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PREMIER EXAMEN.

DES EMPIÉTEMENTS:

EST-CE L'ÉGLISE QUI EMPIÈTE SUR L'ÉTAT?
EST-CE L'ÉTAT QUI EMPIÈTE SUR L'ÉGLISE?

Custos, quid de nocte?

Is. XXI. 11.

PAR M.GR PARISIS,

ÉVÊQUE DE LANgres.

LANGRES,

ie
9

PARIS,

rne des Noyers, 37.

LAURENT FILS ET C. LIBRAIRES, A. SIROU, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

Imprimeurs de l'Évêché.

DÉCEMBRE 1844.

Lave 100

HARVARD COLLEGE LIBRARY

FROM THE LIBRARY OF COMTE ALFRED BOULAY DE LA MEURTHE

APRIL, 1927

1480

PREMIÈRE PARTIE.

DU POINT DE DÉPART.

CHAPITRE I.

ÉTAT DE LA QUESTION.

A tout ce que nous avons écrit jusqu'à ce jour en faveur de la liberté d'enseignement, nos adversaires n'ont au fond rien répondu ; ils n'ont pas même essayé de formuler un raisonnement en réfutation des nôtres; mais ils nous ont opposé un mot que l'ignorance et la légèreté des peuples n'a que trop bien accueilli : « Prenez garde, a-t-on <«<dit à la France, le Clergé veut tout envahir, dé

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fiez-vous de ses empiétements. » Ce mot d'alarme proclamé chaque jour par tous les organes de la publicité, répété sans cesse sur tous les tons, souvent développé avec chaleur et talent, quelquefois envenimé par la haine et la calomnie, a fini par jeter, dans certaines classes de la société, je ne sais quelle panique, qui met en suspicion, avant même

qu'on les entende, nos paroles les plus modérées et les plus bienveillantes.

La discussion se trouve donc déplacée: on abandonne la question particulière de la liberté d'enseignement pour se jeter dans des récriminations générales; nous avions exposé les droits incontestables que nous avons à cette liberté, on nous répond: vous êtes des ambitieux; nous avions représenté qu'il n'y a nulle ambition à demander ce qui est dû, on nous réplique : vous empiétez ; nous demandons qu'on nous montre où sont nos empiétements, on se borne et l'on s'obstine à nous répéter: vous demandez la liberté pour empiéter toujours de plus en plus, et tandis que l'Eglise doit être dans l'État, vous voulez mettre l'État dans l'Église; c'est pour cela que vous n'aurez rien, dans la crainte que vous ne fassiez un funeste usage de ce qu'on vous rendrait.

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Voilà ce qui nous est dit hautement chaque matin par les organes du libéralisme, et, ce qui est le plus incroyable, par ceux du pouvoir.

Nous pourrions d'abord répondre que ce genre de procédé ressemble beaucoup à celui que pourrait şe permettre un mauvais paycur, si, pour être dispensé d'acquitter sa dette, il traitait son créancier de furieux, et lui disait : non, je ne vous paierai pas; car vous vous serviriez de cet argent contre moi.

Mais ces accusations si ridicules au fond sont trop graves dans leurs résultats pour être traitées légèrement. Puisque décidément on cherche à les

aceréditer par les moyens les plus honteux, et puisque le pouvoir loin de défendre et de protéger la Religion, comme il le doit d'après l'article 5 de la Charte, encourage et protège ceux qui nous calomnient, nous allons chercher à nous défendre nous-même par le simple exposé des faits.

Vous dites que l'Église empiète sur l'État; eh bien, moi je vous dis que depuis cinquante ans l'État n'a pas cessé de dépouiller l'Église. Vous êtes engraissés de nos biens, chaque jour vous attentez encore à nos droits, et quand nous faisons entendre un mot de plaintes ou de réclamations, vous osez dire que c'est nous qui sommes cupides et spoliateurs? C'est trop il est temps de vous démasquer à la face de l'univers.

Pour que l'on ne se méprenne pas sur la portée de cet écrit, il est indispensable de bien remarquer qu'en parlant de l'État, nous n'entendons nullement la nation, mais le pouvoir central qui la gouverne depuis plus de quarante ans, soit par la volonté suprême d'un monarque absolu, soit par les ministres responsables d'un Roi constitutionnel. Ce pouvoir suit visiblement un système de centralisation dont l'action toujours croissante absorbe de plus en plus toutes les libertés publiques et individuelles. C'est lui qui, sous le nom de Gouvernement et sous le prétexte d'Administration, envahit silencieusement tout le domaine de l'Église, lui ravit officiellement ses droits et tend à la mettre légalement dans les fers. L'Église, en proie à ces

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