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disparaisse dans les fissures et diaclases du calcaire. Entre la Meuse et l'Ourthe, des agglomérations jalonnent d'Ouest en Est les longues collines famenniennes. Citons au hasard Somme-la-Longue, Ohey, Matagne, Jallet, Filée qui se suivent à faible distance sur un même banc gréseux.

Les dunes offrent un autre exemple de l'attraction exercée par le facteur hydrologique. Ces collines sableuses, si peu propices aux cultures, renferment une nappe d'eau douce, légèrement bombée à sa partie centrale, alimentée par les eaux de pluie qui filtrent à travers les sables et qui, dans les dépressions, est très proche de la surface. En toute saison l'habitant des pannes est assuré de trouver de l'eau, en creusant des puits de 1,50 à 2 mètres de profondeur tout au plus. Cette ressource précieuse a, sans aucune doute, contribué au peuplement des sables littoraux.

L'examen de la carte topographique révèle encore ce fait curieux que les centres de dispersion des eaux, ou les lignes de partage entre deux bassins hydrographiques, même de minime importance, sont peu ou pas habités. Ce sont, entre autres, le plateau de la Campine (avant les exploitations minières), le plateau de Saint-Hubert, entre l'Ourthe occidentale et l'Homme, les crêtes de partage entre la Sûre et la Semois, entre la Dyle et la Gette, entre la Senne, la Dendre et la Marcq, etc. La pénurie de l'eau, à ces endroits, explique certainement leur faible densité de population.

A notre avis, cependant, il ne faut pas exagérer l'influence de l'eau, en tant qu'eau potable, sur le choix d'un site.

Si la proximité de l'eau est une condition de vie dans les régions arides et désertiques, cette règle devient beaucoup moins rigide dans nos régions tempérées et particulièrement dans notre pays, où des pluies régulières et abondantes approvisionnent amplement notre popu

lation rurale. On ne doit se faire, en effet, aucune illusion sur les exigences de nos paysans en fait d'eau potable; la facilité avec laquelle ils peuvent se procurer de l'eau prime le souci de la pureté de celle-ci. Nombreux sont ceux qui, pour les besoins alimentaires, usent de l'eau de pluie recueillie dans des citernes. Les habitants des Polders, notamment, n'ont que cette eau à leur disposition; l'eau provenant de la nappe phréatique est impropre à la consommation, par suite des débris organiques dont elle se charge au contact des couches de tourbe enfouies à une faible profondeur dans le sol.

Le rôle que joue l'eau sur les établissements humains doit être considéré plutôt à un point de vue agronomique en tant que, par l'humidité du sol, elle favorise ou contrecarre l'exploitation agricole. C'est le cas notamment du plateau Campinois. Centre de dispersion des eaux, au sous-sol graveleux, il constitue la région la plus aride du pays qui, pour ce motif, est restée le plus longtemps inhabitée.

B) Sites de défense

A côté des sites normaux, soumis aux conditions du milieu naturel, on observe des groupes d'habitations placés dans des situations tout à fait extraordinaires. On reste parfois stupéfait à la vue de villages perchés, à la façon de nids d'aigle, sur des pitons rocheux ou accrochés à des parois de rochers, à première vue inaccessibles. La satisfaction de réaliser des plans audacieux ou de créer des sites pittoresques n'a pas été assurément le mobile de ces installations! La cause qui a incité les hommes à se contenter de sites si peu favorables réside dans un besoin de défense et d'abri contre les ennemis et les pillards. Aux époques de trouble et d'insécurité les hommes délaissent les habitats normaux pour se réfugier sur des points facilement défendables, mais, dès que la

sécurité est revenue, ces gîtes de fortune sont aussitôt abandonnés.

A vrai dire, les bons sites de défense ne foisonnent pas en Belgique ; le relief y est trop peu marqué. Quelques crêtes rocheuses, s'avançant en éperon sur les rives convexes de méandres encaissés, pouvaient à la rigueur servir de refuge. Tels nous apparaissent Bouillon dans une boucle de la Semois, Orchimont, dont les maisons s'étendent sur une crête rocheuse au confluent des ruisseaux d'Orchimont et de Bellefontaine. L'origine de ces établissements est presque toujours liée à l'existence. d'un château. Dans le bas pays, les fonds marécageux ont souvent été choisis comme sites de refuge. Des îlots découpés par de multiples bras de la Dyle, dans sa plaine alluviale, furent le berceau de la ville de Louvain; les premières fondations de Bruxelles s'élevèrent sur des ilots de la vallée de la Senne. Les endroits naturels de défense étant peu nombreux dans le pays, il a fallu y suppléer par des moyens artificiels remparts et fossés.

