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tient de préciser et de déterminer la signification de ces

mots.

Et les affections morales ou les passions qui remplissent la vie humaine et sont l'âme des relations sociales, tantôt se concentrant dans l'intérieur de l'homme, tantôt se portant sur les autres; ce cœur humain, qui reçoit tant de caractères par la combinaison des motifs de nos actions et qui est l'objet de tant de jugements sur les autres et sur soi-même, de tant de livres de morale et de tant de discours adressés au public: ne convient-il pas de les soumettre à une étude sérieuse qui les fasse connaître avec exactitude, et qui rende intelligibles les détails qu'on lit ou qu'on entend? Combien d'auteurs parlent inexactement quand ils traitent ces matières, faute d'une étude suffisante de la psycologie morale, et combien de lecteurs sont incapables de bien comprendre les raisonnements qu'on leur adresse sur des dispositions même habituelles qui leur sont à peu près inconnues alors qu'elles dirigent leur conduite!

Il n'est pas nécessaire d'ajouter l'importance spéciale d'un bon cours de philosophie pour préparer à l'étude de certaines sciences, telles que la théologie, le droit, etc. Mais il est bon de remarquer un avantage de la véritable philosophie relativement à toutes les sciences en général, savoir, la force qu'elle donne à l'esprit pour les cultiver et en reculer les limites. Par elle, il s'agrandit et devient capable d'embrasser un grand nombre de connaissances et d'en saisir l'enchaînement; il juge sainement les doctrines et dévoile l'erreur cachée sous des formes séduisantes; il l'évite lui-même dans les œuvres soit littéraires soit scientifiques, parce qu'il a trouvé le moyen de fortifier le goût naturel. Aussi la philosophie est-elle l'âme de l'éloquence et de la

littérature. C'est par la force de la raison, dont elle est l'interprète, que les élans de l'orateur entraînent la multitude, et que les œuvres de l'art se revêtent de cette vraisemblance qui fait douter si elles sont le produit de la simple nature. Sans elle l'imagination engendre la folie; sans elle la chaleur du sentiment, jointe à l'agrément du style, peut plaire un instant, mais elle ne peut pas soutenir l'intérêt et donner aux fictions une vie durable. C'est par elle enfin que les œuvres, non-seulement de Cicéron ou de Démosthène, mais encore d'Horace, de Virgile, de Molière, de Corneille, de Racine et de tant d'autres se sont frayé une route à l'immortalité.

CHAPITRE II.

FAUSSES OPINIONS RÉPROUVÉES PAR LA PHILOSOPHIE.

Environnée de dangers, la société, telle qu'elle est au XIXe siècle, a le plus grand besoin d'une philosophie qui soit la véritable théorie du bon sens, et qui puisse le préserver de la dépravation. Mais où trouver cette bonne et véritable philosophie? Il est inutile d'exhumer une multitude de systèmes condamnés à l'oubli. Il suffit de jeter un coup-d'œil rapide sur les opinions mentionnées dans les ouvrages et les discussions du temps présent.

Signalons d'abord celles qui ne peuvent trouver place dans la véritable philosophie : l'athéisme, le panthéisme, le matérialisme, le fatalisme, l'idéalisme, le déisme, le toléran

tisme. Le but avoué de toutes ces opinions, excepté les dernières, est d'enlever à l'homme tout espoir d'une vie future, seule consolation dans le malheur. Et les afflictions ne sontelles pas le patrimoine commun de l'humanité? Si toute la destinée de l'homme est dans la vie présente, n'aura-t-il pas le droit de regarder sa raison comme un présent funeste? Ne devra-t-il pas envier le sort de la brute, qui, sans inquiétude pour l'avenir, est incapable de grossir par son imagination les privations passagères qui lui sont imposées, et que sa nature si bornée affranchit des plus grandes peines, des affections morales ou des peines du cœur ? Qu'un jour l'humanité entière soit persuadée que tout son bonheur se borne à la vie présente : avec quelle impétuosité chacun se précipitera sur des biens fragiles, sans s'inquiéter des victimes qu'il pourra faire sur son passage, et s'exposant volontiers à perdre une existence qui lui est à charge sans la possession de ce bonheur terrestre ! La societé résisterait-elle à de telles secousses? Nier l'existence d'une vie future, c'est donc appeler sur l'humanité tous les fléaux destructeurs, c'est abjurer le bon sens. Mais ajoutons un mot sur chacun des systèmes qui conduisent à de telles conséquences.

