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glise, agissant comme ministres, ils étaient forcés par la constitution d'agir catholiquement. Aujourd'hui, au contraire, ceux qui exercent le pouvoir ne peuvent, quand il s'agit de religion, être resserrés dans les limites d'un culte, ni par leur orthodoxie personnelle, ni par les lois de l'Etat. Donc une des parties contractantes est dans l'impossibilité d'offrir des garanties; donc le contrat qui les suppose et les exige n'a plus de bases de ce côté; donc, en admettant que le Concordat de 1801 eût laissé entre l'Eglise et l'Etat certaines matières mixtes, ce que nous avons combattu ailleurs, il est sûr au moins, il est évident et incontestable qu'il ne peut plus y en avoir maintenant.

IV

D'où vient surtout le malaise de la position actuelle de l'État avec l'Église.

Cependant, que fait l'Etat? Il agit de ce côté comme s'il était certain qu'il y eût encore de ces matières mixtes sur lesquelles les deux

puissances pouvaient simultanément agir; et, peu content de s'attribuer des droits qui furent très-souvent contestés, avec raison, même au gouvernement catholique de l'ancien régime, il les exagère, il les dépasse.

Or, qu'arrive-t-il de là? Que le gouvernement, agissant avec l'Eglise comme s'il était uniquement son allié, quand, en fait, il lui est devenu légalement étranger, et quand il peut impunément se faire son ennemi, prend tour à tour avec elle ces positions contradictoires pour s'autoriser à gêner son action dans tous les

sens.

Que l'Eglise lui dise: Puisque vous êtes mon allié, prêtez à mes préceptes le secours de votre bras; aidez-moi, par exemple, à faire respecter le saint repos de mes jours de fêtes; l'Etat lui répondra Tous les cultes sont libres, je vis étranger à ces matières, je ne puis rien pour vous. Que l'Eglise lui réplique : Si vous êtes étranger aux cultes, pourquoi donc voulez-vous réglementer le mien ? l'Etat lui répondra : C'est que je suis identifié depuis plusieurs siècles avec l'Eglise gallicane, dont je dois défendre les libertés, qui sont passées dans mes lois. Que l'Eglise insiste encore, et dise: Mais l'Eglise gallicane, c'est moi, car cette Eglise s'est toujours déclarée catholique; si l'Etat est identifié

avec elle, il est donc catholique mais alors pourquoi ne l'est-il pas en tout, pourquoi ne repousse-t-il pas de ses enseignements et de ses lois tout ce qui est contraire aux doctrines ou aux intérêts catholiques? L'Etat lui répondra C'est que notre système constitutionnel exige que l'on ménage tous les esprits, même ceux qui sont les plus hostiles à la religion. Voilà ce que le gouvernement répondra, sinon en paroles, du moins par ses actes; d'où il suit que l'Etat est en même temps et pour l'Eglise et contre elle !

Il importe extrêmement de considérer ce qu'il y a d'inouï, de déplorable et d'effrayant dans cet état de choses. Nous avons vu comment un gouvernement temporel pouvait être ou hostile, ou allié, ou étranger au pouvoir spirituel. Or, si nous nous demandons dans laquelle de ces trois conditions la France se trouve aujourd'hui vis-à-vis de l'Eglise catholique, nous sommes forcés de reconnaître qu'elle est placée en même temps à la fois dans ces trois conditions, et que, par un phénomène monstrueux, elle réunit en elle ces trois manières d'être essentiellement incompatibles et contradictoires.

Ainsi, le gouvernement est étranger à l'Eglise l'art. 5 de la Charte de 1830.

par

Le gouvernement est allié à l'Eglise en vertu du Concordat de l'an IX.

Enfin, le gouvernement est hostile à l'Eglise, et par plusieurs de ses lois, et par tout ce qu'il se dit obligé d'autoriser contre elle.

Et toutefois, par un stratagème que nous n'osons pas qualifier, quand le gouvernement le veut, il n'est plus rien de tout cela. Si on lui demande d'exécuter son alliance avec l'Eglise, il dit que la Charte le lui défend; si on l'invite, au nom de la Charte, à ne pas se mêler du spirituel, il dit que le Concordat l'y autorise. Si on le conjure de faire fermer des cours scandaleux, il dit qu'à ses yeux toutes les croyances sont libres, et qu'il a pour toutes la même indifférence. Enfin, si on lui dit qu'avec cette indifférence pour toutes les croyances il ne peut pas diriger souverainement l'éducation, il dit que c'est son droit... Voilà où en est l'Eglise avec la France, telle que l'ont faite les révolu

tions.

Est-il nécessaire d'être un homme d'Etat pour comprendre que c'est là un mal profond, que c'est une cause de ruine inévitable, puisque c'est un état de choses impossible? N'est-il pas évident que si, par un aveuglement insensé on conservait quelque temps encore au cœur de la France ces éléments qui se détruisent récipro

quement par leur nature, les plus habiles politiques seraient impuissants à prévenir une dissolution sociale? Est-il possible de ne pas sentir que toutes nos souffrances, tous nos débats, tous nos dangers, viennent de cette position triplement fausse? Et, pour rentrer plus intimement dans notre sujet, est-il possible que, dans une position si fausse et si cruelle, l'Eglise, pour continuer son œuvre de sanctification, ne se heurte pas sans cesse contre l'Etat, puisquelle se trouve en rapports continuels avec lui, sans pouvoir se dire si elle traite et si elle vit avec un étranger, ou avec un allié, ou avec un ennemi, ayant à le ménager à tous ces titres, ayant à souffrir de lui sous tous ces rapports?

L'État, comme étranger à l'Église, croit être en droit de lui apporter son indifférence; comme allié, ses chaînes; comme ennemi, ses persécutions: c'est-à-dire que, par la combinaison perfide et la complication inextricable de ces trois titres, l'Etat peut trouver à son gré, dans son organisation et dans ses lois, des prétextes pour ne lui faire aucun bien, des raisons et des moyens pour lui faire tout mal possible.

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