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l'expérience le lui atteste également; mais dans ce cas même, les connaissances, la raison sont subjectives, personnelles dans leur rapport à la personne en qui elles résident, selon le langage rectifié de l'auteur. Soutenir le contraire, ce serait prétendre que ce n'est plus sa raison, que ce ne sont plus ses connaissances. Et tout cela est incontestable en parlant même la langue de l'auteur. En second lieu, sans s'écarter du même langage, on voit aisément que les vérités dites objectives ne sont connues qu'à l'aide de vérités subjectives qui servent de fondement à cette connaissance. Pour que les vérités nécessaires acquièrent à nos yeux cette certitude qu'on appelle valeur objective, ne fautil pas que nous soyons préalablement assurés que nous possédons les idées et que nous connaissons bien leur rapport? Puis-je savoir qu'on énonce une vérité nécessaire par ces mots : Le tout est plus grand que sa partie; si je ne sais pas que j'ai la connaissance claire et distincte du tout, de la partie, et du rapport qui lie les deux termes? Puis-je m'assurer de l'existence d'un corps, si je ne suis certain d'avance de ma propre existence et de l'existence de mes sensations? La connaissance certaine des objets extérieurs et des vérités nécessaires est donc fondée sur des vérités subjectives. Refuser à celles-ci une valeur suffisante comme étant subjectives, c'est ébranler la valeur des premières. Car voudrait-on présenter les vérités nécessaires comme fondement des vérités subjectives? Et sur quel principe nécessaire puis-je fonder ces vérités : « Je me connais, j'éprouve une sensation, je pense à tel objet? » Donc si une vérité n'a pas de valeur suffisante par-là même qu'elle est subjective, on ne peut reconnaître aucune valeur à la connaissance des vérités nécessaires, qui est elle-même sub

jective, et dont la certitude est toujours fondée sur quelque vérité subjective.

Ajoutons un mot sur le reproche de scepticisme adressé à ceux qui refusent d'admettre la raison impersonnelle. Sur quoi se fonde le doute du sceptique? Sur l'absence prétendue de motifs qui établissent la certitude. Mais où trouver ces motifs suffisants, si ce n'est pas dans nos connaissances? Ce n'est pas dans les objets extérieurs, ni dans les vérités purement objectives, puisque ces choses sont pour nous comme si elles n'étaient pas tant qu'elles ne sont pas connues. C'est donc dans la connaissance même qu'il faut chercher avant tout ces motifs; et toute connaissance est subjective, d'après l'auteur. Pour convaincre un sceptique adressez-lui l'énoncé d'une vérité que vous regardez comme nécessaire, et qu'il ne comprend pas Que m'importe, dira-t-il, que cette vérité soit éternelle, qu'elle réside en Dieu, si je ne la comprends pas? Je ne vois là aucun motif qui m'éclaire et me détermine. Et quand verrat-il ce motif? Quand il comprendra la vérité énoncée : ce qui suppose la connaissance des mots et de leur signification, la clarté des idées exprimées par ces mots, et l'évidence du rapport qui lie les idées. A ces conditions est attachée la pleine intelligence de toute proposition; et celle des vérités nécessaires suppose en outre que l'on connaît l'impossibilité absolue d'un changement dans le rapport exprimé entre les termes. Voilà, aux yeux du bon sens public, les vrais fondements de la certitude de nos jugements; et ces fondements sont subjectifs, puisque ce sont des connaissances.

Ces réflexions doivent suffire pour l'appréciation de la théorie de la raison qui vient d'être exposée. Vainement l'auteur montrerait la fausseté de la philosophie de la sensation,

comme il l'appelle. Locke et Condillac ont pu se tromper, sans que pour cela la vérité soit du côté de l'éclectisme. On peut montrer en quoi consistent les sentiments et la sensibilité, les actes et l'activité. Tant que l'on ne montrera pas également en quoi consistent les perceptions ou les idées et la raison, et ce qui distingue cette raison de la sensibilité et de l'activité, il sera permis de la regarder comme une fiction ou un mystère.

CHAPITRE VII.

DES PRINCIPES UNIVERSELS ET NÉCESSAIRES.

