Sayfadaki görseller
PDF
ePub

tre les partisans et les adversaires des idées innées? Ce que nous cherchons ici, c'est la véritable philosophie, interprète fidèle du bon sens. Est-elle dans la doctrine de ceux qui admettent des idées innées, ou de ceux qui font dériver les idées des sens? Les premiers ont-ils le droit d'accuser les derniers de matérialisme? Si l'on voulait reconnaître et abandonner les malentendus qui ont entretenu ces disputes, elles s'évanouiraient pour toujours.

1° La véritable philosophie admet-elle des idées innées ? Sans approfondir la question comme dans un cours de philosophie, demandons ce que l'on a entendu par idées innées. Platon, qui en est l'inventeur, répond que ce sont les notions générales de l'ordre le plus relevé, les plus hautes universalités; qu'elles sont les exemplaires et les formes éternelles des choses; qu'elles existent par elles-mêmes, étant l'objet présent à la raison de l'auteur de toutes choses; elles composent le monde intelligible: affranchies de toute condition de l'espace et de la durée, elles seules méritent le nom d'êtres. Rien ne leur correspond dans le monde extérieur et sensible il serait impossible d'en expliquer la génération si elles n'étaient indépendantes de l'expérience, et par conséquent innées, c'est-à-dire placées dans l'esprit immédiatement par Dieu même pour servir de principes à nos connaissances. Avant de nous être ainsi communiquées, elles résidaient dans l'intelligence divine, comme autant de formes et de modèles, d'après lesquels la divinité a ordonné l'univers. Il faut que nous ayons appris dans un autre temps les choses que nous rappelons dans cette vie. Aussi tout ce que nous paraissons apprendre n'est au fond que réminiscence (1).

(1) Histoire comparée des systèmes de Philosophie, par M. de Gérando, tome 2e, page 242...

Si l'on admet cette doctrine sans restriction, comment expliquera-t-on cette préexistence dans laquelle l'homme a appris ce qu'il rappelle en cette vie? Et ces vérités, que Dieu a communiquées à l'âme qui vient en ce monde, sont pas connues sans le secours de l'expérience qui les rappelle elles sont comme des vérités oubliées, des idées endormies, ideœ sopito, comme on l'a dit quelquefois. Or, quand nous avons entièrement perdu une idée, par exemple, d'une personne, il faut la voir ou l'entendre, pour renouveler cette connaissance, comme si nous ne l'avions jamais connue. Puisqu'il faut recourir à l'expérience sans laquelle les idées innées sont comme non avenues, à quoi bon les chercher dans l'intelligence divine? Quelles lumières peut-on puiser à cette source touchant la formation de ces idées ? Ce n'est pas par des mystères qu'on explique ce qui est obscur.

On conçoit néanmoins que cette philosophie ait souri aux âmes élévées dans le christianisme, qui montre partout la grâce divine comme présidant à l'ordre surnaturel, influant sur l'esprit de l'homme pour l'éclairer, sur son cœur afin de le toucher, sur sa volonté pour la diriger et le fortifier dans la pratique, et qui élève et unit les cœurs à Dieu par la prière et la contemplation de ses perfections adorables. Aussi les docteurs ou les pères de l'Église, dans les premiers siècles, ont-ils fait une alliance du Platonisme et de la doctrine de l'Évangile. Le plus remarquable est saint Augustin qui s'exprime ainsi dans son livre purement philosophique de la Quantité de l'âme : « La raison cherche et explore la science; le raisonnement est l'exercice qui y conduit. La puissance de l'âme s'exerce par sept degrés successifs. L'intuition, la contemplation de la vérité elle-même, est le dernier acte, le terme sublime de ses efforts; elle parvient à la cause première,

à l'auteur suprême de toutes choses: contemplation enivrante et délicieuse, dont la clarté, la pureté sont telles, et qui ' inspire une confiance si entière, qu'on n'accorde plus le nom de science à ce qu'on croyait savoir jusqu'alors. » Dans les deux livres sur l'Ordre, il dit encore : « La culture des arts libéraux conduit l'âme à l'auteur de toutes choses; car elle la dirige à ce qui est un, simple et certain. Le vrai savant pourra sans témérité aspirer aux choses divines, non-seulement par la croyance, mais aussi par l'entendement et la contemplation. Personne ne pourra prétendre à cette haute connaissance s'il n'est préparé par une double instruction, l'art du raisonnement et la science des nombres. Il conçoit d'abord l'unité, non dans la loi suprême et dans l'ordre universel, mais dans la sphère des sensations et des actions ordinaires. Cette science de l'unité est le terme de la philosophie; elle a deux objets, l'âme et Dieu... Tel est l'ordre des études du sage, qui le rend capable de concevoir le système des choses, c'est-à-dire de distinguer les deux mondes et de s'élever au Père de l'universalité. Dans le monde sensible, il faut considérer le temps, le lieu; chaque partie y est inférieure au tout, se refère au tout; dans le monde intelligible, chaque partie est aussi parfaite que le tout même... La vérité est supérieure au vrai; elle est une, immuable éternelle. Les corps ne sont donc point des objets vrais. Car le corps ne peut exister sans une figure; mais la figure dont il se montre revêtu est inférieure à cette figure parfaite et rigoureuse que la géométrie conçoit et démontre. Il n'y a donc de vrai que Dieu et les esprits. La vérité est la cause de l'intelligence. » Ces paroles sont extraites des Soliloques(1). Et tous ces livres sont purement philosophiques.

