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aujourd'hui on fait mémoire de ce miracle. Saint Epiphane (4) est peutêtre le seul des Pères qui a cru que les noces de Cana se firent le 6 janvier, jour auquel l'Eglise latine en célèbre la solennité.

Suivant le témoignage de saint Epiphane, le miracle des noces de Cana se renouvelait tous les ans, en plusieurs endroits, pour la conviction des incrédules. On voyait, dit ce Père, en divers endroits, des fontaines et des rivières dont l'eau se changeait en vin ou en prenait le goût avec la couleur, le 6 janvier. Il fait mention d'une de ces fontaines, qui était à Cibyre, dans la Phrygie ou dans la Carie, qui se changeait en vin le jour que l'Eglise fait l'anniversaire du miracle opéré par Jésus-Christ aux noces de Cana, et à la même heure que le Sauveur prononça ces paroles : « Versez au maître d'hôtel. »

Ce saint proteste qu'il en avait fait l'expérience, et qu'il avait bu luimême du vin de celle qui était à Cibyre. Il parle encore d'une autre fontaine qui était dans l'église de Gérase en Arabie, où s'opérait le même miracle, et dont ses compagnons avaient bu. Il assure que plusieurs disaient la même chose des eaux du Nil (1).

En présence d'un tel prodige et de l'étonnement qu'il pourra causer à quelque lecteur, qu'on nous laisse dire ici avec le P. Thomassin, dans une circonstance semblable: « Je sais qu'on a quelquefois de la peine à ajouter foi à ces miracles; mais on me permettra bien de dire que le plus souvent cette incrédulité ne vient que de ce qu'on ne distingue pas assez les divers degrés de créance et de certitude, et qu'on s'imagine ne devoir pas croire tout ce qu'on ne doit pas croire comme une vérité de foi. Ce n'est rien moins qu'une véritable force ou solidité d'esprit qui cause ces défiances; ce n'est qu'une inadvertance pure, et le peu de réflexion qu'on fait sur une infinité de choses qu'on croit et qu'on ne croit que sur des fondements incomparablement plus légers que ceux que nous proposons. Ceux qui ne veulent pas se donner la peine de faire ce retour sur eux-mêmes, devraient au moins ètre persuadés qu'il y a de la témérité de s'élever au-dessus des plus savants Pères de l'Eglise, qui ont cru et ont écrit un fort grand nombre de merveilles semblables » (2).

(1) In multis locis usque in hunc diem hoc fit, quod tum factum est divinum signum in testimonium incredulis, velut testantur in multis locis fontes ac fluvii in vinum conversi. Cibyres quidem urbis Cariæ fons, qua hora hauserunt ministris, et ipse dixit: Date architriclino. Testantur et in Geraso Arubiæ fons similiter. Nos bibimus de Cybires fonte, fratres vero nostri, de eo qui est in Geraso, in Martyrum templo. Sed et multi in Ægypto de Nilo hoc testantur (Hæresi. 51).

(2) Traité des Fêtes, p. 246 et 247.

Mais, dira-t-on, si le miracle annuel dont parle saint Epiphane arrivait le 6 janvier pour autoriser celui des noces de Cana, il y a bien de l'apparence que la conversion de l'eau en vin se fit le même jour auquel ce miracle était renouvelé tous les ans, le 6 janvier. Autrement, si le premier miracle était arrivé un autre jour, celui du changement des eaux en vin serait équivoque par rapport au premier miracle. Cependant il est certain que les Pères ont ignoré le jour précis que se fit le miracle des noces de Cana, et on ne saurait presque douter qu'il ne soit arrivé sur la fin de février ou au commencement de mars. Ainsi, il semble que cette célèbre tradition dont parle saint Epiphane sera très-douteuse, ou qu'il faut fixer le premier miracle de Jésus-Christ au 6 janvier.

« Cette difficulté, dit le P. H. de Sainte-Marie (1), s'évanouira d'ellemême, si on fait attention que, comme il ne nous est point nécessaire de savoir auquel jour les mystères se sont opérés, Dieu peut les honorer par des miracles au jour que l'Eglise a choisi pour les solenniser. »

Baronius remarque que c'est l'effet d'une condescendance admirable de la divine Providence, d'avoir permis que ce miracle eût lieu le 6 janvier, quoique, selon toutes les apparences, celui de Cana ait été opéré un autre jour, afin, dit ce grand cardinal, de faire paraître la parfaite union qui est entre le chef et les membres, c'est-à-dire de Jésus-Christ avec l'Eglise, puisque celui-là veut honorer par un miracle annuel le jour que celle-ci célèbre avec beaucoup de solennité la mémoire d'un si grand événement (2).

Cette conduite de Dieu sur l'Eglise n'est pas sans exemple.

