Sayfadaki görseller
PDF
ePub

bonté et une sagesse infinies, mais comme armée de foudres et de fureurs, et ne respirant que vengeance et destruction; qui dégradent et déshonorent son amour infini pour les hommes, sa clémence et sa miséricorde, en laissant croire au peuple, ou lui persuadant à dessein, que Dieu peut être insensible à notre sort, indifférent à nos désirs, peu disposé à exaucer nos prières, et qu'il faut conséquemment songer d'abord à le gagner par des vœux et des offrandes, et le faire revenir de ses premières résolutions, ou lui députer la sainte Vierge sa mère ', ou quelque autre de ses amis, ou une multitude d'entre eux, comme des avocats faciles à acheter et à corrompre, et lui extorquer, par ce moyen, tout ce qu'on désire d'en obtenir, quoique ces désirs soient souvent directement contraires à la sagesse divine et à l'amour du prochain, et quelquefois si puérils et si insensés, qu'ils sont confondus au seul aspect de la saine raison. Comme si le culte des saints était si nécessaire, si indispensable, qu'il fût la marque la plus décisive à laquelle on pût reconnaître un vrai catholique, ou un point essentiel de la religion; quoique l'Église ait uniquement décidé que le culte des saints est utile et louable; pourvu néanmoins que, conformément à l'esprit et aux intentions de l'Église, nous regardions leurs exemples comme des encouragements pour nous animer à imiter fidèlement et constamment celui qui a paru sur la terre comme le modèle le plus parfait de l'amour de Dieu et du prochain, de la soumission la plus entière à la volonté de Dieu, et de la plus ferme confiance en sa divine. providence 2; pourvu encore que, dans l'histoire de leur vie, nous soyons principalement attentifs aux traits où la bonté inépuisable de Dieu éclate particulièrement pour notre consolation

1. « Cette expression de Mère, approuvée par l'Église, et les autres titres de Mère de grâce, Mère de miséricorde, Reine du ciel, Reine des anges, Reine de tous les élus, Notre-Dame, notre Médiatrice, etc., font naître dans l'esprit des simples, observe le traducteur, des idées indignes de Dieu, et contraires à la pureté de la religion, si elles ne sont point corrigées par une instruction solide, toujours nécessaire dans ces sortes de cas. » 2. I Cor. IV; 16. Eph. V, 1.

et pour fortifier notre espérance; pourvu que la mémoire des saints, leurs exemples et le culte que nous leur rendons nous excitent à servir Dieu d'autant plus fidèlement en esprit et en vérité, dans la sainteté et la justice, à recevoir les sacrements avec plus de préparation, de ferveur et de dévotion; pourvu qu'un amour sincère de Dieu et du prochain, la haine du péché, le zèle pour pratiquer la vertu et la justice, soient les suites et le fruit de ce culte; pourvu qu'en honorant les saints, nous ayons toujours présente à l'esprit cette vérité fondée sur la raison et la révélation, que les saints, sans en excepter la sainte Vierge, ne sont que des créatures infiniment petites, en comparaison de Dieu, quoique grands par leurs mérites et très-élevés au-dessus de nous; que, conséquemment, ils ne peuvent ni ne veulent faire autre chose qu'intercéder pour les hommes; mais qu'ils ne le font jamais lorsque les prières qu'on leur adresse sont déraisonnables, contraires à l'amour du prochain et à la sagesse divine, et que, lors même qu'ils emploient leur intercession en leur faveur, ce qu'on ne doit espérer le plus souvent que pour les affaires du salut, c'est toujours avec la plus parfaite résignation aux dispositions de la divine Providence et dans l'esprit de Jésus-Christ'; pourvu enfin que le culte des saints se pratique sans préjudice du culte de l'adoration et de la confiance que nous devons à Dieu seul et à Jésus-Christ qu'il a envoyé 2,

1. Matth. VI, 10; Luc. XXII, 42.

2. Joan. XVII, 3.

3. Instruction pastorale, p. 120.

3

[ocr errors]

CHAPITRE VII.

Marianisme substitué au Christianisme.

[ocr errors]

«En Dieu, dit saint Paul, nous avons la vie, le mouvement et l'être 1. Aurait-il pu dire que nous avons la vie, le mouvement et l'ètre dans les saints? Les saints n'ont pas plus la puissance de nous conserver, qu'ils n'ont la puissance de nous créer. Ils n'agissent point dans notre intelligence, afin qu'elle-même agisse dans leur intelligence et y entende la vérité; ils n'agissent point dans notre volonté, afin qu'elle-même agisse dans leur volonté et y veuille le bien; ils n'agissent point dans les diverses parties de notre corps, afin qu'elles-mêmes agissent en eux et exercent chacune la fonction qui lui est propre; ils n'agissent point en nous, afin de nous empêcher de retomber dans le néant. Dieu seul le fait et peut le faire, parce que, seul, il nous enveloppe, nous touche, nous pénètre invisiblement par tous les côtés. Loin de vivre, de nous mouvoir et d'exister dans les saints, les saints, comme nous, comme toute créature, ne vivent, ne se meuvent, n'existent qu'en Dieu. Seul opérant eux, seul il leur a donné la sainteté et le bonheur; seul opérant en nous, seul il peut nous rendre bons et heureux.