(1) Histoire comparée des systèmes de Philosophie, par M. de Gérando, tome 4, pages 67--72.

Par cet exposé, qui est l'application des idées de Platon, on conçoit comment saint Augustin et les autres disciples fidèles du fondateur de l'Académie jusqu'à Malebranche, ont prétendu que nous voyons tout en Dieu. En Dieu résident, d'après Platon, les idées qui seules méritent le nom d'êtres, et qui sont les modèles d'après lesquels il a ordonné l'univers. Et ces idées sont des genres qui contiennent toutes les espèces et tous les individus, dont se compose le monde intelligible. Pour que l'âme connût ces idées, il a fallu que Dieu les lui communiquât. Mais comment se sera faite cette communication? Par la manifestation que Dieu lui a faite de son essence qui renferme les idées; car c'est dans ces idées que nous voyons les objets, et non pas en eux-mêmes.

Que le lecteur exempt de préoccupation de systèmes philosophiques, juge avec son bon sens ces échantillons de philosophie Platonicienne empruntés aux sources les plus respectables, et qu'il décide s'il comprend bien pourquoi les idées dont il s'agit méritent seules le nom d'êtres; comment l'essence divine se manifeste à lui quand il acquiert la connaissance soit des vérités, soit des objets, et s'il les voit réellement dans cette essence divine; quelle est cette science de l'unité qui est le terme de la philosophie; quelle est cette contemplation de la vérité qui porte à ne plus donner le nom de science à ce qu'on croyait savoir; pourquoi l'existence n'appartient qu'au monde intelligible, etc. Si la foi chrétienne a préservé les saints docteurs des écarts auxquels conduit naturellement une telle philosophie, il n'en a pas été de même de tant d'autres qui, de leur temps même, ont tiré les conséquences renfermées dans ces principes en élevant des systèmes d'idéalisme et de panthéïsme spirituel. On ne voit pas autre chose dans les systèmes multipliés des néo

Platoniciens, parmi lesquels on distingue surtout Plotin et Porphyre à Rome, et Proclus à Athènes. Tous ont admis une génération des esprits dérivant de l'unité primordiale, et un monde intelligible seul réel. Le moyen de connaître la vérité était de s'unir par la contemplation à l'unité ou à l'esprit divin, source de toute lumière. « L'âme, dit Plotin, émane de Dieu; elle préexistait à sa propre union avec le corps; en se séparant de lui, elle remonte à sa source. Ici-bas elle s'unit à l'âme divine, par elle à la divinité même dans laquelle elle puise toutes ses connaissances; car la source la plus pure et la plus élevée des connaissances est dans la contemplation des formes divines. L'âme peut être admise à s'unir étroitement avec le principe de toute intelligence, et à puiser dans ce commerce une illumination sublime. » Porphyre raconte que Plotin obtint quatre fois dans sa vie la faveur de cette communication intime avec l'Etre suprême et incompréhensible, et que lui-même en a joui une fois aussi. L'extase religieuse conduisait ainsi ces païens à la contemplation des grandes vérités. Et Proclus, après avoir reçu une sorte de consécration d'Asclépigénie, fille de Plutarque, l'un de ces néo-Platoniciens, passait une partie de sa vie dans les évocations, les apparitions, les purifications, les jeûnes, les prières, les hymnes, le commerce avec les dieux, la célébration des fêtes du paganisme. L'auteur de sa vie raconte qu'Apollon lui apparut dans une maladie et le guérit (1).

Les païens firent un mélange de la doctrine de Platon et des traditions orientales de la Chaldée, de l'Inde, de la Perse, auxquelles Platon lui-même avait été initié. Les docteurs juifs lui adjoignirent les mystères de la Cabbale. Plusieurs

(1) Histoire comparée des systèmes de Philosophie, par M. de Gérando, tome 3e, pages 370-419.

« ÖncekiDevam »