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<< tomber en dissolution. Apprenez aux peuples

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« la soumission qu'ils doivent à mes lois, et le « respect qu'ils me doivent à moi-même. »

L'Église répond, et toujours elle a répondu qu'elle le veut bien, mais à la condition que l'État la laissera libre d'employer les moyens qu'elle a reçus de Dieu pour guérir les grandes maladies sociales, moyens qui, seuls, peuvent opérer ces guérisons impossibles à tous les traitements humains. L'Église ne demande à l'État ni dépenses, ni sacrifices, ni rien d'onéreux, elle lui dit seulement : « Veuillez me laisser << faire l'œuvre de moralisation dont vous décla« rez vous-même avoir besoin je travaillerai « pour vous, et vous recueillerez les fruits de « mes travaux. » C'est bien sans doute la condition la plus bienveillante et la plus acceptable.

Eh bien! cette condition, l'État ne l'accepte

pas; il réclame le concours de la religion, mais en même temps il lui borne ou lui ravit ses moyens d'action. Si elle demande des élèves pour ses petits séminaires, l'État lui en détermine le nombre, et fait en sorte que ce nombre même, quoique insuffisant, ne soit pas atteint. Si elle croit devoir, dans ces temps difficiles, mettre en œuvre les ordres religieux qui tou jours lui ont été suscités aux jours des grands

besoins de l'humanité, l'État lui dit que les lois ne le pérmettent pas. Si ses pontifes et ses prêtres réclament contre les doctrines fausses et pernicieuses, l'État les traduit à son conseil suprême ou les traîne devant les cours d'assises; si, surtout, elle demande sa libre part dans l'éducation de la jeunesse, déclarant que c'est par là surtout qu'elle doit renouveler les générations, l'État livre sous ses yeux la jeunesse aux mains d'un corps essentiellement sceptique et magnifiquement privilégié, qui tient seul la porte de toutes les carrières; enfin, si elle demande à jouir au moins de la même liberté que les peuples qu'on lui donne à combattre, l'État l'enchaîne par des lois exceptionnelles, au point de refuser à ses chefs la faculté de se réunir ou de s'entendre même par les moyens les plus innocents et les plus universellement permis à tous les citoyens. Voilà ce que fait le gouvernement; puis, quand il a de la sorte mis l'Église aux fers, quand il lui a lié les pieds, enchaîné les mains et fermé la bouche, il lui dit encore, avec un air de protection amie : « Aidez- nous donc à sauver le « monde; » comme si on ne comprenait pas qu'une invitation semblable avec une telle conduite n'est plus qu'une amère dérision!

Aussi, que voyons-nous ? l'immoralité publique toujours de plus en plus audacieuse, ré

gnant sous diverses formes sur toutes les classes, depuis les Chambres électorales jusqu'aux orgies populaires; l'égoïsme assiégeant la législature, tarissant la famille, organisant froidement des économies homicides dans les rouages de l'industrie; puis, de temps en temps, ces millions de personnalités égoïstes se rapprochant, se groupant en factions redoutables, marchant toutes sous le drapeau menteur de quelque intérêt public, mais, dans la réalité, menaçant de briser tous les droits et d'absorber tous les pouvoirs au profit des ambitions individuelles. D'où viennent ces éléments de mort, sinon de l'extinction du sentiment religieux? Et d'où vient cet affaiblissement de la foi, sinon de ce que l'État ne permet pas à l'Église de pénétrer librement dans ces masses désordonnées, surtout par l'éducation, pour y infiltrer cet amour de Dieu et des hommes dont le christianisme seul a le secret, qui seul est le remède à la plaie de l'égoïsme, qui seul, par cela même, donne une base solide aux trônes, et des liens durables aux sociétés.

L'Eglise, par suite des entraves que le gouvernement met à son action, ne peut donc pas faire à l'État le bien qu'elle est appelée à produire; que dis-je? par l'effet inévitable de cette fausse position, non-seulement l'État tire

peu d'avantages de l'action de l'Église, mais, avouons-le, il en souffre.

Et comment n'en souffrirait-il pas, puisque par là il se suscite un adversaire de plus, et quel adversaire! Le pouvoir spirituel, c'est-à-dire celui qui agit directement sur les consciences, celui qui pose au fond des âmes la vraie sanction de tous les devoirs sociaux, celui qui seul peut affermir l'ordre public, parce que seul il représente l'ordre éternel! Répétons encore une fois ce qui s'est passé depuis quinze ans.

Le clergé catholique, adorant les voies de la Providence dans les faits accomplis, et refoulant au fond de son cœur des affections légitimes, se rapprochait du pouvoir nouveau avec une loyauté fondée sur l'espoir de trouver dans la liberté promise un précieux dédommagement à tous les avantages perdus. Tout prospérait en . paix dans ce rapprochement qu'on avait à peine osé espérer; et les peuples, à l'exemple de leurs pasteurs, laissaient s'amortir peu à peu leurs inquiétudes et leurs regrets. Cependant les pasteurs des âmes, sentant toujours le même joug peser sur leur ministère, demandèrent timidement d'abord et secrètement cette liberté promise; puis, après douze années d'attente, quelques-unes de leurs réclamations devinrent peu à peu publiques: bientôt elles furent écla

tantes et unanimes; puis enfin des instances de l'Église et des refus de l'État résultèrent des conflits; et voilà qu'aujourd'hui la guerre est l'État lui-même vient de la

menaçante, et que déclarer en frappant d'un injurieux appel un prince de l'Église.

Maintenant, nous le demandons: Dès que le gouvernement fait la guerre à l'Eglise, qu'estce que l'Église peut faire pour lui? Peut-elle prêcher efficacement aux peuples la soumission au pouvoir, quand elle-même est obligée de lui résister publiquement? Peut-elle les exhorter efficacement à l'aimer, quand elle-même est obligée de s'en plaindre? N'est-elle pas forcée de voir se détruire aujourd'hui entre ses propres mains ce qu'elle avait fait avec courage et sincérité en faveur du nouvel ordre de choses? Et les peuples, qui l'imitaient dans ses actes de subordination paisible et de rapports amis, ne reçoiventils pas d'elle en ce moment des exemples tout contraires? Est-il donc possible que l'on ne voie pas ce qui en résulte de déconsidération, d'affaiblissement, osons le dire, d'ébranlement pour un pouvoir. Aussi, qu'on le sache bien, ceux qui se réjouissent le plus de la guerre faite à l'Eglise, ce sont les ennemis du gouverne

ment.

Il est facile maintenant de se rendre compte

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