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L'eau, le pain, le vin, l'huile, dont le sacrement se forme, est quantité; la parole, le Verbe, qui produit le sacrement, quantité; le caractère du sacerdoce qui administre le Verbe, quantité. L'effet du sacrement est activité; le Saint-Esprit qui produit cet effet, activité; les saints qui administrent le Saint-Esprit, activité. Ainsi le sacrement et son effet rappellent les parties constitutives de la substance; le Verbe et le Saint-Esprit, qui produisent le sacrement et son effet, rappellent les parties constitutives de la substance; le sacerdoce et les saints, qui administrent le Verbe et le SaintEsprit, rappellent les parties constitutives de la substance.

Sans doute le sacerdoce n'est point inerte comme la quantité, mais le pontife humain n'a qu'un pouvoir emprunté, un pouvoir de cause seconde, et ne peut rien sans l'action souveraine de Jésus-Christ, qui contient le pouvoir sacerdotal en propre, et qui est la cause première. La prière n'est pas non plus ce pouvoir suprême de Jésus-Christ; mais elle le détermine à agir, ce qui rend efficace l'action du pontife mortel.

Pouvoir précatoire, pouvoir sacerdotal, aucun ne peut dire: Je suis l'Église. Celui qui aurait la démence de le faire, la détruirait et se détruirait avec elle. Elle n'est point l'un, elle n'est point l'autre : elle est à la fois les deux indivisiblement conjoints. Comme ils se correspondent! Le premier appartient aux laïques, le second aux pontifes. Or, qui n'est pontife? qui n'est laïque? Quand un évêque confirme, tous les autres évêques, tous les prêtres prient, comme simples fidèles, avec tous les laïques. Quand un laïque baptise, avec tous les autres laïques prient, comme simples fidèles, tous les prêtres et tous les évêques. Qu'un prêtre offre le sacrifice, tous les autres prêtres, avec eux tous les évêques, prient comme simples fidèles avec tous les laïques. Bien plus, le prêtre qui ici sacrifie, le laïque qui ici baptise, l'évêque qui ici confirme, assistent, priant comme simples fidèles, le laïque ou les laïques qui ailleurs baptisent, l'évêque ou les évêques qui ailleurs confèrent l'un quelconque des sept

tous les fidèles qui offrent le sacrifice; car les fidèles font en général par leurs vœux ce qui s'accomplit en particulier par le ministère des prêtres '.» « C'est par tous les fidèles, par les hommes et par les femmes, dit Pierre d'Amiens, que le sacrifice est offert, quoiqu'il ne semble l'être que par le pontife; car ce que le pontife touche dans ses mains en l'offrant à Dieu, les fidèles le recommandent à Dieu par l'intense application de leur piété 2.» Selon l'abbé Guerric, écrivain de la même époque, « le prêtre ne sacrifie point seul, ne consacre point seul; l'assemblée des fidèles consacre avec lui, sacrifie avec lui 3. » Ajoutons qu'au Confiteor le peuple absout le prêtre comme le prêtre absout le peuple.

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Il est visible que, dans la célébration de la messe, ces liturgistes attribuent autant aux fidèles qu'aux pontifes; mais différemment les pontifes agissent en ministres, les fidèles en suppliants. Quelle part y ont donc les ministres ? Quelle part les suppliants? Les ministres expriment ce qui doit être fait, et les suppliants le font faire. Les ministres représentent le Verbe prononçant les paroles consécratives, et l'Esprit divin, docile à l'appel des saints, ses amis, opère la transsubstantiation.

Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie, dit JésusChrist à ceux qu'il a choisis pour apôtres. Il souffle sur eux, et il ajoute Recevez le Saint-Esprit les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ". Sur ce texte, saint Augus

1. Non solum offerunt sacerdotes, sed et universi fideles. Nam quod specialiter adimpletur ministerio sacerdotum, hoc universaliter agitur volo fidelium. De sacro altari mysterio, 1. III, c. 6.

2. A cunctis fidelibus, non solum viris, sed et mulieribus, sacrificium illud laudis offertur, licet ab uno specialiter offerri sacerdote videatur : quia quod ille Deo offerendo manibus tractat, hoc multitudo fidelium intenta inentium devotione commendat. Opusc. de Dom. vob. cum, c. 8.

3. Non solus sacrificat, non solus consecrat; sed totus conventus fidelium, qui adstat, cum illo consecrat, cum illo sacrificat. In Append. Op. S. Bernard., p. 27.

4. Joan. XX, 22.

tin observe que, «< si les apòtres représentent l'Église, si ce que Jésus-Christ leur dit, il le dit à l'Église même, c'est la paix de l'Église qui remet les péchés, et l'éloignement de la paix de l'Église qui les retient, non suivant l'arbitre des hommes, mais suivant l'arbitre de Dieu et les prières des saints. » A la voix de Jésus-Christ, « Lazare se dresse vivant du tombeau; mais, étant lié, il ne peut marcher. Jésus-Christ dit aux apôtres de le délier et de le laisser aller lui le tire de la mort, les apôtres le tirent des liens 2.

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Délier le pécheur, c'est lui administrer le baptème ou la pénitence. Le ressusciter, c'est abolir ses fautes. Comme les apôtres ôtent les liens de Lazare, les prêtres confèrent le baptème ou la pénitence; comme Marthe et Marie obtiennent que Jésus-Christ rende la vie du corps à leur frère, les saints obtiennent qu'il rende la vie de l'âme au pécheur, c'est-à-dire qu'il lui pardonne. Il en est ainsi de tous les sacrements: ils sont administrés par le sacerdoce, mais leur effet résulte de la prière qu'exhale la sainteté.