C) Site économique

Il est un troisième groupe de sites d'habitat dont la fixation peut être totalement indépendante du milieu naturel et parfois même en flagrante contradiction avec lui; ce sont les sites économiques.

Leur éclosion, relativement récente, est en rapport. avec les mouvements commerciaux et industriels dont ils enregistrent d'ailleurs toutes les fluctuations.

Aussi longtemps que les hommes vivaient des seuls produits de la terre, les établissements humains sont restés étroitement liés au milieu géographique.

Du jour où l'activité industrielle s'est imposée à l'économie sociale et où la fièvre commerciale a gagné une notable partie de l'artisanat rural, les avantages naturels des facteurs géographiques ont perdu leur primauté.

Lorsque les hommes se sont mis à creuser le sol à la recherche des richesses minières, la jouissance de certaines commodités de vie apparut d'ordre secondaire.

Des contrées, restées jusqu'à une époque très proche de nous faiblement habitées, en raison de la pénurie des ressources agricoles, se sont en peu de temps surpeuplées. Telles se montrent les agglomérations nées de l'exploitation du charbon. Le cas de la Campine est typique sous ce rapport. Dans ce coin déshérité que personne presque n'avait tenté d'humaniser, est apparue en moins de vingt ans une floraison de centres de population déjà très dense. Toutes les exigences d'une vie normale y font défaut matériaux de construction, ressources alimentaires et, comme nous l'avons déjà dit, l'eau y est rare. L'organisation moderne triomphe de tous ces désavantages.

A la base de cette expansion économique le rôle des voies de communication est considérable. Les routes ne pouvaient manquer d'influer sur les établissements humains. Aussi loin, du reste, qu'on se reporte dans l'histoire, on remarque l'action des routes sur le peuplement. Les anciennes voies romaines sont jalonnées de ruines. Au Moyen Age, les routes furent créées pour les besoins du commerce et de l'industrie. Le nombre de villages qui se sont épanouis le long de ces voies de communication, vivant du trafic qu'y appelaient les marchands, 'est énorme.

Les croisements de routes en particulier, où se rejoignent les produits de régions aux aptitudes diverses, étaient par excellence des sites d'établissement. A la même catégorie appartiennent les têtes de pont, nés aux endroits de passage des rivières et cours d'eau.

Le XIXe siècle marque l'apogée de l'impulsion donnée par les voies de communication à la naissance de centres de peuplement. Les stations de chemins de fer ont, sous ce rapport, joué un rôle important. Rares sont celles

qui ne sont pas devenues le noyau d'une agglomération nouvelle. De très anciens villages se sont dédoublés pour se raccorder aux nouvelles artères du trafic moderne.

Les grandes chaussées tracées en ligne droite, en dédoublement des anciennes routes tortueuses, s'infléchissant de village à hameau, ont exercé la même attraction. Aux approches des centres populeux surtout, elles ont étiré ceux-ci en traînées de maisons s'allongeant en longues antennes. Inutile de citer des noms, les exemples surgissent d'eux-mêmes dans la mémoire de chacun.

La place nous manque pour nous étendre davantage sur l'origine des sites d'habitat. Nous n'avons voulu ici qu'effleurer ces questions.

Avant de terminer, nous voudrions cependant attirer encore l'attention sur une confusion souvent commise entre les sites d'habitat et un autre phénomène de géographie humaine, celui de la répartition des maisons.

S'il est vrai que dans certains cas le site gouverne le mode de répartition des maisons, il ne s'ensuit pas que ces deux aspects d'un même problème géographique ne doivent pas être distingués.

Autre chose est de rechercher « comment les maisons sont distribuées dans l'espace », et d'observer « où elles se sont installées » : répartition et site sont deux questions distinctes. M. Des Marez, dans la conclusion de son ouvrage, affirme que « l'eau fut le facteur décisif dans l'établissement des colonies franques en Belgique. Elle guida les colons dans le choix de leur emplacement. Proche de la surface, s'y étalant même en nappes claires et limpides, elle permit d'éparpiller leurs maisons à travers la marca. Cachée dans la profondeur de la terre, elle força les villageois à s'agglomérer aux bords d'un étang ou le long d'une rivière. Dans cette époque d'économie naturelle et spontanée, son action était souveraine ». — « Tout élevage est fondé sur les relations de l'eau ; toute culture est, par

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