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mental? Sur tout cela, quoique chaque prêtre puisse avoir ses pensées particulières, le clergé n'a pas collectivement et surtout n'a pas émis publiquement d'opinion. Qu'on en soit donc bien sûr, nul d'entre nous n'est tenté de jeter dans la balance de ces intérêts, qui cependant sont aussi les nôtres, le poids d'une seule de ses paroles. Donc, partout où il ne s'agit que de politique, quoique tous, comme citoyens, puissent y intervenir, le prêtre catholique n'y intervient pas. Donc, s'il est intervenu dans les dernières discussions, c'est que des intérêts tout autres que ceux de la politique y étaient en jeu.

Les hommes du Pouvoir trouvent mauvais que nous les repoussions. Nous le faisons bien à regret; mais pourquoi veulent-ils venir et régner sur un domaine dont nous sommes les gardiens, et sur lequel ils n'ont aucun droit ?

Vous voulez disposer souverainement, dans toutes les écoles, de toutes les doctrines, quand vous-mêmes n'avez pas de doctrines ni religieuses, ni morales; alors, nous, qui avons des doctrines révélées, nous vous disons que vous êtes incompétents, et que votre monopole est injuste, absurde, impie; et nous vous repoussons comme nous vous repousserions du tabernacle, si de vos mains profanes vous vouliez y saisir le

Saint des saints pour en disposer à votre gré; parce que le Verbe de Dieu est tout aussi adorable pour nous quand il est transmis par la parole, que lorsqu'il est distribué sous des espèces mystérieuses. Et vous appelez cela faire de la politique!

Vous prétendez entrer, comme moteur indépendant et comme première puissance, dans l'action hiérarchique de l'Eglise, vous qui pourriez même ne pas être un enfant de l'Eglise; alors, nous, qui appartenons de droit divin à cette hiérarchie, nous vous disons que vous ne pouvez à aucun titre y imprimer le mouvement; que, bien que ministres du roi, vous êtes dans l'Eglise un simple fidèle, qui ne pouvez y jouir que des pouvoirs très-limités que l'Eglise ellemême vous a confiés, et qu'en voulant aller au delà, vous mettez de vous-même la main à l'encensoir et vous rendez coupables d'une usurpation sacrilége. Et vous dites que c'est là faire de la politique! Mais alors, où est donc la Religion? Mais, en tout cela, est-ce que nous ne restons pas exclusivement sur le terrain de l'Eglise, et, loin de faire de la politique, est-ce que tous nos efforts ne se bornent pas à fermer à la politique la porte de l'Eglise ? Donc les questions dans lesquelles nous avons préféré la publicité au silence sont religieuses et non pas politiques.

DEUXIÈME PROPOSITION.

Ces questions sont graves, et même décisives pour la Religion.

Il est vrai, nous dit-on, que la Religion n'est pas étrangère aux questions actuelles; mais elle ne s'y rattache que par sa partie superficielle et par quelques points d'un intérêt secondaire. Sans doute, si la foi était menacée, vous pourriez et devriez user de tous les moyens en votre pouvoir pour la défendre; mais la foi n'est pas immédiatement intéressée dans ce qui fait la matière de vos réclamations et de vos débats. Il n'est nullement dans la pensée du Gouvernement d'attaquer ou d'altérer vos doctrines. Il sait bien, et il professe qu'il est incompétent sur ce point; son intention est, non pas de dogmatiser, mais de gouverner. Or, le gouvernement extérieur de l'Eglise ne tient pas à ce qu'elle a d'essentiel et d'invariable, il appartient à sa discipline qui, de sa nature, change selon les temps et les lieux.

Ce raisonnement est peut-être celui qui séduit le plus souvent des esprits même religieux et droits. Et cependant il renferme presque autant d'erreurs que de mots.

D'abord,quand même la foi neserait intéressée

qu'indirectement dans les questions actuelles, il ne s'ensuivrait nullement que nous ne dussions pas y intervenir. L'ignorance, en fait de religion, n'est qu'indirectement contraire à la foi; qui oserait dire pour cela que nous ne devons pas combattre ce genre d'ignorance? Un danger, même indirect, peut donc être trèssérieux; et partout où la foi court un danger sérieux, l'Evêque doit venir pour la défendre'.

Mais il s'en faut que la foi ne soit pas immédiatement intéressée dans ce qui se passe en ce moment. En effet, s'il était question de confier tout l'enseignement public, en France, à des maîtres formés exclusivement dans les écoles luthériennes, pourrait-on dire que la foi catholique ne serait pas directement menacée par une telle mesure? Or, on a jusqu'ici voulu faire bien pis que cela, puisqu'on a prétendu confier tout cet enseignement public à une puissance qui n'est pas même assez chrétienne pour être hérétique. Qu'importe que le Gouvernement ne veuille pas par lui-même altérer nos doctrines, si, dès lors

1 Au 4e concile de Constantinople, 8e général, les légats du Saint-Siége demandèrent : « Anathématisez-vous Photius? » Quelques Évêques répondirent : « On prononce anathème en matière de foi. Photius est orthodoxe : pourquoi l'anathématiserionsnous? » Les légats répondirent: « Les œuvres sont pires que l'hérésie. » )) - C'est bien là ce que nous ne cessons de répéter dans notre XIXe siècle.

qu'elles seraient exclusivement entre ses mains, il lui serait impossible de les préserver d'altérations profondes et tout à fait destructives? Qu'importe que son intention ne soit pas de dogmatiser, si la tendance inévitable de sa nature constitutionnelle est de jeter la société en dehors de toutes les croyances révélées? Un incrédule ne dogmatise pas; il nie ou il dédaigne. Est-ce que pour cela l'incrédulité n'est pas aussi directement contraire à la foi que l'hérésie? En principe, elle l'est pour le moins autant; mais, en fait surtout, elle l'est aujourd'hui bien davantage.

De nos jours, en France, un gouvernement qui se mêlerait positivement de dogmatiser ne nous paraîtrait que médiocrement à craindre; d'abord, parce qu'il serait accueilli par le ridicule, arme terrible parmi nous pour ceux mêmes qui n'en craignent pas d'autres; ensuite, parce qu'au moins nous saurions sur quel point nous garantir contre ses atteintes. Mais un gouvernement qui n'a d'autres dogmes que de n'en point avoir, qui, par le fait de son défaut absolu de croyances, laisse un libre cours à toutes les erreurs, et qui, dans cet état, veut soumettre l'Eglise tout entière à son action souveraine, tend non plus seulement à l'attaquer, mais à l'enchaîner, à l'étouffer, à l'anéantir. Avec un

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