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été annoncées, n'a pas presque toujours vu dans les rangs de ses ennemis quelques puissances du monde? Est-ce qu'il a paru beaucoup d'erreurs importantes qui n'aient eu quelque prince couronné pour patron, et quelques lois humaines pour sauvegarde ? Qu'est-ce donc que l'histoire de l'arianisme et de toutes les hérésies, sinon le combat incessant de l'Eglise de Dieu contre des actes de pouvoir, et des dispo sitions de lois favorables au mensonge et au blasphème? Qu'est-ce donc que l'histoire du moyen âge, sinon la résistance solennelle de l'Eglise à l'arbitraire calamiteux de princes barbares et à l'oppression de lois iniques? Enfin, qu'est-ce que l'histoire de notre époque, sinon, d'une part, l'incrédulité, l'administration et la politique en conjuration permanente contre l'autorité divine de l'Eglise catholique; et de l'autre, cette même Eglise destituée de tous les moyens humains, poursuivie partout ce qu'il y a de plus redoutable sur la terre, combattant presque seule pour l'intégrité des doctrines et la liberté des conssciences?

Il est bien vrai que l'Eglise, cette grande école de respect, comme l'a nommée un illustre homme d'Etat, ordonne à tous le respect et la soumission envers les rois et les puissances

établies. Voici même, sur ce point, ses enseignements immuables: Omnis anima potestati→ bus sublimioribus subdita sit: non est enim potestas nisi a Deo : quæ autem sunt, a Deo ordinatæ sunt. Itaque qui resistit potestati, Dei ordinationi resistit. Qui autem resistunt, ipsi sibi damnationem acquirunt. (Rom., XIII, 1–2). Voilà les principes que nous professons, que nous enseignons tous, et nous pouvons sans crainte défier ceux qui nous attaquent, de nous en présenter de plus formels ou de plus rassurants pour les Etats et pour les princes.

Mais, est-ce que l'Ecriture, dans cette recommandation imposante, ne suppose pas toujours que la puissance est exercée selon Dieu, et que, par cela même, elle n'a rien de contraire ni aux lois, ni aux institutions divines1?

Si l'Eglise ne devait réclamer ni contre l'erreur, ni contre l'injustice, ni contre l'oppression, dès lors que les puissances de la terre s'en déclareraient les protecteurs et les garants, il faudrait donc qu'elle ne s'opposât pas au mal,

1 On invoque souvent cette parole du divin législateur: Reddite quæ sunt Cæsaris Cæsari; mais on oublie beaucoup d'autres paroles du Dieu Sauveur, qui la restreignent en l'expliquant; celle-ci, par exemple: Nolite timere eos qui occidunt corpus (Lục, x1), qui implique évidemment l'ordre de résister quelquefois à la plus haute puissance humaine, à celle qui a droit de vie et de mort.

précisément lorsque les forces coalisées avec lui le rendraient plus redoutable; il faudrait qu'ainsi, elle désavouât tout son passé, qu'elle se découronnât de sa plus pure gloire, et qu'au lieu d'ètre, comme toujours, le dernier appui du faible et la défense incorruptible de l'opprimé, elle abandonnât précisément, à l'heure du danger, sa mission réparatrice; et que dans l'occasion elle se mît silencieusement à la solde de toutes les tyrannies triomphantes? Mais faire à l'Eglise du Sauveur des hommes cette ignoble proposition, n'est-ce pas vouloir qu'elle se déshonore, qu'elle s'avilisse, qu'elle se détruise elle-même, elle qui ne doit avoir ni taches, ni rides', elle dont le règne ne doit pas plus avoir de fin que celui de son divin auteur?

Donc, de ce que le danger de l'Eglise vient des lois et des puissances humaines, il ne s'ensuit nullement que ses chefs ne doivent pas élever la voix pour l'en préserver.

2o Mais, nous dit-on, ne voyez-vous pas que vos adversaires sont trop forts et trop habiles pour que vous puissiez espérer de les désarmer par vos paroles? Vous ne ferez rendre plus furieux et plus à craindre.

par là

que

les

Nous reconnaissons volontiers cette impuis

1 Ephes., v, 27.

sance de nos paroles, nous admettons même qu'elles peuvent avoir immédiatement le résultat dont on nous menace. Mais, est-ce que c'est là dans l'Eglise un état de choses nouveau, estce que ce n'est pas ainsi que l'œuvre de Dieu a marché dans tous les siècles? Est-ce que jamais. la parole apostolique a été, par elle-même, capable de briser les complots des rois et des empereurs contre l'Eglise? Est-ce que, loin d'écarter le danger pour le moment, elle ne l'a pas sur l'heure rendu souvent plus terrible et plus inévitable? Quand les apôtres parlèrent contre l'idolâtrie sous les Néron idolâtres; quand les Athanase parlèrent contre l'hérésie sous les Constance hérétiques ; quand les Anselme et les Thomas de Cantorbéry parlèrent pour les droits de l'Eglise et la sainteté de la morale sous des princes oppresseurs, cupides et débauchés; quand l'Episcopat français de 1790 parla pour le maintien de la hiérarchie catholique sous le couteau de l'anarchie menaçante; quand, enfin, le doux et patient Pie VII parla pour l'inviola-bilité du Saint-Siége sous le canon d'un vainqueur à qui rien ne résistait; ces chefs illustres de l'Eglise pouvaient-ils espérer que leur parole fût immédiatement victorieuse de tant d'obstacles? Ne savaient-ils pas, au contraire, ne voyaient-ils pas évidemment que cette parole

de lumière et de zèle tomberait sur le cœur de leurs ennemis comme l'étincelle qui détermine l'explosion?

Ils ont parlé néanmoins, et la sainte Eglise a béni leur parole, et l'impartiale histoire l'a déclarée glorieuse, et ceux mêmes qu'elle a foudroyés ont fini par lui rendre hommage.

Et pourquoi donc ont-ils parlé, ces premiers pasteurs de l'Eglise, en présence d'inévitables et d'insurmontables dangers ? Pour quatre motifs: 1° afin d'accomplir le premier de tous leurs devoirs1; 2° afin de fortifier les vrais fidèles de leur temps dans les voies du salut; 3° afin de préparer le triomphe de la vérité et de la justice pour le jour, ordinairement assez proche, marqué par la Providence ; 4° afin d'éviter les malheurs spirituels, souvent décisifs, qui résultent presque toujours du silence des Evêques dans ces graves circonstances, comme on a pu s'en convaincre par le témoignage de l'histoire.

Nous sommes, sans aucun doute, incomparablement plus faibles que ces grands pontifes; mais nous n'en sommes pas moins les héritiers de leur ministère, et nous avons à remplir les

1 Nam si evangelizavero, non est mihi gloria: necessitas enim mihi incumbit; væ enim mihi si non evangelizavero! (1 Cor., Ix, 16.)

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