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sur les sens; on ne peut leur appliquer aucun de nos sens; ils ne contiennent aucune des qualités sensibles qui font reconnaître des faits corporels, telles que la couleur, l'étendue, etc. Ces faits intérieurs diffèrent donc par leur nature des faits corporels, et ils résident dans un être ou dans une substance de nature différente, en un mot, dans une âme immatérielle. Contre une vérité évidente on ne peut faire prévaloir une proposition que l'on fonde sur des mystères.

Au reste, il faut se tenir en garde contre la précipitation quand on accuse de matérialisme un auteur physiologiste. Parce qu'on semblera attribuer la sensibilité ou l'activité aux nerfs ou à d'autres organes, on n'a pas pour cela une opinion matérialiste. C'est pour abréger le discours que l'on dit, par exemple, les nerfs de la sensibilité, au lieu des nerfs par le moyen desquels s'exerce la sensibilité.

4° Si l'abus des observations physiologiques conduit au matérialisme, il conduit plus directement au fatalisme, en présentant tous les phénomènes de l'âme, soit intellectuels, soit moraux, comme le résultat nécessaire de l'organisme, résultat que l'âme ne peut changer. En adoptant cette opinion, on regarde la supériorité du talent comme le fruit unique d'une tête bien organisée, les passions violentes comme la suite nécessaire d'un tempérament bouillant, d'un cervelet très-développé, en un mot, la vertu et le vice comme les suites nécessaires d'un organisme parfait, normal, ou anormal et vicié. Et comme nul n'est responsable de l'état naturel de son organisme, la conséquence de ce système est d'enlever à l'âme la responsabilité et la moralité de ses actions, et de nier ainsi les châtiments d'une vie future. Mais ici encore un auteur qui n'affiche pas le matérialisme peut errer sans tomber dans le fatalisme, savoir, s'il ac

corde aux organes une trop grande influence sur les fonctions de l'âme sans nier pour cela l'exercice de la liberté. On a prétendu que Gall lui-même reconnaissait l'usage de cette liberté, et le pouvoir qu'avait l'âme de lutter contre l'influence malheureuse d'un organisme vicié.

Le fatalisme n'a pas eu pour premier père l'abus des observations physiologiques; ce système, qui remonte à la plus haute antiquité, a été fondé d'abord sur la considération des phénomènes de l'univers qui dans leur uniformité comme dans leur variété sont régis par une force supérieure et irrésistible. Les événements humains semblent participer souvent à ces caractères de nécessité, étant dirigés par des ressorts secrets de la divine Providence on en vint donc jusqu'à soumettre l'homme dans tous ses actes à l'empire d'une force aveugle et irrésistible qu'on appella destin (fatum), d'où est venu le nom de fatalisme.

En dépit de tous les raisonnements sur lesquels on a prétendu appuyer le fatalisme, le bon sens de tous les siècles a toujours cru à l'existence d'une liberté que chacun remarque en lui-même, et qui est l'âme de toutes les relations sociales. Le fatalisme a pu être érigé en théorie, la pratique en a été toujours impossible.

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5o Un autre système est encore venu à l'appui du fatalisme c'est l'idéalisme ou l'immatérialisme. Les auteurs de cette opinion se sont d'abord fondés sur des principes arbitraires, et plus tard ils ont trouvé une apparence de raison dans l'ignorance où nous sommes de la manière dont le corps communique avec l'âme. Au lieu de proclamer l'existence de la seule matière, ils l'ont niée, pour n'admettre que celle des esprits, ou même de leur propre esprit. Et comme l'existence de nos sensations, avec cette opinion,

est un mystère impénétrable, de même que le monde visible, ils ont regardé tous les faits de l'esprit comme soumis à la nécessité. La violence qu'un tel système fait au bon sens en rend la pratique impossible comme celle du fatalisme. L'idéaliste se montrera toujours soigneux de son corps, et désireux des objets propres à le satisfaire, autant que le matérialiste. C'est un rêve qui ne peut avoir beaucoup de partisans, ni devenir dangereux.