Cependant le moyen âge s'est porté, ou plutôt précipité vers les saints, comme s'ils le pouvaient aussi. Malgré les décrets du concile de Trente et les efforts du dix-septième siècle pour redresser l'Église, cette aberration idolâtrique n'a pas entièrement cessé de la pervertir, et maintenant qu'on ne travaille qu'à restaurer les désordres des temps barbares, elle s'aggrave plus que jamais, car elle est érigée en un système qui tend à remplacer le christianisme.

1. Act. XVII, 28.

« Le Fils de Dieu, dit M. l'abbé le Guillou, en couronnant sa mère, remit entre ses mains les trésors qu'il avait acquis par ses humiliations, ses souffrances et sa mort. Il voulut que Marie fut la protectrice du genre humain et sa médiatrice auprès de lui, comme il était lui-même son médiateur auprès de son Père. » Ainsi, selon M. le Guillou, de même que Jésus-Christ est entre Dieu et Marie, Marie est entre Jésus-Christ et l'homme. Pour lors, c'est à elle que nous sommes immédiatement unis, c'est elle qui agit immédiatement en nous et y produit ce que saint Paul attribue à Dieu, et ce que j'ai montré qu'il faut lui attribuer, c'est-àdire que Marie elle-même est Dieu.

L'auteur se hâte de l'enseigner : « Saint Étienne, bravant la fureur de ses juges iniques, s'écria qu'il voyait les cieux ouverts et Jésus-Christ à la droite de Dieu 2. Et saint Paul nous avertit qu'il y est toujours attentif à s'intéresser à nous Semper vivens ad interpellandum pro nobis 3. Qu'il nous doit être consolant de penser que Marie est aussi à la droite de Jésus, toujours prête à prier pour nous! » D'où il suit que, comme Jésus est à la droite de Dieu, Marie est à la droite de Jésus; mais Jésus à la droite de Dieu est égal à Dieu; donc, Marie à la droite de Jésus est égale à Jésus, et par conséquent égale aussi à Dieu. D'ailleurs, écoutez:

[ocr errors]

L'Esprit-Saint, dont la voix puissante brise les cèdres superbes, dont le feu pur réchauffe les cœurs languissants, donc l'ineffable onction convainc admirablement l'âme désireuse de connaître la vérité, communiqua sa vertu divine à sa sainte épouse. Marie, d'un mot, confond le rebelle, d'un sourire relève le malheureux sans espérance, d'un regard donne la force au faible. De là vient qu'au nom de Marie, comme au nom de Jésus, le ciel s'incline, la terre s'humilie et l'enfer s'ébranle jusqu'en ses fondements: le ciel, parce qu'il attend des ordres; la terre, parce qu'elle en reçoit des

1. Mois de Marie, 7° édit., 1851, p. 298.

2. Act. VII, 55.

3. Hebr. VII, 25.

secours; l'enfer, parce qu'il sent alors tout le poids de ses chaînes. Que Marie soit donc à jamais votre défense. Êtesvous sollicité au mal, criez: Marie! et vous deviendrez terrible à l'enfer même. » M. le Guillou devait nous expliquer comment il se fait que, pendant les longues persécutions du paganisme contre l'Église, les martyrs au milieu des tourments aient toujours oublié de crier : Marie! pour crier seulement Jésus-Christ!

Passons à la conclusion qui sort des lignes qu'on vient de lire. Si Marie a recu la vertu divine du Saint-Esprit, si son nom est puissant comme celui de Jésus-Christ, n'est-elle pas Dieu comme le Saint-Esprit, comme Jésus-Christ? « Marie, dit M. le Guillou, en sa qualité de fille adoptive du Père céleste, devait jouir par grâce des avantages que sa qualité. de vrai Fils de Dieu assurait de droit à Jésus-Christ' par conséquent, des avantages de la Divinité. M. le Guillou adresse à tous les deux des prières communes et les place sur la même ligne :

« Je suis sauvé, si je n'ai pas honte de mon Dieu (si je ne rougis pas de Jésus et de Marie) 2. Salcus sum, si non confundar de Deo meo 3.

3

« O mon Dieu, au nom de Jésus (au nom de Marie), sauvez-moi! Deus, in nomine tuo salvum me fac.»

O Dieu (ò Marie)! comme nous ne savons même pas ce que nous avons à faire, il ne nous reste autre chose qu'à tourner les yeux vers vous ! Deus noster... cum ignoremus quid agere debeamus, hoc solum habemus residui, ut oculos nostros dirigamus ad te 7.

[ocr errors]

Il prie la Vierge seule, comme si elle était Dieu, opérant dans l'âme.

1. P. 31.

2. P. 178.

3. Tertull.

4. P. 243.

5. Ps. LIII.

6. P. 263.

7. II Paral. XX, 12.

« ÖncekiDevam »