La théorie des principes nécessaires occupe une large place dans la philosophie de l'auteur. Il en a été question dans l'exposé de la raison impersonnelle; mais il reste à apprécier sa doctrine sur l'origine ou l'acquisition de ces principes, sur leur valeur, et les formules dont il revêt ceux qu'il présente.

I. Origine des principes nécessaires. C'est principalement dans le livre du Vrai, du Beau et du Bien, que l'auteur expose l'origine des principes nécessaires (1); il distingue deux sortes d'idées et de vérités générales : les unes sont obtenues par l'abstraction, la comparaison et la généralisation, par exemple les idées générales de couleur, d'odeur. « Ce qui rend la généralisation possible dans ce cas,

(1) Leçon 2e.

c'est l'unité du sujet sentant qui se souvient d'avoir été modifié, en restant le même, par des sensations différentes; or, ce sujet ne peut se sentir identique sous des modifications diverses, et il ne peut concevoir dans les qualités de l'objet senti quelque chose de semblable et quelque chose de dissemblable, qu'à la condition d'un certain nombre de sensations éprouvées, et d'odeurs ou de couleurs perçues. Pour arriver à la forme abstraite des principes universels et nécessaires, nous n'avons pas besoin de ce travail.

Puisque tout ce qui porte le caractère de la réflexion ne peut être primitif et suppose un état antérieur, il s'ensuit que les principes qui sont le sujet de notre étude n'ont pas pu posséder d'abord le caractère réfléchi et abstrait dont ils sont aujourd'hui marqués; qu'ils ont dû se montrer à l'origine dans quelque circonstance particulière, sous une forme concrète et déterminée, et qu'avec le temps, ils s'en sont dégagés pour revêtir leur forme actuelle, abstraite et universelle. Par exemple, en présence de deux personnes ou de deux pierres et de deux autres objets semblables placés à côté des deux premiers, j'aperçois cette vérité de la plus absolue certitude, que ces deux pierres et ces deux autres pierres font quatre pierres; c'est là l'aperception en quelque sorte concrète de la vérité, parce que la vérité nous y est donnée sur des objets réels et déterminés. Quelquefois aussi j'affirme d'une manière générale que deux et deux valent quatre, en faisant abstraction de tout objet déterminé : c'est la conception abstraite de la vérité... Le principe qui me fait porter ce jugement est tout entier dans le premier cas; il ne s'agit que d'éliminer la particularité du phénomène où il nous apparaît pour remarquer son universalité et sa nécessité (1). » (1) Pages 40-46.

L'auteur reproduit ici un principe fondamental de sa théorie philosophique qui n'a pas encore été apprécié : « Tout ce qui porte le caractère de la réflexion ne peut être primitif et suppose un état antérieur. » On comprend la distinction de la simple spontanéité et de la réflexion dans l'exercice de l'activité nous exerçons d'abord sans le savoir nos diverses facultés en restreignant la signification de ce mot à l'activité, et toutes celles que nous exerçons avec réflexion, nous les avons exercées d'abord et nous les exerçons encore souvent à notre insu. La même distinction appliquée aux connaissances n'est pas facile à comprendre; car si l'on appelle purement spontanées les connaissances acquises sans réflexion dans l'enfance, on ne peut appliquer ce caractère primitif à toutes les connaissances de l'homme qu'autant qu'on suppose que l'enfant a connu spontanément tout ce qu'il connaîtra avec réflexion dans le cours de la vie. Or, l'enfant a-t-il d'abord connu spontanément ou d'une manière enveloppée les langues grecque ou latine, ou l'histoire, qui sont l'objet de ses premières études? le mathématicien, le chimiste, le médecin, ont-ils connu spontanément tout ce que l'étude et la réflexion leur ont appris dans le cours de la vie?

<< N'est-il pas évident, dit l'auteur, que nous ne débutons pas par la réflexion, que la réflexion suppose une opération antérieure, et que cette opération, pour n'être pas réfléchie et n'en pas supposer encore une autre avant elle, doit être entièrement spontanée : qu'ainsi, l'intuition spontanée et ins tinctive de la vérité précède sa conception réfléchie et nécessaire (1)?» Sans scruter la doctrine de l'auteur pour savoir si toutes ses parties s'accordent avec ce principe, il suffit de rappeler la signification du mot réflexion pour comprendre (1) Page 41.

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