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« O Marie! gravez bien cette pensée dans mon ame

« Un moment de temps que l'on perd pourrait être le prix « d'une éternité bienheureuse.

æternitatis est pretium 2. »

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Exiguum temporis perituri

Par les paroles de l'Écriture et des Pères qu'il invoque, et qui ne conviennent qu'à Dieu, il exprime encore qu'il lui égale la Vierge.

D'après l'abbé Duclot, cité par l'auteur 3, « être mère de Dieu; c'est avoir une toute-puissance sur ce même Dieu, et conserver, s'il m'est permis de parler ainsi, une espèce d'autorité sur lui. Quelle merveille! quelle plus sublime élévation peut-on concevoir! Par là un Dieu est obligé envers Marie à tous les devoirs naturels d'un fils envers sa mère; par là Marie est en possession, à l'égard d'un Dieu-Homme, de tous les droits qu'une mère a sur son fils, et de tous les biens pour ainsi dire de ce fils. Prenez garde cependant que par là nous l'égalions à Jésus-Christ même ; à Dieu ne plaise, il reste toujours une disproportion infinie entre le fils et la mère; car Marie n'est si privilégiée que par la gràce de son fils ". 4 » Ce qui revient à dire que, si la nature la laisse audessous de Jésus-Christ, la grâce l'élève aussi haut que lui, même plus haut, puisque Marie a une espèce d'autorité sur ce Dieu. On ne peut, sans épouvante, transcrire de telles énormités.

« Ah! s'écrie M. le Guillou, si l'Apôtre, après avoir exposé quelques-uns des titres que Notre-Seigneur avait à notre amour, ne craint pas d'affirmer que rien ne saurait le séparer de la charité de Jésus-Christ 5 pleins que nous sommes des grandeurs et de la bonté de Marie, ne devons-nous pas aussi nous écrier, empruntant son généreux langage : Qui nous séparera de la charité de Marie? Si l'Apòtre ne craint

1. P. 275.

2. Hieron.

3. La Lyre de Marie, p. 94.

4. Explicat. de la doct. cath., t. VII.

5. Rom. VIII, 55.

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pas de lancer l'anathème contre celui qui n'aime pas JésusChrist: Si quis non amat Dominum nostrum Jesum Christum, sit anathema, devons-nous craindre d'anathématiser aussi celui qui n'aime pas Marie 2 ? »

Pourquoi rien ne peut-il détacher saint Paul de JésusChrist? Parce que c'est Jésus-Christ qui l'a racheté. En assurant que rien non plus ne saurait nous détacher de Marie, l'auteur suppose qu'elle est pareillement notre rédemptrice. Que dis-je, suppose? il le professe formellement : « O Marie! nous sommes votre peuple conquis par vos douleurs, par vos larmes, par votre sang qui coula des veines entr'ouvertes de Jésus. O reine des anges et des hommes! votre grandeur fait ma joie, votre puissance et votre bonté secourable font le repos de ma vie, la force de ma faiblesse et ma plus chère espérance 3. »

Il est clair que M. le Guillou substitue la Vierge à JésusChrist. Qu'importe que ce soit par les veines entr'ouvertes du Christ qu'elle répande son sang, du moment qu'elle nous conquiert par ce sang et qu'elle est notre plus chère espérance? Qu'importe qu'elle ait, seulement comme fille adoptive du Père céleste, les avantages que Jésus-Christ a comme vrai fils, si effectivement elle les possède? Qu'importe qu'on la dise notre médiatrice seulement auprès de Jésus-Christ, et qu'on déclare Jésus-Christ notre médiateur auprès de Dieu, alors qu'elle ne peut être médiatrice sans être Dieu, et qu'étant Dieu, elle ne peut être médiatrice qu'auprès de Dieu ? Bien qu'en ces divers cas l'auteur parle de JésusChrist, c'est manifestement la Vierge qui se trouve le personnage réel, et le christianisme s'évanouit, supplanté par le marianisme.

Le Mois de Marie de M. l'abbé le Guillou porte les approbations de trois évêques et des vicaires généraux capitulaires de Paris en la vacance du siége. L'évêque de Quimper,

1. I Cor. XVI, 22.

2. Mois de Marie, p. 306.
3. La Lyre de Marie, p. 184.

M. Graveran, le « croit approprié aux besoins de notre époque et très-propre à éclairer et à nourrir la piété des fidèles. Suivant M. Affre, un des vicaires de Paris, parlant au nom des autres, et depuis archevèque, « ce livre a été jugé propre à inspirer aux fidèles et à augmenter la dévotion envers la très-sainte Vierge. » M. Monyer de Prilly, évêque de Châlons, M. de Montblanc, archevêque de Tours, s'expriment dans le même sens. Ajoutons que M. le Guillou emprunte à M. Letourneur, évêque de Verdun, les lignes où il est dit que nous sommes rachetés par l'effusion du sang de Marie, et qu'il les puise dans le Mois de mai consacré à la gloire de la mère de Dieu, ouvrage qui en est une déification perpétuelle, et néanmoins donné par M. Letourneur comme formant une des plus solides pratiques de piété envers elle. Il a cependant la bonne foi de déclarer qu'elle n'est pas obligatoire. L'éditeur assure que le livre de M. le Guillou « a été approuvé par plusieurs autres vénérables prélats, » dont, faute d'espace, il supprime les suffrages. Que dire de telles prévarications? Exalter la Vierge sur les ruines de Jésus-Christ, voilà ce que des prêtres, des évêques, appellent éclairer, nourrir la piété des fidèles; ce qu'ils appellent leur inspirer, augmenter en eux la dévotion pour Marie. Hs croient l'honorer, et ils l'outragent au suprême degré, car elle n'est pas moins pleine de vérité que de grâce. Or, quelle est ici la vérité? Saint Augustin nous l'apprendra.

