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respondance où sont détaillés si franchement et les projets de Voltaire et les moyens qu'il employoit pour y réussir, cette Correspondance où il recommande si souvent d'écraser l'infáme, où il anime si fortement ses amis à écrire contre l'infáme, à courir sus à l'infáme, cette Correspondance qui prouve que pendant les vingt dernières années de sa vie la destruction de ce qu'il appeloit l'infáme étoit le but de tous ses écrits et de tous ses efforts (1). Les amis de ce philosophe s'étoient amusés quelquefois à soutenir que tout ce qu'on avoit dit à cet égard étoit une calomnie. Devenus plus nombreux et plus puissans, ils ne firent plus mystère de ce qu'ils regardoient comme un titre d'honneur pour Voltaire, et ils ne craignirent point de le montrer hautement comme le chef d'un parti déterminé à user de tous ses moyens pour anéantir la religion. Condorcet, dans la Vie de Voltaire qui accompagne cette édition, reconnut formellement l'existence de ce parti et cette

(1) Il s'ouvrit entre d'Alembert et Voltaire une correspondance très-suivie, dans laquelle ils firent un déplorable assaut de mépris pour la religion chrétienne. Un grand poète et un grand géomètre semblent s'y donner le divertissement de jouer une conspiration... Une pensée dontine dans leurs lettres, c'est celle de réunir contre la révélation toutes les forces de l'esprit philosophique. Histoire de France pendant le xym. siècle, par M. Lacretelle, tom. III.

Vie seule le prouvoit bien. Il étoit difficile d'y pousser, plus loin que ne fait le marquis philosophe, la haine contre le christianisme et la manie de le combattre. Son livre est moins encore un panégyrique continuel de son ami, qu'un manifeste sanglant contre une croyance qui a civilisé le monde. Il dit franchement qu'il ne faut point trop recommander les bonnes mœurs, de peur d'étendre le pouvoir des prétres. Cela du moins est naïf. Enfin, tout l'ouvrage est d'un homme qui semble entrer en colère au seul mot de religion.

1786.

Le 25 août, plan de réforme ecclésiastique signé à Ems par les députés de quatre archevêques d'Allemagne. Les nonces des Papes exerçoient depuis long-temps en Allemagne une juridiction particulière. Ils étoient en possession d'accorder des dispenses pour certains cas pour lesquels, en d'autres endroits, on recouroit directement à Rome. L'origine de cet usage remontoit à ces temps de troubles et de confusion, amenés par les progrès du luthéranisme. L'église de Cologne particulièrement s'étoit vue menacée d'une destruction totale. Deux de ses archevêques avoient successivement favorisé les nouvelles doctrines; et l'un d'eux, le fameux Truchsès,

s'étoit marié, et avoit embrassé publiquement l'hé→ résie, qu'il tentoit de répandre dans son diocèse. Dans cette extrémité, les nonces des Papes vinrent au secours de l'église de Cologne, et les catholiques se ralliant autour d'eux, parvinrent à conjurer l'orage et à réprimer les efforts des docteurs luthériens. C'étoit ainsi que s'étoit établie la nonciature de Cologne, et les mêmes dangers avoient donné lieu à l'érection de celles de Bruxelles et de Lucerne. Les succès du calvinisme en Suisse et dans les Pays-Bas, avoient obligé le saint Siége de porter plus particulièrement son attention de ce côté, et d'y envoyer des hommes chargés de soutenir la foi contre les efforts de l'erreur. D'ailleurs, les droits qu'exerçoient les nonces dans ces contrées, n'étoient contraires ni à la discipline de l'Eglise, ni aux décrets du concile de Trente. Ils étoient, par exemple, en possession d'accorder les dispenses de mariages qu'ailleurs on demandoit à Rome, et ils jouissoient de ce privilége sans trouble et sans contestation, lorsque la manie des réformes qui tourmentoit les esprits en Allemagne, fit imaginer que cette juridiction étoit une usurpation sur les droits des ordinaires. Joseph, supprima cette juridiction par un rescrit du 12 octobre 1785; à son instigation, son frère, Maximilien d'Autriche, électeur de Cologne, fut un des premiers à s'élever contre les nonciatures, et à en poursuivre

la suppression. Le commencement, ou plutôt, le prétexte de la querelle, fut l'envoi d'un nonce à Munich. L'électeur de Baviere, qui étoit aussi comte palatin, désira qu'il y eût un nonce dans sa capitale. Il en fit la demande à Pie VI, qui se montra d'autant plus disposé à lui accorder ce qu'il souhaitoit, que l'Electeur témoignoit plus d'attachement au saint Siége, dans un temps où d'autres souverains cherchoient à en saper l'autorité. M. Zolio, archevêque d'Athènes, fut envoyé à Munich en qualité de nonce; et sa nonciature fut formée en partie de celle de Cologne, et en partie de celle de Lucerne. Cet arrangement, qui ne blessoit en rien les droits des ordinaires, parut à quelques archevêques une occasion favorable pour accroître leur autorité. Ils se déclarèrent contre les nonciatures, et Joseph les supprima par son rescrit cité. L'électeur de Cologne, son frère, entraîné sans doute par son influence, refusa de recevoir Barthelemi Pacca, archevêque de Damiette, que le Pape venoit de lui envoyer comme nonce, et il ne tint pas à lui que ce prélat ne fût expulsé de Cologne. Les deux autres électeurs et l'archevêque de Salzbourg firent cause commune avec l'archiduc. L'électeur de Mayence étoit Frédéric d'Erthal, qui suivoit à peu près les mêmes erremens que l'électeur de Cologne. Tous deux laissoient combattre sans ménagement, sous leurs yeux, l'autorité la plus

légitime du saint Siége, et ne réprimoient point des folliculaires déclamateurs qui prêchoient la discorde dans leurs diocèses. L'archiduc entretenoit à Bonn une université nouvelle, et dans des principes bien différens de celle de Cologne. Il l'avoit remplie de théologiens mi-protestans, de religieux sortis de leurs cloîtres, d'amis ardens des réformes. Quant à l'archevêque de Salzbourg, c'étoit Jérôme de Colloredo qui avoit donné, en 1782, une Instruction pastorale fort bizarre, où il s'élevoit contre le luxe des églises, contre les images, et contre différens autres usages dont les personnes religieuses ne sont pas ordinairement choquées; prétendoit que le culte des saints n'est pas un point essentiel de religion, et trouvoit mauvais qu'on parlât des jugemens de Dieu. Il vint s'aboucher avec les trois électeurs, et former avec eux, à Aschaffembourg, une ligue assez peu édifiante. L'archevêque de Trèves fut le seul dont la conduite, en cette occasion, étonna ceux qui connoissoient sa piété. Il avoit donné plus d'une fois des preuves éclatantes de son attachement au saint Siége, et de son éloignement pour les mesures turbulentes des novateurs. Aussi le verrons-nous se détacher un des premiers de cette coalition singulière, et revenir à des démarches plus dignes de lui. Au mois d'août 1786, quatre députés de ces quatre prélats se réunirent aux bains d'Ems, près de Coblentz. Ce fut dans ce bourg

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