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duire dans le pélerinage de la vie jusqu'à ce qu'il ait atteint sa destinée. La fidélité à suivre cette étoile bienfaisante est l'auréole qui distingue le roi de la création en l'élevant au-dessus de tout ce qui l'entoure. Si la lumière de cet astre s'obscurcit ou si l'homme refuse de la suivre, il descend au niveau de la brute ou plus bas encore. C'est par l'usage de sa liberté morale qu'il se place dans l'une ou l'autre de ces conditions, se laissant courber par l'instinct animal jusqu'à l'ordure, ou faisant dominer l'instinct moral qui le porte vers les cieux. Ce bon ou mauvais usage de la liberté étant plus ou moins constant, plus ou moins général, décide des temps heureux ou funestes dans la vie des individus et de la société. L'histoire des peuples et du genre humain présente des époques à jamais flétries par la dépravation générale du bon sens. Alors il a cessé d'être général ou sens commun, et il est devenu le partage de la minorité. L'époque la plus mémorable de cette décadence dans le passé a été celle de Noé: Omnis caro corruperat viam suam (1). Elle se reproduira à la fin des temps, et amènera une seconde et dernière fois la destruction du genre humain.

IV. Les difficultés qui entourent les études philosophiques, les écarts auxquels l'esprit humain est exposé dans ces explorations, et que l'histoire nous montre dans les divers. siècles, tout cela ne doit-il pas les faire regarder comme inutiles, et faire proclamer le bon sens naturel comme l'unique guide de l'homme, en lui adjoignant la foi religieuse aux enseignements émanés de la Divinité?

L'humanité, sans doute, n'aurait pas été plus malheureuse si elle s'était laissée toujours guider par le bon sens naturel, sans recourir à des théories philosophiques, et l'on ne

(1) Gén. 6.

saurait prendre un meilleur parti, si le monde présentait partout la droiture de ce bon sens uni à des mœurs patriarcales; mais les progrès de la civilisation, avec les vices qui l'accompagnent, lèguent aux divers siècles des besoins analogues; et l'un des besoins les plus impérieux du monde, à l'âge où il est parvenu dans ce XIXe siècle, est sans contredit l'étude de la philosophie, et surtout l'apparition d'un bon cours de philosophie, qui puisse rallier les esprits droits et donner à la jeunesse de nos écoles cette force de sagesse qui fait l'homme vertueux dans toutes les situations de la vie.

1o Peut-on révoquer en doute ce besoin dans un siècle qui s'est paré du titre de siècle des lumières, qui prétend faire reposer tout l'ordre social sur des théories philosophiques, qui opère des révolutions fréquentes au nom de principes opposés, qui voit s'agiter des esprits ardents, et quelquefois les masses, dans le but de réaliser une idée prétendue philosophique, déclarant la guerre même à leurs concitoyens, pour les dépouiller, au nom de cette idée, des institutions sociales qui remontent au berceau de l'humanité, telles que la famille et la propriété ? N'a-t-on pas érigé en droit la destruction de ces institutions fondamentales dans une multitude de livres qui prétendaient parler au nom du bon sens et de la philosophie? Les citoyens n'ont-ils pas été appelés à sanctionner de leurs votes, dans leurs comices, ces doctrines prétendues populaires? Appelés à remplir les fonctions de législateurs, n'ont-ils pas eu souvent la charge de développer des principes de philosophie? N'est-il pas encore récent, par exemple, le souvenir de cette assemblée législative, qui, pendant plusieurs jours, transforma sa tribune en chaire de philosophie, développant les raisons qui défendaient ou com

battaient le droit d'infliger la peine de mort? A une époque qui voit les plus grands intérêts de la société mis en question, menacés ou attaqués au nom de principes philosophiques, est-il permis à la classe éclairée de se renfermer dans son bon sens naturel et de rester étrangère à la théorie de ce bon sens ou à la philosophie? N'est-il pas évident que dans plusieurs circonstances elle peut être obligée de se prononcer entre divers partis qui invoquent des principes opposés, et d'adopter ainsi, ne fût-ce que sur la foi d'autrui, une vraie ou une fausse philosophie? Et cette classe éclairée peut-elle diriger sagement les masses, si elle ne possède ellemême une bonne et véritable philosophie ?