C'était la coutume, en Occident, de donner le baptême la veille de Pâques. Or, c'est une tradition constante que les fonts baptismaux se remplissaient miraculeusement ce jour-là dans plusieurs églises, non pas pour marquer le jour que J.-C. avait été baptisé, mais pour faire connaître que c'était le temps que l'Eglise avait désigné pour donner solennellement le baptême. Il arriva même une fois qu'on se méprit au choix du jour de Pâques. Alors les fonts baptismaux restèrent à sec jusqu'au jour que devait être la Pâque, et ce jour-là les fonts sacrés se remplirent. Ce miracle arriva du temps du pape Zozime, et c'est Paschasin, évêque de Lilybée en Sicile, qui rapporte ce prodige, très-célèbre et très-bien attesté, comme le texte même de ce récit le prouve (3).

(1) L. c. sup., t. 2, p. 361 et suiv.

(2) Cum diem quem in tantæ rei gestæ memoriam solemniter ipsa celebrat, ille his miraculis voluerit annis singulis illustrare (ad ann. 31, no 33).

(3) Quædam vilissima possessio Meltinas appellatur, in montibus arduis ac

Baronius rapporte un autre exemple d'un semblable miracle. L'on conserve à Naples une fiole du sang de saint Etienne, qui se liquéfie tous les ans le jour de l'Invention des Reliques de ce saint martyr, le 3 août. Cependant, lorsque Grégoire XIII corrigea le calendrier et qu'il y ajouta dix jours, le miracle du sang de saint Etienne arriva le jour que l'Eglise célébrait la fête de l'Invention de ses Reliques, et non pas dix jours après, comme auparavant. Baronius dit que le cardinal François-Marie Taurisio avait été témoin oculaire de cette merveille.

<< Cela marque, conclut Baronius, que Dieu approuve par des miracles ce que fait l'Eglise romaine et le souverain Pontife » (1).

En terminant ces notions sur le miracle des noces de Cana et sur les traditions qui s'y rattachent, nous ne pouvons oublier de mentionner un souvenir dont plusieurs églises de France, d'Allemagne, d'Italie et autres pays se glorifient, et qu'elles vénèrent avec raison. Nous voulons parler des urnes de pierre, au nombre de six, dans lesquelles l'eau fut changée en vin par J.-C. Quelques-uns de ces vases se sont conservés jusqu'à présent. Avant 1789, on en montrait un dans le monastère de Port-Royal de Paris; il était exposé dans le chœur des religieuses. La tradition veut que saint Louis, en revenant de la Terre sainte, le transporta à Paris. Dans le milieu de cette urne, sous les anses, on lisait deux caractères hébreux; elle était en porphyre rouge, et contenait environ cinquante-deux pintes de Paris, mesure équivalente aux deux métrètes dont il est fait mention dans l'Evangile.

Dans ces dernières années (1851, 1852 et 1853), les Annales archéologiques ont accueilli d'intéressantes communications sur quelques-unes de ces urnes de Cana.

sylvis densissimis constituta, illicque perparva atque vili opere constructa est Ecclesia. In cujus baptisterio nocte sacrosancta Paschali baptizandi hora, cum nullus canalis, nulla sit fistula, nec aqua omnino vicina, fons ex se repletur, paucisque qui fuerint, consecratis, cum deductorium nullum habeat, ut aqua venerat, ex sese discedit..... Cum ergo apud Occidentales error ortus fuisset, consuetis lectionibus nocte sancta discussis, cum presbyter, secundum morem baptizandi horam requireret, usque ad lucem aquam non venientem, non consecrati, qui baptizandi erant, recesserunt. Ut ergo breviter narrem, illa nocte quæ lucescebat in diem dominicam, decimo die calendas maii, fons sacer hora competenti repletus est. Evidenti ergo miraculo claruit occidentalium partium fuisse errorem (Paschas., apud S. Leonem, epist. 63). Voyez un prodige de ce genre dans S. Grégoire de Tours, Miraculorum, lib. 1, chap. 24, 25

et 26.

(1) Ex hoc plane constat, divinis suffragiis, quæ in sancta romana Ecclesia ab ipso romano pontifice constituta sunt, probari atque firmari (in notis ad Martyrolog., 3 augusti).

Angers possède un de ces vases, en porphyre rouge, de 47 centimètres de hauteur sur 40 centimètres de diamètre de dedans en dedans. Avant la révolution de 1793, il était honorablement conservé dans le chœur de la cathédrale d'Angers, au sud, en une niche au bas de laquelle on lit encore cette inscription: Hydria de Cana Galileo (urne de Cana en Galilée). Ce vase demeura en ce lieu de 1701 à 1793, l'espace de quatre-vingt-douze ans. Auparavant, il était dans le chœur de la même église, mais en une autre niche beaucoup mieux ornée, de l'époque du XVe siècle, style flamboyant avec pinacles. Le bon roi René avait été le donateur de cette urne, en 1450.

