous étiez venu à Paris, travailler sous Hermite, Darboux, Jordan, Poincaré, Picard et d'autres. Depuis, vos relations sont devenues à la fois plus étendues et plus intimes. Quand vous traversez les couloirs de la Sorbonne, vous y

rencontrez quantité de visages connus et amis ; vous vous y sentez chez vous, comme aussi dans nos petites salles du Collège de France ou dans notre grande salle des séances de l'Académie des Sciences. Que, chez nous, vous vous sentiez chez vous, cela nous est agréable à penser; de tous côtés on a tenu à vous le dire.

C'est d'abord l'Académie des Sciences de l'Institut de France qui vous envoie, avec ses compliments et ses vœux, ses remerciements les plus chauds. Au moment où la radiation des signataires d'un trop célèbre manifeste vint créer une vacance parmi les correspondants de sa section de géométrie, vos beaux travaux vous désignaient à ses suffrages.

Pour elle, quelle heureuse fortune! le savant le plus digne était aussi l'homme le plus sympathique; et vos grands talents lui permettaient d'honorer, en votre personne, une nation à qui allaient son admiration et sa reconnaissance. Ce lui fut une grande joie dont, aujourd'hui, l'Académie vient vous remercier.

C'est ensuite le Collège de France. Lorsqu'il vous ouvrit ses portes en 1915, c'était pour lui un profit --- car votre notoriété était déjà universelle un honneur et un devoir car vous êtes Belge, Belge de Louvain et de cette Université de Louvain à laquelle le Collège, qui se souvient de ses origines, se sent tout particulièrement lié. Pourtant, vous l'avez récompensé magnifiquement de son geste en travaillant à son renom scientifique par la réunion de vos leçons en un livre fondamental. Les professeurs du Collège de France sont heureux de vous en exprimer leur profonde gratitude.

Et puis, ce sont les Universités de France; les Universités de Langue française, pourrais-je dire; toutes sont fières de vous. Entre elles, il y a émulation de fierté et celles qui se peuvent réclamer plus particulièrement de vous ont tenu à le rappeler en se faisant plus spécialement représenter ici l'Université de Paris, dont vous êtes

à la fois le brillant élève, l'éminent professeur et le savant docteur; les Universités de Genève et de Strasbourg, où vous avez professé ; l'Université de Lille, votre voisine.

C'est enfin la Société mathématique de France. Comment pourrait-elle être absente aujourd'hui alors qu'elle se félicite de voir certains de vos travaux consacrés à des questions qui ont aussi préoccupé des Français et qu'elle se prévaut volontiers de ces relations pour annexer votre renommée au profit de l'École Française ?

On a déjà rappelé ces relations tout à l'heure; permettezmoi de citer à nouveau les noms des membres de notre Société qui ont fourni parfois son aliment à votre pensée toujours active Darboux, Jordan, Hadamard, Baire, Borel et moi-même. Pour moi, ce fut un honneur et une joie.

D'ailleurs, la Société mathématique de France ne vous doit-elle pas, elle aussi, des remerciements?

Aucun de ses membres n'a oublié le discours si cordial que vous avez prononcé lors des fêtes de son cinquantenaire. Si, comme le prétendent de méchantes langues, on n'est jamais mieux loué que par soi-même, ah! vous avez bien prouvé, alors, que vous étiez des nôtres ! Sur nos têtes vous avez fait ruisseler les louanges; toutes n'étaient peut-être pas entièrement méritées, mais elles étaient toutes si cordialement dites que chacun de nous aurait pu se répéter le proverbe espagnol : « Tu me flattes, mais tu me fais plaisir ».

Peu de temps après avoir prononcé ce discours dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, vous reveniez dans le même amphithéâtre pour vous y entendre décerner le grade de Docteur honoris causa de l'Université de Paris. Madame de la Vallée Poussin assistait à la cérémonie et, fière de vous, joignait ses applaudissements aux nôtres en même temps que de loin, d'ici, de votre maison où, grâce à la téléphonie sans fil, ils avaient écouté votre

éloge, vos enfants, heureux, vous envoyaient aussi leurs bravos.

Aujourd'hui toute votre famille est présente. Ou plutôt il n'y a, réunie ici, que votre famille. Tous nous nous sentons quelque peu de votre parenté intellectuelle, assez, du moins, pour vous admirer et ressentir à vous le dire la joie qu'on éprouve à féliciter ceux qui vous sont chers.