6o Une opinion bien plus dangereuse, et qui a égaré beaucoup d'esprits, est le déisme proclamé par les incrédules du XVIIIe siècle. Le protestantisme s'était insurgé contre l'autorité à laquelle a été confiée la garde de la doctrine révélée de Dieu, proclamant l'esprit particulier de chacun juge de cette révélation. L'adoption d'un tel principe devait entraîner l'anarchie en fait de croyance religieuse; et plusieurs esprits ont tiré la dernière conséquence de cette erreur en niant l'existence de toute révélation, et en rejetant entièrement le culte divin fondé sur cette révélation. A la différence de l'athée, le déiste reconnaît l'existence de Dieu; mais il n'admet d'autre manifestation ou communication de Dieu, que celle qui a lieu dans l'ordre de la nature, et il rejette l'ordre surnaturel. En un mot, le déiste fait profession de croire ce que sa raison lui enseigne dans l'ordre naturel, et il refuse de croire tout ce qui s'écarte de cet ordre : c'est ce qui l'a fait appeler incrédule. Le déisme ainsi poussé jusqu'à la négation de tout ordre surnaturel, et n'admettant que les faits et les vérités de l'ordre naturel, est désigné encore par le nom de naturalisme; et la prétention qui proclame la souveraineté de la raison à l'exclusion de toute révélation divine, est appelée rationalisme.

Si les passions humaines ont levé l'étendard de la révolte

contre les vérités et les croyances si anciennes de l'existence de Dieu et de la spiritualité de l'âme, afin de s'affranchir de la crainte des châtiments à venir, à plus forte raison ontelles dû s'insurger contre une morale aussi austère que celle de l'Évangile, et contre la Divinité de son fondateur. Ce Dieu-homme prêchant publiquement sa doctrine, et opérant en plein jour les œuvres merveilleuses qui manifestent sa mission divine, avait à lutter constamment contre l'incrédulité orgueilleuse des scribes, des pharisiens et des docteurs de la loi mosaïque, dont il dévoilait les vices. Est-il surprenant que des hommes aveuglés par des vices semblables refusent de croire, à dix-huit cents ans de distance? Mais, de même que le bon sens des âmes simples et droites condamnait alors la mauvaise foi des ennemis du Sauveur des hommes, de même le bon sens de tous les siècles a condamné et condamnera ceux qui ont refusé ou qui refuseront leur croyance à la révélation si consolante qu'il a apportée sur la terre.

En effet, quoi de plus consolant pour l'homme qui passe un temps si court sur la terre, que la promesse d'une vie éternelle, et la solution du grand problème des afflictions qui lui sont données comme une juste punition du péché, un moyen d'expiation et de bonheur ineffable dans la gloire de Dieu même? Le paganisme, en imaginant l'apothéose de ses grands hommes, aurait-il osé promettre une si brillante destinée à tout le genre humain? L'ame vertueuse aurait-elle jamais pu concevoir une morale aussi pure et aussi honorable que celle qui proscrit jusqu'à la pensée voluptueuse, et qui lui propose à imiter la perfection de Dieu même? Aucun législateur ou philosophe s'est-il montré l'ami de l'humanité à l'égal de celui qui apprend à estimer et à désirer les sacri

fices et la mort même, à aimer comme des frères tous ses semblables, même ses ennemis, et qui sanctionne sa doctrine en s'immolant lui-même à Dieu son père pour sauver l'homme coupable, et lui ouvrir la porte des cieux? Avoir appris que la vie présente est un temps de travail que doit couronner une magnifique récompense, avoir reçu les secours les plus abondants pour arriver à une fin aussi glorieuse, trouver dans cette espérance le calme et le bonheur au milieu des privations de la vie, n'est-ce pas avoir trouvé le plus riche trésor que le ciel puisse accorder à la terre? Et le bon sens placé dans le cœur de l'homme pourrait-il trouver ailleurs une sagesse comparable à celle que lui révèle ainsi le fondateur du christianisme?

Oui, cette révélation, fùt-elle un rêve, serait infiniment chère à l'homme vertueux; il lui serait doux de charmer les ennuis de la vie terrestre par une illusion qui sympathise si bien avec la droiture de sa conscience. Il sent qu'il n'est pas fait pour les jouissances terrestres : un instinct secret le porte vers les cieux. Mais la lumière céleste qui brille dans la révélation évangélique satisfait son esprit autant qu'elle repose son cœur. Vainement on lui dirait que le culte chrétien est un mythe ajouté à toutes les fables du paganisme. Il sait bien que son origine ne va pas se perdre dans l'obscurité des temps, qu'elle remonte au siècle éclairé d'Auguste, et qu'elle sert de date à toutes nos histoires; que le seul fait de l'établissement de l'Évangile manifeste la puissance de Dieu, triomphant de tous les obstacles humains avec les instrumens les plus faibles; que les Livres évangéliques, publiés par des témoins de la vie, de la mort et de la résurrection du Sauveur, n'ont pu contenir que la vérité, étant soumis au contrôle de ses ennemis qui l'avaient mis à mort;

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