Sans doute, les idées ou opinions conservatrices finissent par triompher de l'erreur parée des dehors de la science, grâce au bon sens public qu'on peut égarer un temps, mais qui se rétablit par son propre poids comme un navire sur une mer agitée. Mais ne serait-il pas plus avantageux de prévenir l'orage et l'effusion de sang? Les doctrines religieuses sont encore une digue puissante à opposer aux opinions dangereuses qui bouleversent l'ordre social. Mais si la foi à ces doctrines est affaiblie soit par les clameurs des passions effrénées, soit par l'adoption de fausses théories, où sera le salut de l'humanité sinon dans les doctrines saines qui dissipent les nuages de l'erreur et font reparaître resplendissante la vérité, comme un soleil brillant après la tempête ?

2o L'ordre social, à notre âge, ne peut donc être protégé que par une véritable, saine et bonne philosophie unie à la véritable foi religieuse. Mais chaque particulier, au milieu de la paix générale, n'a pas moins de besoin de cette protection. Héritière des doctrines philosophiques ou sophistiques du XVIIIe siècle, à combien d'attaques n'est pas exposée

la raison de chacun dans ces livres qu'on a répandus avec tant d'ardeur, qui trouvent tant de lecteurs et dans lesquels on proclame, au nom du bon sens et avec la séduction du style, un matérialisme grossier, la légitimité des jouissances et des passions qui dégradent, l'inexorable nécessité ou le destin qu'on substitue à la Divinité dans le gouvernement du monde, donnant ainsi pour but unique à la sagesse humaine le bien-être et le plaisir de la vie présente sans aucune vue sur une vie future? Et ceux-là même que de nobles sentiments affranchissent des désordres qui font rougir ne trouvent-ils pas un piége dans ces livres sérieux qui intronisent la morale naturelle et philosophique comme la suprême législatrice du genre humain ; qui rabaissent la doctrine de l'Évangile au niveau des doctrines philosophiques, donnant au Christ un rang distingué parmi les sages et les bienfaiteurs de l'humanité, et reléguant parmi les fables de la mythologie toutes les révélations qu'on attribue à la Divinité? Si ceux qui lisent ou entendent de telles doctrines ne sont pas munis des ressources que l'art ajoute à la nature pour distinguer le sophisme du véritable raisonnement, un vrai principe d'une opinion fausse ou hasardée, comment sauveront-ils leur foi religieuse?

La multitude, en effet, quand elle est abandonnée aux seules forces du bon sens naturel, accueille sans défiance toute doctrine qui lui est présentée avec art; et l'erreur s'accrédite facilement par la beauté du style et l'artifice du sophisme. On ne peut pas en douter quand on voit la faveur accordée à ces esprits malfaisants qui attaquent également l'esprit et le cœur dans un si grand nombre de livres préconisés, revêtant toutes les formes littéraires, depuis les traités philosophiques jusqu'au roman et à la chanson. Ce livre est

bien écrit, dit-on, donc il contient la vérité; l'auteur a beaucoup d'esprit, donc il a raison. Malheur donc à celui qui ne fortifie pas son instruction par une saine philosophie, véritable interprète du bon sens ! il succombera bientôt à des attaques si multipliées. Si la société était infestée par une multitude d'assassins, la force publique ne suffirait pas à sa défense chacun devrait se munir d'une arme défensive et apprendre à s'en servir. Le siècle est devenu fort raisonneur; il n'est pas d'extravagance qu'on ne puisse entendre appuyée d'un raisonnement. Vous, à qui l'on s'adresse, choisissez entre ces trois partis : ou approuver, ou réfuter victorieusement le sophisme, ou passer pour un igno

rant.

3o A ces considérations suggérées par les besoins du siècle actuel, ajoutons celles qui sont applicables à tous les peuples civilisés. D'abord, si c'est une nécessité pour l'homme instruit de parler correctement, si ce besoin donne de l'importance à l'étude des grammaires et des vocabulaires, n'est-il pas également intéressé à parler et à raisonner avec justesse, et à fortifier son bon sens par une bonne théorie des vérités fondamentales, et par l'étude des règles qui font discerner le vrai et le bien dans toutes les situations de la vie? Chacun parle des faits intérieurs et les désigne par des termes usuels qu'on a rendus vagues et indéterminés. Un esprit cultivé ne serait-il pas honteux de tomber dans un faux raisonnement ou un malentendu, faute de donner à ces mots un sens déterminé, et de parler en aveugle de facultés, de sentiments, d'idées, d'intelligence, d'entendement, de volonté, d'esprit et de cœur, de réflexion, de jugement, de raisonnement, de mémoire, d'imagination, de certitude, etc.? Or, c'est à la véritable philosophie qu'il appar

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