Le sacerdoce et la sainteté, tels sont les pouvoirs régénérateurs de l'Eglise. Le sacerdoce plante, arrose: c'est le pouvoir agriculteur; la sainteté obtient l'accroissement: c'est le pouvoir fructificateur. Les pontifes représentent Jésus-Christ, les fidèles représentent son Père, leur sainteté représente le Saint-Esprit. Les fidèles, les pontifes et la sainteté concourent secondairement à la rénovation de l'humanité, par une action indivisible, comme l'indivisible Trinité y concourt souverainement. Mais en Dieu, cette rénovation étant attribuée au Fils et au Saint-Esprit, elle doit l'ètre dans l'Église au sacerdoce et à la sainteté, qui leur correspondent.

1. Si personam gerebant Ecclesiæ, et sic eis hoc dictum est, tamquam ipsi Ecclesiæ diceretur, pax Ecclesiæ dimittit peccata, et ab Ecclesiæ pace alienatio tenet peccata, non secundum arbitrium hominum, sed secundum arbitrium Dei et orationes sanctorum spiritualium. De Bapt., 1. III, c. 18.

2. Processit de monumento vivus, et ambulare non poterat. Et Dominus ad discipulos: Solvite eum, et sinite abire. Ille suscitavit mortuum, illi solverunt ligatum. Serm. 98.

Ces deux pouvoirs ne sont pas distribués de la même manière. Chaque membre de l'Église, pouvant baptiser, participe au sacerdoce: Les prêtres y participent davantage, puisqu'ils confèrent cinq sacrements et la confirmation extraordinairement, et les évêques, qui les confèrent tous, ont la plénitude. Cette inégalité, qui produit l'ordre, semblerait favoriser la domination que l'ordre exclut. Mais à mesure que la part au sacerdoce diminue, le nombre de ceux à qui elle revient augmente, et le grand nombre ne peut subir la domination permanente du petit.

La répartition de la sainteté ou pouvoir précatoire nous échappe. Il peut arriver que les plus élevés en sacerdoce soient les plus puissants en prière. Cependant l'inverse doit être beaucoup plus commun, non parce que les prêtres sont plus nombreux que les évêques, et les laïques que les uns et les autres, mais parce qu'à commencer au quatrième siècle, où l'Église se mêle à l'État, le peuple chrétien en général vaut mieux que ses chefs religieux, surtout que ceux qui s'étalent au faîte de la hiérarchie. « Les oreilles du peuple sont plus pures que le cœur des pontifes,» disait alors saint Hilaire de Poitiers. Il s'agit des évêques fauteurs de l'arianisme, qui trompaient la multitude. Ils lui parlaient le langage ordinaire, qu'elle entendait orthodoxement, et dont eux corrompaient le sens. Une partie des évêques, ne trouvant pas assez bonne mine à saint Martin, dit Sulpice Sévère, auteur contemporain, refusaient de l'admettre sur le siége de Tours 2, quoique déjà il ressuscitàt les morts. Ne fallut-il pas que le peuple leur arrachat l'ordination de ce grand apôtre de la Gaule centrale? Ils ne cessèrent de le déchirer, et il traversa la vie faisant le bien, opérant tant de

1. Sanctiores aures plebis quam corda sacerdotum. Contr. Auxent., c. 6. 2. Impie repugnabant, dicentes scilicet, contemptibilem esse personam, indignum esse episcopatu hominem vultu despicabilem, veste sordidum, crine deformem. Ita a populo sententiæ sanioris hæc illorum irrisa dementia est, qui illustrem virum, dum vituperare cupiunt, prædicabant. Nec vero aliud his facere licuit, quam quod populus, Domino volente, cogebat.

merveilles, au milieu de ces prélats cruels', ses seuls ennemis, impuissants, du reste, à lui aliéner l'affection et la vénération universelles. Parlant de la mème époque, dans la persécution de Dioclétien, qui couvrit l'univers de sang, «< on se ruait au martyre, dit le mème historien, plus qu'aujourd'hui à l'épiscopat 2.

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Considère-t-on le besoin que les deux pouvoirs ont l'un de l'autre, on voit qu'il est réciproque. Car si le sacerdoce appelle la sainteté pour agir efficacement, la sainteté suppose le sacerdoce, dont elle féconde l'action. Mais pourquoi deux pouvoirs au lieu d'un seul? Et d'où vient que la sainteté ne fait point l'office du sacerdoce, ou le sacerdoce l'office de la sainteté?

Avant la chute, l'homme ne s'attachait à Dieu qu'intérieurement, immédiatement. Depuis la chute, il s'y attache aussi extérieurement par des intermédiaires. L'attachement extérieur augmente si l'attachement intérieur diminue; l'attachement extérieur diminue si l'attachement intérieur augmente. Né avec la corruption primitive, l'attachement extérieur se développe avec elle, et il atteint son maximum sous le judaïsme et sous l'idolatrie païenne, où périt l'attachement intérieur. Celui-ci, recréé par l'Évangile, grandira jusqu'à la fin des temps, où disparaîtra l'attachement extérieur.

Tant que l'homme reste dans la perfection originelle, il rend à Dieu un culte parfait, s'offrant comme une victime sans tache. Mais à l'instant mème qu'il tombe, il n'a plus toute sa force naturelle pour s'unir à lui comme à la graudeur souveraine. Déchu, il est infirme, et réduit à l'impuissance de contempler et d'aimer pleinement Dieu ou de l'adorer selon la vérité. Déchu volontairement, il est coupable, par conséquent odieux; et ses adorations fussent-elles

1. Inter episcopos sævientes.

2. Certatim in gloriosa certamina ruebatur; multoque avidius tum martyria gloriosis mortibus quærebantur, quam nunc episcopatus pravis ambitionibus appetuntur.

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