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que ces Livres ont été conservés dans leur pureté, étant répandus dès l'origine parmi les peuples qui embrassaient la religion chrétienne. Grâce à cette transmission fidèle, le chrétien sait qu'il trouve dans ces Livres la vérité historique jointe à la vérité de doctrine, puisqu'elle émane d'un Dieu conversant parmi les hommes, Emmanuel; quod est interpretatum nobiscum Deus (1). En les lisant, il assiste aux prédications de ce Dieu-homme; il voit ses révélations confirmées par des œuvres divines et par la sainteté de sa vie. Il y voit la mission donnée à ses disciples d'enseigner tous les peuples, et l'assistance divine promise en leur personne à leurs successeurs jusqu'à la fin des temps. Euntes ergo, docete omnes gentes, baptizantes eos... Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus usque ad consummationem seculi (2). La doctrine ou l'enseignement (docete), le culte extérieur (baptizantes eos), sont ainsi clairement confiés aux Apôtres et à leurs successeurs, que le chrétien trouve dans la personne des Evêques de l'Église catholique, dont le chef a constamment occupé le siége de Rome fondé par Pierre, le chef des Apôtres. La vérité peut-elle recevoir un plus grand éclat, et Dieu pouvait-il rendre plus palpable la certitude de sa révélation?

Mais, dit le déiste, cette révélation contient des choses incroyables, des mystères qui révoltent la raison. - Qu'on dise à un ignorant que la terre tourne, il réplique par des raisonnements qui lui semblent établir que c'est impossible. Un peu plus de lumière fait disparaître cette impossibilité. L'homme le plus habile n'est-il pas cet ignorant par rapport à Dieu qui lui révèle des mystères? Ne doit-il pas penser que Dieu en connaît et pourrait en donner l'explication, lui qui (1) Matth. 1, v. 23. (2) Matth 28, v 20.

est l'auteur de notre raison et que s'il ne le fait pas, c'est parce qu'il veut que nous rendions hommage à sa suprême intelligence et véracité, en croyant sans comprendre et sur sa simple parole? Toute la question se réduit donc au fait de la révélation; et tout esprit droit trouve amplement de quoi satisfaire sa raison dans les preuves qui établissent ce fait. Dira-t-il que cela ne suffit pas, et qu'il ne peut croire sans comprendre? Mais ne croit-il pas un grand nombre de faits inexplicables dans la nature? Il les croit sur le témoignage de ses sens. Et quand il plaît à Dieu de lui manifester des vérités relatives à sa propre nature ou à sa conduite envers l'homme, il s'étonnera de rencontrer des obscurités ! Et sa parole bien connue n'a-t-elle pas autant de force que le témoignage des sens relativement aux mystères de la nature? Le déiste voudrait donc que les dogmes religieux fussent rendus intelligibles ou démontrés comme les vérités qui appartiennent à l'ordre naturel. Mais une telle conduite ne pouvait convenir à Dieu. Si un homme qui a découvert une vérité par le raisonnement la démontre aux autres pour obtenir leur adhésion, c'est parce qu'il n'a pas le droit de leur imposer son opinion et de se faire croire sur sa simple parole. Exiger de Dieu une conduite semblable, c'est lui contester le droit d'imposer à la raison l'obligation de croire sur sa parole: c'est méconnaitre sa suprême intelligence et son infinie véracité; c'est enfin le faire descendre à la condition de l'homme. Bien plus, Dieu ne pouvait agir ainsi sans abdiquer le droit d'exiger la croyance aux vérités révélées celui-là aurait cru qui les aurait comprises; il aurait cru d'après l'autorité de sa raison personnelle, et non pas d'après l'autorité de Dieu; et celui qui n'aurait pas compris aurait eu le droit de refuser sa croyance comme à un

enseignement humain, puisque Dieu en aurait appelé à sa raison.