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Jésus, instruisant un jour dans quelque lieu, on lui dit que « sa mère et ses frères étaient dehors qui l'attendaient ; «< il répondit : Qui est ma mère et qui sont mes frères? Et « étendant la main vers ses disciples: Voici, dit-il, ma mère <«<et mes frères; car quiconque fera la volonté de mon Père

qui est dans le ciel, celui-là est mon frère, ma sœur et ma « mère '. » Marie même n'a donc été mère de Jésus-Christ que parce qu'elle a fait la volonté de Dieu. C'est cette conformité de Marie à la volonté de Dieu que Jésus-Christ loue

4. Matth. XII, 46.

plus encore dans Marie que le bonheur qu'elle a eu de devenir sa mère selon la chair. Cela vous paraitra, mes frères, quelque peu que vous fassiez d'attention sur ce qu'il dit à cette femme, qui, admirant avec tout le monde la sainteté de sa doctrine et les prodiges qui découvraient la puissance de la divinité cachée sous sa chair, « éleva la voix et lui dit : « Heureuses les entrailles qui vous ont porté. » Car le Sau« veur répondit : « Mais plutôt heureux ceux qui écoutent la « parole de Dieu et qui la pratiquent '. » Ce qui ne veut dire autre autres choses, sinon : Ma mère même, que vous estimez avec raison si heureuse, ne l'est que parce qu'elle a été fidèle à garder la parole de Dieu; et le bonheur qu'elle a eu de voir naitre d'elle, selon le temps, le Verbe qui s'est fait chair pour habiter avec nous, n'est pas comparable à celui qn'elle a eu d'ètre fidèle à la loi de Dieu, qui est ce même Verbe, par qui elle avait été faite, et qui s'est fait chair dans son chaste sein 2. La qualité de mère, qui rendait Marie si proche de Jésus-Christ, ne lui eût servi de rien si elle ne l'eût porté plus heureusement dans son cœur que dans son corps 3. >

« Vous avez peine à vous persuader, dit Bourdaloue, que ce qui a élevé Marie à cette gloire incompréhensible dont elle prend possession dans le ciel, ne soit pas l'excellente prérogative qu'elle a eue sur la terre, d'ètre la mère d'un Dieu. Car, quel titre en apparence plus légitime pouvait-elle avoir, pour être reçue en souveraine dans le royaume de son fils, que d'avoir été sa mère? Et si elle avait à se promettre devant Dieu quelque distinction, d'où devait-elle plutôt l'attendre que de cette divine maternité? Cependant, chrétiens, il est de foi que cette maternité, toute divine qu'elle est, n'est point proprement et dans la rigueur ce qui fait aujourd'hui l'élévation de Marie; car c'est ainsi que le

1. Luc. XI, 27.

2. Sur S. Jean. Traité X, c. 2.

5. Virginité, c. 5.

Sauveur lui-même s'en est expliqué dans l'Évangile, et la déclaration expresse qu'il nous en a faite est une preuve sans réplique. » L'auteur a en vue le dernier passage cité par saint Augustin, et dit que ce qui élève maintenant la Vierge, c'est d'avoir été humble, fidèle à Dieu et obéissante à sa parole, et il ajoute :

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Mais encore, me direz-vous, le Sauveur du monde, qui, comme parle l'Évangile, avait reçu de son Père le pouvoir de juger, et par conséquent de récompenser, en béatifiant et couronnant Marie, ne considéra-t-il en aucune sorte qu'elle était sa mère? Ne donna-t-il rien à la tendresse qu'il avait eue et qu'il conserva toujours pour elle? Non, répondent les Pères ; et la raison qu'ils en apportent est convaincante, parce qu'il est certain que le Sauveur du monde, en béatifiant et couronnant Marie, n'agissait pas en fils ni en homme, mais en Dieu et en juge souverain. Or, en tout ce qui était immédiatement de la juridiction et du ressort de la Divinité, le grand principe de cet Homme-Dieu fut de n'avoir jamais d'égard à la chair et au sang. De là vient que, quand Marie le pria de faire un miracle aux noces de Cana, bien loin de marquer qu'il eût en cela pour elle de la déférence, il parut la traiter avec une espèce de rigueur, en lui répondant que pour ces sortes d'actions absolument et essentiellement divines, comme celle-là, il n'y avait rien de commun entre lui et elle: Quid mihi et tibi est, mulier? De là vient qu'à l'âge de douze ans, s'étant séparé d'elle dans le temple, où elle le retrouva trois jours après au milieu des docteurs, bien loin de se montrer sensible à la douleur qu'elle avait cue de cette séparation, il la reprit en quelque sorte du reproche qu'elle lui en faisait, et sembla même s'en offenser, parce qu'elle devait savoir, lui dit-il, qu'il était alors occupé à ce qui était du service de son Père: Quid est quod me quærebatis? Nesciebatis quia in his quæ Patris mei sunt, oportet me esse 2?

1. Joan. II.

2. Luc. II.

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