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décision des Universités en faveur du divorce. Bientôt (1533) le Parlement interdit tout appel à Rome, de quelque nature qu'il soit, puis (1534), tout en protestant qu'il veut conserver la vraie doctrine, il abolit formellement l'autorité du Pape en Angleterre; et pendant ces écroulements successifs de l'édifice divin qu'ils étaient chargés de protéger de leur parole, tous les Evêques anglais se taisent!...

C'en est assez; cette démonstration n'a malheureusement qu'un tort, c'est d'être beaucoup trop concluante. Il résulte donc des le çons de l'histoire, que le silence des Evêques à quelquefois favorisé et déterminé dans l'Eglise de grands et irréparables malheurs. Dire que de là ressort un préjugé légitime, et que le silence que l'on veut nous imposer doit, par cette seule considération, nous paraître un parti fort dangereux, n'est-ce pas rester bien en deçà d'une conclusion rigoureuse?

Quoique ce tableau n'ait pas besoin de contraste pour être frappant, nous pourrions cependant le faire ressortir encore par un spectacle tout à fait opposé. Nous pourrions faire voir que, dans tous les temps, les plus grands et les plus saints Evêques, c'est-à-dire ceux que que nous devons nous proposer pour exemple,

sont toujours directement et publiquement intervenus partout où ils ont vu un danger pour l'Eglise.

A partir des apôtres, qui, même du fond des cachots, proclamaient que la parole de Dieu ne peut jamais être enchaînée, nous pourrions facilement suivre, de siècle en siècle, la trace lumineuse des pasteurs et des docteurs répandant avec un courage infatigable les éclairs de la vérité, toujours précisément du côté où l'on voulait le plus épaissir les ténèbres de l'erreur; et nous arriverions, sans avoir rencontré un seul démenti, jusqu'à ce glorieux Episcopat français, qui, au sein même de l'Assemblée nationale, rédigeant et votant la Constitution civile du clergé, rédigeait de son côté, signait et publiait, avant de partir pour l'exil, une Exposition de principes qui dirigea, pendant les orages de l'anarchie, les fidèles désireux de leur salut, et sauva le trésor de la foi1.

Il est écrit pour tous, mais il est surtout écrit pour les chefs de l'Eglise : Memento dierum antiquorum, cogita generationes singulas,

1 Nous sommes heureux de rendre ici un hommage particulier à l'un de nos plus illustre prédécesseurs, Mgr de la Luzerne, que le Sacré Collége admit plus tard dans son sein, qui, à l'époque dont nous parlons, fut un des plus courageux comme un des plus savants défenseurs de l'Eglise, et publia son admirable Instruction pastorale sur le schisme de France.

interroga patrem tuum, et anuuntiabit tibi, majores tuos, et dicent tibi. (Deut., xxxII, 7.)

Comment ose-t-on nous proposer de désavouer ce magnifique héritage de nos pères? Comment veut-on que nous les regardions. comme des téméraires ou des insensés, quand l'Eglise nous les présente comme des modèles et des saints?

TROISIÈME PRÉJUGÉ LÉGITIME.

Les pertes qu'a faites l'Eglise en France depuis cinquante ans, et qui se sont toujours consommées pendant le silence des Evêques, doivent pour le moins nous dégoûter de ce parti.

Aux faits immenses que nous venons d'exposer et qu'il nous semble impossible de nier ou d'expliquer autrement que nous, les partisans du silence objectent que les temps sont bien changés et qu'il ne faut pas raisonner d'un siècle indifférent et matérialiste d'après des époques de spiritualisme et de foi.

Il y aurait des réponses très-directes et trèspéremptoires à faire à cette objection; d'abord, parce que l'Esprit saint, en nous ordonnant de tenir toujours en main le glaive spirituel, qui est la parole de Dieu, n'a pas distingué les temps'; ensuite parce que le matérialisme et

1 Assumite... gladium spiritûs, quod est verbum Dei. (Eph., VI, 17.)

l'indifférence, quoique avec des formes diverses, ne régnaient pas moins, en Angleterre, sous Henri VIII, qu'il ne règne de nos jours en France.

Mais comme nous ne voulons donner ici que des preuves de fait et d'analogie, nous allons les prendre dans notre pays même et dans notre siècle.

Ceux qui ont lu les deux ouvrages que nous avons déjà publiés sur la Liberté de l'Eglise, ont certainement acquis la conviction que depuis le Concordat de 1801, l'Etat, en France, a constamment empiété sur son domaine sacré, et que ces empiétements sont autant de tendance au schisme. Or, il est très-facile de remarqner que c'est toujours pendant le silence des Evêques, et, comme le dit l'Evangile, pendant que les hommes dormaient ou semblaient dormir, que ces dommages, pour la plupart irréparables aujourd'hui, ont été causés dans le champ du Seigneur. Que ce silence ait été très-souvent excusable, et même, si l'on veut, inévitable, parce qu'il était matériellement forcé, il n'importe : nous n'avons pas à considérer ici ce silence en lui-même, et, pour mille raisons, nous nous garderons bien de nous en faire le juge; mais nous le constatons comme un fait notoire, et nous en examinons les résultats.

les aumônes publiques et les vœuxde religion.

1° Nous l'avons dit avec une douloureuse conviction: on ne saurait trop gémir sur l'état de gêne et de servitude où se trouve l'Eglise pour exercer la plus douce des vertus dont elle ait enrichi la terre, la charité envers les pauvres. Eh bien! Portalis, sur ce point, pensait absolument comme nous, et il ne supposait pas possibles certaines dispositions qui ont pourtant été réglées depuis et que tout le monde accepte maintenant. Portalis professait que tout ce qui se rapporte aux œuvres de charité est du domaine le plus inalienable de l'Eglise ; « que les « fabriques sont établies autant pour l'adminis<< tration des aumônes que pour l'entretien des << temples1; que d'ailleurs l'administration des << aumônes n'est et ne peut être le privilége « exclusif d'aucun établissement quelconque', << et qu'il faut avoir bien peu de philosophie « pour croire que la froide sollicitude d'un ad<< ministrateur peut remplacer les soins géné

1 Rapport à l'empereur (14 mars 1806). Au reste, cette opinion était fondée sur l'art. 76 du 18 germinal an X. On tient tant aux articles organiques, d'où vient qu'on n'a pas, en pratique, respecté celui-là, quoiqu'il ait été consacré de nouveau par l'art. 1er du décret du 30 décembre 1809?

2 Rapport à l'empereur (16 avril 1806).

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