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Encore, réplique-t-on, si Dieu faisait ses révélations à chacun! Mais ce sont des hommes qui nous disent que Dieu a parlé comment serions-nous obligés de croire à leur témoignage? Dieu n'exige pas la croyance ou la foi sans donner les moyens de connaître que c'est lui qui a parlé. Ceux à qui il a fait directement ses révélations ont reconnu sa présence à des signes certains. Et ceux-ci, à leur tour, ont prouvé la divinité de leur mission par des signes évidents. Par quels raisonnements Jésus-Christ prouvait-il aux juifs qu'il était le Fils de Dieu et que sa doctrine était divine? Il chassait les démons, il guérissait subitement les malades, il ressuscitait les morts. De telles preuves étaient à la portée des ignorants comme des savants. Et comment ses disciples prouvaient-ils plus tard qu'ils étaient les envoyés de Dieu? Par des œuvres divines, semblables à celles de leur divin Maître. Cette manière de prouver était la seule digne de Dieu elle montrait l'action du souverain Maître de la nature. Ceux qui refusaient de reconnaître son enseignement à de tels signes désobéissaient à la raison et au bon sens qu'ils avaient pervertis, et ils étaient responsables d'un abus aussi criant. Ceux qui dans l'histoire et dans les monuments revêtus des caractères évidents de vérité, peuvent facilement trouver la transmission fidèle d'un enseignement qui s'adresse à tous les siècles à venir et les œuvres divines qui l'ont sanctionné, ne sont pas moins coupables s'ils refusent de croire. Dès-lors qu'une loi est promulguée dans un État, ceux qui la violent trouvent-ils une excuse dans l'ignorance qu'ils ont pu facilement dissiper?

Enfin, dit-on, la certitude de la révélation ne peut être

établie que par des miracles. Et une raison éclairée n'admet pas des faits surnaturels. Les moyens de s'assurer de l'existence des miracles sont les mêmes qui nous font connaître les faits naturels, c'est-à-dire, le témoignage des sens, l'histoire et les monuments. On voit un malade, on entend une parole divine, on le voit guéri. De même on voit un homme mort, on entend une parole, on le voit vivant. C'est ainsi que tant de témoins des miracles de Jésus-Christ en ont acquis la certitude. Pouvaient-ils douter de la résurrection de Lazare, qui leur était bien connu, quand ils l'avaient vu malade, puis mort et enterré quatre jours, et ensuite rendu à la vie par l'ordre de Jésus-Christ : Lazare, veni foràs ? (1) Conversant et mangeant avec lui, auraient-ils eu raison de nier le miracle? Oui, dira le déiste, parce que les lois de la nature sont stables et qu'une raison éclairée ne croit pas à leur interruption. Une raison éclairée croit à la toutepuissance de Dieu, auteur et conservateur des lois physiques. Elle croit, que, dans sa sagesse, Dieu a pu de toute éternité prévoir et régler les exceptions par lesquelles il dérogerait à ces lois, comme l'époque de la destruction totale. de ces lois et du monde lui-même; et que dès-lors la sus*pension de quelqu'une de ces lois ne prouve ni imprévoyance, ni inconstance, ni changement de volonté en Dieu. Et quand même la raison ne saurait expliquer la possibilité du miracle, elle serait bien obligée d'en admettre l'existence en présence d'un fait bien patent; on a beau raisonner contre un fait, il résistera toujours. - Oui, je raisonnerai, dit le déiste; pour déroger à une loi il faut une raison, et Dieu n'en a aucune, puisqu'il a manifesté sa volonté aux hommes par la loi naturelle. Arrête, impie et blasphémateur: regarde l'état

(1) Joan. 11, v. 43.

du genre humain avant l'apparition du christianisme. Ne possédait-il pas la raison et la loi naturelle? Et cependant quelle était sa conduite, quand, au lieu de flétrir les vices les plus honteux, il les avait divinisés ; quand il alliait la férocité aux jouissances grossières en faisant couler le sang humain aux pieds de ses idoles? Connaissant les désordres affreux qui désolaient alors la terre, le déiste ne voit-il pas une raison suffisante de la révélation surnaturelle dans le besoin extrême d'une régénération? Et si le genre humain adoptait le déisme, ne retomberait-il pas dans son ancienne dégradation? Les philosophes modernes l'en préserveraient-ils mieux que les philosophes anciens?

On a reconnu, du reste, les fruits que la société pouvait attendre de cette doctrine désolante du déisme, quand, au nom de la raison, on a renversé les autels et démoli les temples de la France; quand on a voulu effacer le souvenir de la religion de nos pères par la substitution de l'ère répu- · blicaine à l'ère chrétienne, d'une semaine de dix jours à la semaine de sept jours qui remontait à la création du monde, par l'invention d'un calendrier philosophique où les saints du christianisme cédaient la place à des végétaux, bien plus dignes du culte des matérialistes et des déistes que les âmes dont les vertus avaient brillé sur la terre, rappelant ainsi les dieux qui, au dire de Juvénal, prenaient naissance dans les jardins des Egyptiens. O sanctas gentes, quibus hæc nascuntur in hortis Numina! On a vu à quelles doctrines s'alliait le déisme et son respect pour la loi naturelle, quand, au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, il remplissait les prisons d'innocentes victimes, dressait l'échafaud et faisait couler le sang français dans toute l'étendue de la nouvelle république sans que l'on pût prévoir la fin de

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