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E. DENTU, LIBRAIRE - ÉDITEUR

GALERIE D'ORLEANS, PALAIS-ROYAL, 13

1860

DE LA PAPAUTÉ

ENVISAGÉE

SOUS UN POINT DE VUE NOUVEAU •

« Mon royaume n'est pas
de ce monde. »

La question du jour est celle de la Papauté; de la complication qui existe entre ses deux souverainetés, de natures essentiellement différentes et difficilement conciliables l'une avec l'autre. La forme pratique sous laquelle elle se présente, réclamant impatiemment une soluțion, il s'agit de savoir si, dans l'intérêt même de la Papauté et de la Religion, il est nécessaire de reconquérir par la force armée européenne les Romagnes qui se sont soustraites à la domination temporelle du Pape; ou si, au contraire, pour mieux maintenir,

1. Une véritable pluie de brochures sur ce sujet vient fondre en ce moment sur Paris; le chiffre, dit-on, s'est déjà élevé au delà de cent. L'auteur de celle-ci ne peut guère espérer que le sort de passer inaperçu parmi la foule. Toutefois, si par hasard quelques lecteurs bienveillants se donnent la peine de feuilleter ces pages pour y voir ce qu'ils pourraient y rencontrer de nouveau sur la question du jour envisagée sous un point de vue transatlantique, ils lui pardonneront les mille défauts de style qui doivent nécessairement se trouver dans le travail d'une plume étrangère.

La prose française d'aujourd'hui, telle qu'on la lit non-seulement dans les ouvrages plus sérieux, mais aussi dans les feuilles quotidiennes, est si belle, si incisive et si pure, que l'auteur de cette prose anglofrançaise n'oserait, même dans l'humilité de l'anonyme, se hasarder au milieu de tant d'écrivains dont les productions font lutte d'esprit et de grâce sans cette sollicitation préalable d'indulgence.

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LA QUESTION DE LA PAPAUTÉ.

pour rehausser même l'autorité spirituelle du Saint-Siége, dans toute la plénitude de sa puissance et de sa majesté, il ne conviendrait pas plutôt d'accepter cette séparation comme un fait accompli.

L'idée saisissante de la brochure-manifeste qui dans ce moment occupe tous les esprits sérieux, et dont l'effet relève moins de la nouveauté de sa suggestion que de son opportunité, de son inspiration reconnue, et de sa puissance d'une éloquence calme et haute, est que, dans le véritable intérêt de la catholicité, le Saint Père ne devrait plus lui-même vouloir continuer d'être un roi; c'est-à-dire un roi sur une étendue de territoire et de population s'élevant aux dimensions et au caractère d'un royaume, avec sa politique mondaine, ses partis, ses tendances nationales, ses agitations populaires, ses armées, ses sbires, ses prisons et ses échafauds; - Que le Pape devrait redevenir purement et simplement le suprême Pontife du monde catholique; position auguste et sublime dans laquelle il serait soutenu par les garanties les plus solennelles de toutes les puissances catholiques réunies dans une combinaison internationale européenne; en étant inaintenu dans son indépendance nécessaire, avec toute la splendeur sacrée du culte dont il est l'archiprêtre, non plus désormais par un petit budget local prélevé sur la faible population de ses sujets actuels, mais par une contribution généralisée de toutes les nations et de tous les peuples catholiques. Loin de vouloir abaisser ou ternir.la tiare, l'auteur de la brochure (stat nominis umbra, mais l'ombre en est très-grande) veut plutôt en rehausser l'éclat, en lui allégeant le poids écrasant de la couronne mondaine, et en la relevant de la poussière où elle est à présent, pour ainsi dire, foulée aux pieds des passions politiques.

Quelle qu'en ait été l'origine ou l'inspiration, c'est une grande et haute pensée que celle-ci. Elle est accueillie par les uns non-seulement comme une solution heureuse et opportune de ce problème du jour qui avait paru presque insoluble, mais aussi comme l'idée d'une réforme vraie, pratique et précieuse; féconde en beaux résultats pour la Religion, pour l'Eglise, pour la Papauté, et aussi pour la paix du monde. Elle est repoussée par les autres comme une utopie impraticable, née d'un esprit hostile à la Religion, à l'Église et à la Papauté, et ne devant aboutir, dans son exécution, qu'aux effets les plus désastreux pour elles toutes.

Je me hasarde à apporter une humble contribution trans

atlantique à cette discussion qui, dans ce moment, fermente dans l'esprit européen, tout en étant d'un intérêt bien plus -large que l'Europe.

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J'ose déclarer d'avance que si cette question était soumise librement (c'est-à-dire sans influence ecclésiastique pour forcer les opinions et les consciences) aux suffrages des deux millions de mes compatriotes catholiques 1, ils se prononceraient à la presque unanimité en faveur de cette simplification, qui serait la régénération de la Papauté spirituelle 2. Aussi si elle était mise à exécution, aucune population égale dans toute la catholicité ne les dépasserait dans la libéralité de leurs contributions annuelles, recueillies dans toutes leurs églises, pour le maintien convenable du successeur de saint Pierre sur le Saint-Siége; quel que soit le système qui serait adopté dans ce but chez les autres nations, soit par la voie d'une collecte régulière d'offrandes pieuses et volontaires des fidèles, sur l'appel annuel de la hiérarchie de l'Église, soit par celle de subventions fixes assurées par des garanties internationales par les gouvernements catholiques.

Supposons le cas où le pouvoir temporel serait réduit à la cité sainte, avec une petite étendue de campagne, suffisante seulement pour l'approvisionnement et les servitudes de la ville. Supposons encore que ce centre consacré de la catholicité, élevé en dehors et au-dessus de la politique mondaine sur le sommet du monde religieux, soit voué à la neutralité et à la paix perpétuelle sous la garantie d'un commun traité international de toutes les puissances européennes. Il est

1. Il est probable que le nombre actuel n'est pas loin de deux millions et demi.

2. A l'époque de la fuite du Pape à Gaète en 1848, et avant l'intervention française, quand il paraissait douteux si son autorité temporelle pourrait se rétablir à Rome, cette question se présentait aux esprits, ayant déjà été antérieurement suggérée par les écrits de l'abbé Lamen- nais, et elle fut beaucoup discutée aux États-Unis. Les opinions se rangeaient généralement à l'avis que l'autorité spirituelle gagnerait beaucoup, au bout du compte, à cette séparation complète du pouvoir temporel qui alors paraissait assez probable. Il ne manquait pas même de bons catholiques qui rêvaient une transférence du siège de la Papauté aux États-Unis, où ils croyaient qu'un grand avenir attendait la catholicité, et où elle ne pouvait exister que comme autorité purement spirituelle.

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