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violations désastreuses, a poussé la patience jusqu'aux dernières limites. Depuis quelques mois seulement elle a fait entendre ses plaintes maternelles. Alors ses ennemis ont poussé des clameurs furieuses semblables, si l'on ose le dire, à ces sacrificateurs payens, à ces corybantes en délire qui par leurs cris insensés, et leurs convulsions bruyantes étouffaient la voix de leur victime. Eh bien ! c'est pour cela même que nous voulons parler plus distinctement et plus haut.

Quoique nous nous adressions au Gouvernement, nous ne faisons nullement un ouvrage politique, puisque le système dont nous avons à nous plaindre et qui maintenant arrive aux derniers excès, avait déjà, comme nous le verrons, ravagé l'Église sous l'Empire et même sous la Restauration. Nous entreprenons une œuvre chrétienne et sociale; une œuvre de justice et par conséquent une œuvre de paix; car il n'y a de paix que lorsque tout est dans l'ordre. Puisqu'on nous accuse, nous demandons qu'on veuille bien nous entendre; puisqu'on nous reproche d'envahir, nous demandons à faire voir que c'est nous qui sommes continuellement et cruellement dépouillés.

Nous serions en droit de rappeler d'abord les spoliations affreuses opérées, au nom de l'État, dans les jours de nos plus grands désastres; de mentionner ces cent cinquante millions de revenus dont jouissait l'Église catholique en France avant 1789 et que l'État s'est appropriés; de jeter au moins un sou

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venir sur ces milliers d'édifices de toutes sortes: Communautés, Colléges, Hôtels-Dieu, édifices, pour la plupart, vastes, solides, imposants, dont l'Église avait orné la France, et dont l'Etat s'est emparé pour en faire ses casernes et ses prisons ou pour y établir des institutions anticatholiques. Nous adorons les desseins de Dieu dans l'admirable générosité avec laquelle le chef visible de tous les pasteurs a voulu, dans l'intérêt des âmes, échanger la portion aliénée de ces propriétés, si stables et si indépendantes, pour des traitements que le pouvoir temporel nous jette comme une aumône et que plusieurs nous reprochent comme une charge : seulement nous désirerions que ceux qui jouissent de ces riches domaines et de ces bâtiments superbes voulussent bien se souvenir qu'ils ont été fondés, non par les deniers de l'Etat, mais par la piété des prêtres et des fidèles. Que leurs possesseurs actuels y restent sans remords, soit ! mais il conviendrait au moins que ce fût avec quelque modestie, surtout à l'endroit de ceux qui en seraient encore les seuls propriétaires, si un incendie à jamais déplorable n'eût fait périr leurs titres.

Certes, quand après une perte de plus de trois milliards l'Église, usant de ses droits, veut par de nouveaux sacrifices avoir en propre quelques chapelles étroites ou quelques modestes presbytères, vous convient-il à vous, qui exploitez les forêts

Concordat de 1801, articles 13 et 1j.

et spéculez sur les édifices qu'une tempête lui a ravis, de lui dire qu'elle est ambitieuse et envahissante?

Et cependant, nous ne vous attaquerons pas sur ce terrain, par respect pour la convention sacrée qui y est intervenue le 26 messidor an IX; au contraire nous prendrons notre point de départ précisément à cette convention, qui en même temps a dépouillé l'Église de tant d'avantages et en a si magnifiquement doté ses spoliateurs.

On ne dira pas qu'alors les chefs des deux puissances concordataires n'étaient pas tels qu'ils dussent donner à l'État toutes les garanties désirables. D'un côté, un pontife chargé d'années et disposé à faire au désir de la paix des concessions tellement surabondantes qu'on trouvait à peine dans les traditions de l'Église un fait qui pût les expliquer; de l'autre, un jeune général, vainqueur, ambitieux, hardi, à qui l'hérésie faisait des propositions séduisantes, et qui se montrait partout d'autant plus exigeant qu'il avait un pressentiment comme invincible de son étonnante destinée. Certes, si l'une des deux parties contractantes avait le droit de se défier d'un concordat signé dans de telles circonstances, évidemment ce serait l'Église et non pas l'Etat ; mais nous ne nous en défions pas, parce que nous croyons fermement que l'assistance de l'esprit de Dieu ne manque pas au Père commun des fidèles surtout dans ces graves et difficiles affaires. Nous acceptons done sans restrie

tion, pour les circonstances où il fut fait 1, le concordat passé en 1801 entre le pape Pie VII, agissant pour l'Église et le premier consul Bonaparte, traitant au nom de l'Etat; nous le prenons pour principe de toutes les déductions que nous allons tirer et nous sommes fondé à croire que personne ne nous contestera ce principe, puisqu'il est le seul reconnu par les deux puissances dont il s'agit de vérifier les droits.

A partir donc du concordat de l'an IX, où, selon l'expression consacrée, le Sacerdoce et l'Empire avaient établi réciproquement leurs limites, voyons s'il y a eu déplacement des conditions posées. S'il en est ainsi et que l'Église se soit approprié sur le domaine de l'État quelque chose de ce que l'État s'était réservé, il faudra bien reconnaître que le Clergé, comme on le dit, est coupable d'empiétement. Mais s'il en est ainsi dans un sens tout contraire : si depuis la signature du concordat jusqu'à nos jours, l'État a constamment reculé ses bornes, en sorte qu'il ait envahi presque tout le domaine le plus légitime de l'Eglise, dans ce cas, nous aurions doublement droit d'être blessé de l'accusation qu'on nous intente.

Or, c'est là précisément l'objet de cet examen.

On verra plus loin (chap. u, § 3, note), pourquoi, en acceptant le Concordat sans restriction, nous ajoutons ces pa→ rales Pour les circonstances où il fut fait.

:

CHAPITRE II.

DU CONCORDAT DE L'AN IX. '

§ 1.′′

Sa nature.

Un concordat est un traité d'alliance entre deux puissances qui s'engagent à respecter réciproquement certaines conditions favorables à leur bon accord et à leurs intérêts,

De là il résulte avant tout, que l'Église est une puissance parfaitement distincte de celle avec laquelle elle a fait alliance. Le seul début du concordat de 1801 ne permet pas d'en douter : « Le «< premier consul de la république française et «Sa Sainteté le souverain pontife Pie VII ont nommé pour leurs plénipotentiaires etc. » Il est évi

4 On dit ordinairement le Concordat de l'an x, et les hommes du Gouvernement se montrent très-favorables à cette manière de parler, parce qu'elle a pour eux l'avantage de faire confondre le Concordat avec les articles organiques, qui furent en effet publies le 18 germinal an x (8 avril 1802). Mais la Convention entre Sa Sainteté Pie vii et le premier consul Bonaparte fut arrêtée le 26 messidor an ix (15 juillet 1801) et ratifiée le 23 fructidor (10 sep

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