On trouve, dans un manuscrit qui date des premières années du XVIIIe siècle, ces quelques détails relatifs aux cérémonies instituées et composées par René à l'occasion de ce vase: « Les Nopces.-Second dimanche d'après l'Epiphanie. On fait l'office comme aux dimanches ou doubles ou semi-doubles. » Après la bénédiction de l'eau pour asperger le peuple, le « maire-chapelain.... va, précédé d'un porte-bénitier, de deux acolytes et du porte-croix commune, tous quatre en aubes, du côté de l'épître, dans le sanctuaire, au lieu où est la cruche de Cana, exposée sur une crédence parée d'une nappe par les soins du garde-reliques, qui l'expose pendant prime, et la laisse ainsi exposée aux yeux du public jusqu'après sexte. Ledit maire-chapelain bénit le vin que le garde-reliques a mis dans ladite cruche, tenant son messel (missel) en main, dans lequel il prend la bénédiction qui estoit autrefois particulière, mais perdue par négligence.... Nota. On n'expose point cette cruche qu'il n'y ait un cierge ardent tant qu'elle est exposée. »>

Après l'aspersion de l'eau-bénite, le maire-chapelain, revêtu « d'une chape blanche, se couvrant les épaules d'un voile aussi blanc, va au lieu où est la cruche de Cana, précédé de deux chapelains chapés de blanc, tenant en main chacun une torche blanche allumée, tous trois couronnés de couronnes de romarin par-dessus leurs camails, qu'ils n'ôtent point, ne se découvrant pas.... Le garde-reliques présente au maire-chapelain.... une burette de cristal ou une des plus belles burettes antiques d'argent, pleine de vin bénit dans ladite cruche. Laquelle burette il couvre des deux extrémités de son voile, en sorte qu'on ne voit que le devant de la burette. »

Suit la procession, où l'on porte en grande pompe la burette précitée, et à laquelle assistaient l'évêque, les chanoines, etc. Au commencement de la messe, on posait la burette sur le maître-autel, du côté de l'épître; on ne consacrait pas d'autre vin que celui de cette burette pour le saint sacrifice.

<< Enfin a lieu la distribution du vin bénit dans la cruche. Le gardereliques, en étole, distribue, tant que la cruche est exposée, à un chacun le vin bénit. Le peuple y est en grand nombre. »

Le monastère de Saint-Florent, près de Saumur, possédait jadis un autre vase de Cana, don de Charlemagne. On ne sait ce qu'il est devenu. Quant à celui d'Angers, il a été l'objet de l'attention sérieuse des antiquaires les plus distingués, qui n'ont pas émis le plus léger doute sur sa très-haute antiquité. Cette urne a été creusée au tour, procédé très en usage dans la Judée pour la fabrication des vases de cette sorte, qui servaient aux ablutions des personnes et au lavage des ustensiles de table.

Les mascarons fort remarquables qui ornent ce vase, par leur style semblent appartenir à l'art égyptien. Qui sait si ces vases ne sont pas provenus de ce pays quand les Israélites en sortirent sous la conduite de Moïse? Nous donnons cette conjecture pour ce qu'elle vaut, et non comme le résultat d'une étude particulière de ce curieux objet.

A la suite de cette notice, que nous abrégeons beaucoup, M. Didron a placé quelques aperçus ingénieux et vrais que nous engageons à lire et à méditer, comme tout ce qui sort de la plume de cet éminent archéologue. On doit le remercier, au nom de la tradition religieuse et de l'art, d'avoir donné le dessin fort exact de l'urne d'Angers.

Parler des autres vases que l'on conserve hors de la France nous mènerait trop loin on peut lire avec fruit, là-dessus, les Annales archéologiques.

Tout fait penser que l'urne de Port-Royal est dans un des dépôts publics de Paris: on a déjà constaté son existence ultérieure au musée des Petits-Augustins. Enfin, un fragment de celle du trésor de l'abbaye de St.-Denis est déposé au cabinet des antiques de la Bibliothèque impériale.

Si l'on retrouve l'urne de Port-Royal, il serait à désirer qu'elle allât prendre place, avec le fragment de la Bibliothèque impériale, dans le sanctuaire de la Sainte-Chapelle du Palais. Pourquoi le vase d'Angers ne retournerait-il pas aussi à la cathédrale, où sa place est toute marquée ?

NOTE 9.

OFFICE DES FUNÉRAILLES DE L'ALLELUIA.

Ce terme d'Alleluia nous paraît avoir été mis à presque toute sorte d'épreuves. Nous ne remonterons pas jusqu'à ces siècles reculés où, avant l'invention des cloches, il servait de signal pour appeler à la prière les

TOME III.

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