1° L'athéisme attaque la croyance la plus respectable de tous les siècles. L'instinct moral a toujours maintenu parmi les hommes la foi à un juge suprême, qui les fait comparaitre à son tribunal à la fin de cette vie et qui accompagne son jugement d'une récompense ou d'un châtiment, selon les mérites de chacun. Indépendamment des traditions que l'histoire fait remonter au berceau de l'humanité, la réflexion sur l'ordre admirable que présente l'univers a toujours proclamé l'existence d'un Etre suprême, qui en est l'auteur et le conservateur. Au milieu mème des erreurs grossières du

paganisme, le genre humain a conservé cette croyance sous les fictions de Jupiter, père des dieux et des hommes, de l'Élisée et du Tartare. L'athéisme est donc réprouvé par le bon sens de tous les siècles; il a dû prendre naissance dans un cœur corrompu avant que de passer dans l'esprit ; car quel intérêt la vertu trouverait-elle dans la négation de Dieu ? Dixit insipiens in corde suo: Non est Deus. (1)

2o Il est un panthéisme spirituel, qui présente la divinité comme un principe duquel émanent tous les esprits, et l'âme humaine en particulier, rendus ainsi participants de la nature divine; et un panthéisme absolu qui donne le nom de Dieu à la collection de tous les êtres dont se compose l'univers. Vouloir attribuer la nature divine à la multitude des esprits ou des corps, c'est nier l'existence d'un Dieu distinct de l'univers. Le panthéisme n'est donc qu'un athéisme retourné.

3o Le matérialisme ne serait pas dangereux s'il avait toujours conservé la droiture de ses premiers auteurs. Les premiers qui se livrèrent à des réflexions philosophiques distinguaient l'âme du corps, la regardant comme une portion de matière très-déliée, telle que l'air, l'éther, le feu, parce qu'ils ne comprenaient pas encore l'existence d'un être dépouillé de toute propriété matérielle. La croyance en Dieu, législateur et juge suprême, se conciliait avec cette opinion. Mais les passions grossières dont le fruit était l'athéisme ont conçu un matérialisme plus coupable, lorsque, au sein même du christianisme, elles ont proclamé l'âme matérielle et borné sa destinée à la tranquillité du tombeau. La vertu ne serait pas moins alarmée d'un tel système que de l'athéisme.

Ce matérialisme grossier ne s'est pas borné à la néga(1) Ps. 52.

tion de l'esprit; il s'est appuyé, avec un appareil scientifique, sur des observations physiologiques qu'on ne peut contester. L'âme, en effet, quoique essentiellement distincte du corps, dépend néanmoins dans ses fonctions de l'état du corps: le délire, la folie, l'idiotisme, ne permettent nullement d'en douter. On a cherché à étendre et à systématiser ces observations outre mesure, voulant soumettre à l'influence du cerveau toutes les dispositions intellectuelles et morales de l'homme. Qui n'a entendu parler des protubérances et de la crânologie de Gall? Ces opinions qui soulèvent naturellement des contestations, different entièrement du matérialisme. Mais les matérialistes ont trouvé commode de proclamer l'identité, au lieu de la simple dépendance de l'âme et du corps. Ils ont encore renforcé leur opinion par l'impuissance d'expliquer l'action mutuelle de l'àme sur le corps et du corps sur l'âme.

Le bon sens se révolte contre la conséquence admise par les matérialistes. On voit dans la nature bien des phénomènes ou même des êtres dépendre de certains autres qui appartiennent à un ordre tout différent; et dès-lors la dépendance de l'âme par rapport au corps ne donne nullement le droit de conclure que l'âme soit matérielle. Cette conclusion n'est pas moins illégitime quand on la déduit de l'impuissance d'expliquer comment le corps agit sur l'âme pour qu'elle éprouve des sensations, et comment l'âme agit sur le corps pour qu'il exécute des mouvements. La nature est remplie de mystères semblables, sans qu'on les conteste pour cela; on n'expliquera pas la manière dont un grain de blé en engendre trente accusera-t-on d'erreur pour cela l'agriculture et l'horticulture? Les sentiments, les idées, les opérations intellectuelles ne peuvent faire aucune impression.

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