AVANT-PROPOS. Des Ecoles philosophiques ont occupé le public de leurs différends, pendant plusieurs années, sans qu'on ait pu adjuger la victoire ou plutôt la vérité à aucune des parties belligérantes. Il importe cependant aux esprits droits de connaître la valeur des doctrines discutées, surtout si elles font partie de l'enseignement public. C'est pour les aider dans cette appréciation qu'ont été publiées les réflexions suivantes. Elles abrégeront leur travail, soit en facilitant par des indications la lecture des auteurs, soit en suppléant cette lecture par l'exposé des Doctrines. Comme dans cette discussion on mentionne diverses opinions connues sous les noms de Matérialisme, Scepticisme Panthéisme, Déisme, etc., elles seront traitées d'une manière accessoire, en faveur des esprits peu familiarisés avec ces matières. Mais il est bien entendu qu'il ne s'agit pas de renouveler des disputes sur des questions religieuses. Si elles sont mentionnées, ce n'est que parce que leur retentissement ne permet pas de les passer sous silence Mais l'objet principal de ces réflexions est l'appréciation des principes et des théories philo sophiques, indépendamment du point de vue religieux. On trouvera peut-être que c'est arriver trop tard, les querelles étant assoupies. Mais ce n'est pas dans la chaleur du combat qu'on est disposé à entendre la vérité. Il faut du calme pour reconnaître ses torts; et il y en a toujours de part ou d'autre, et quelquefois de tous les côtés, quand on est en guerre. Si la doctrine qu'on regarde comme dominante dans l'enseignement était propre à satisfaire les besoins de la société, il serait permis de garder le silence sur ses inexactitudes: cela pourrait être même un devoir, parce que le bien public est le but suprême de tout enseignement. Mais le besoin généralement senti de Doctrines qui présentent avec évidence les principes conservateurs, les plaintes de beaucoup d'esprits sérieux, le dégoût de bien des jeunes gens pour les théories philosophiques qu'on leur a imposées, donnent lieu de penser qu'elles sont bien loin de leur fournir cette nourriture solide qu'on cherche dans l'étude de la philosophie. L'Ecole dominante dans l'enseignement est spécialement connue sous le nom d'Eclectique. Son auteur et chef parle de ses querelles avec une Ecole qu'il appelle théologique, et il réfute une autre Ecole qu'il appelle sensualiste. Chacune d'elles a prétendu exposer la vérité. Mais pour que la vérité d'une doctrine philosophique soit bien reconnue, il ne suffit pas de l'exposer; il faut encore qu'elle donne le moyen de réfuter avec évidence les objections que la simple |