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traire, les tuyères en terre cuite prédominent. Certaines d'entre elles, celles qui proviennent des Wadia et des Tumba, sont très souvent ornées de dessins en bandes ou cercles concentriques, motif qui caractérise les poteries et gargoulettes de cette région. Il existe également un peu partout des tuyères dont l'une des extrémités est cuite par suite du séjour dans le foyer de la forge. Il est possible que l'observation de ce fait et des avantages qui s'y rattachent amena les forgerons à donner la préférence à la cuisson complète des tuyères.

La pâte employée dans la fabrication des tuyères diffère notablement de celle dont se servent les femmes pour façonner leurs poteries. Elle est moins bien gàchée, moins malaxée et peu travaillée. Pour la rendre solide et lui donner le liant indispensable, le maître-forgeron y mélange des fibres de bananier et de palmier. Une fois la pàte préparée, l'artisan la roule en forme de cylindre plus ou moins long, de diamètre peu considérable. Par l'une des extrémités le maitre-forgeron passe un bâton préalablement trempé dans l'eau. L'autre bout est évasé et modelé en forme d'entonnoir. L'ensemble est ensuite mis à sécher à l'ombre. De temps à autre le maître-forgeron imprime un mouvement de rotation au bâton placé à l'intérieur, de façon à bien mouler la conduite du tuyau et à pouvoir retirer le bâton au moment propice sans courir le risque de briser l'outil. Certains tuyaux sont consolidés par une charpente en éclats de bambou.

Pour se servir de la tuyère le maître-forgeron en place l'extrémité au centre du foyer de la forge, tandis que la conduite du soufflet de forge vient s'emboiter dans l'entonnoir. Il réserve entre les deux un espace de 1 à 1 1/2 centimètre de largeur. L'air entre par aspiration dans les cuvettes du soufflet en passant par cet interstice; il est chassé ensuite en sens inverse et passe alors en ligne droite par la tuyère jusqu'au foyer de la forge.

Le forgeron a grand soin de son soufflet de forge. Il s'en sert le plus longtemps possible et, plutôt que d'en construire un nouveau, il arrive fréquemment qu'il répare au mieux les avaries survenues, en y appliquant de la terre à poterie.

Généralement le maître-forgeron refuse de vendre ou de céder son soufflet de forge. Plus d'une fois il nous est arrivé d'encourir un refus net lorsque nous voulions acquérir l'un ou l'autre spécimen. Là où nous parvenions à conclure le marché, le maîtreforgeron n'acquiesça à notre demande qu'entrainé par l'appat du grand prix que nous lui en offrions. Chaque soufflet de forge

nous coûta au moins 25 francs. Or tout Européen qui a séjourné dans la région du Lac Léopold 11, comprendra ce que 5 pata représentent aux yeux des indigènes. Pour en faire saisir l'importance, disons seulement que le salaire d'une journée de portage est fixé à 0.50 f. Calculé sur cette base le plus petit soufflet de forge que nous avons pu acquérir représente 50 journées de ce dur travail. Le prix élevé des soufflets de forge résulte à la fois, à notre avis, de la grande difficulté de sa construction, de sa rareté et de sa signification ou de son rôle social. Seul le maitre-forgeron peut posséder un soufflet de forge. Lui seul a le droit de le fabriquer. Le nombre de compartiments ou cuvettes et la grandeur du soufflet doivent être en rapport avec l'importance du groupement auquel il servira. De ceci, il résulte que cet objet est à la fois un objet précieux et un indice de la dignité du forgeron. Il symbolise en quelque sorte encore l'importance du groupement auquel il est attaché.

Le soufflet de forge doit toujours rester sous le hangar public où est installée la forge. Jamais il ne peut être remisé dans une hutte indigène, pas même dans celle du maître-forgeron. Le maitre-fondeur, au contraire, a la possession de ses soufflets et les emporte avec lui quand le feu du haut-fourneau est éteint.

Outre le soufflet, l'outillage de la forge comprend encore, nous l'avons dit, différents instruments.

L'enclume principale ou grande enclume est constituée par un gros bloc de limonite et parfois même par un affleurement naturel de même nature. Cette enclume n'est principale que par son volume; elle ne sert en réalité qu'au gros travail, au premier dégrossissement du fer, à la réduction de la fonte et à la mise en œuvre de l'outil à fabriquer.

Les autres enclumes sont en fer forgé. Seul le maître-forgeron connait le secret de leur fabrication; lui seul en est propriétaire. Leur forme diffère assez peu d'un endroit à l'autre. Elle se réduit à une forte masse, à surface plate à la partie supérieure, prolongée par un tenon de forme conique généralement assez allongé. L'enclume se fixe en terre, la surface plane inférieure sert plus spécialement à empècher l'outil de s'enfoncer dans le sol pendant le travail. Remarquons en passant qu'il arrive que le forgeron emploie ces enclumes en guise de marteau. Seul le maitre-forgeron peut ainsi s'en servir.

Dans certaines régions, l'enclume se fixe dans un socle en

bois de forme rectangulaire, très allongé, plat et muni d'une ou deux ouvertures servant à y encastrer l'enclume.

La surface plane supérieure est généralement incisée de lignes transversales entrecroisées, tracées au moyen d'une petite hachette à lame très dure, outil très rare et très recherché que le maître-forgeron cache avec un soin jaloux.

Certaines enclumes de moindre volume sont fixées dans une planche grossièrement équarrie. Ces enclumes servent plus spécialement à achever les objets en fabrication. Leur surface supérieure est également incisée. Ces mêmes incisions se représentent d'ailleurs sur la majeure partie des marteaux employés dans toute la région. Elles ont pour but d'empêcher les glissements au cours du travail.

Les marteaux sont, comme les enclumes, en fer forgé et fabriqués par le forgeron lui-même. Ils sont généralement constitués par une pièce de forme cylindrique, conique ou tronconique. L'une des bases, et très souvent les deux, sert à battre le fer. Nulle part nous n'avons rencontré le marteau à manche; le forgeron tient en main la masse de fer elle-même. Le marteau de forme conique ne peut, de par sa forme même, être employé comme marteau double; son extrémité aiguë sert à perforer les lames de couteau ou autres objets, et parfois à les ornementer. L'outil forme ainsi un marteau-poinçon.

Il arrive cependant très régulièrement que le forgeron se sert d'un poinçon spécialement adapté à cet usage particulier. Cet outil est formé par une petite tige en fer de forme conique allongée bien trempée, parfois emmanchée dans un tenon en bois très dur. Le forgeron se sert parfois de ce poinçon pour graver des dessins sur les objets, quoiqu'il emploie de préférence le burin indigène. C'est avant tout à ce dernier qu'il a recours lorsque les motifs à graver sont relativement fins et réguliers. Le poinçon ou ce qui en tient lieu est encore utilisé pour former le moule destiné à la fabrication des pointes de flèches et des fers de lance.

Le fer chauffé ou l'outil en fabrication est retiré du feu, placé sur l'enclume et manié pendant le travail au moyen de pinces en bois ou en fer. Ces derniers outils ne méritent le nom de pince, que pour autant qu'on n'envisage que leur rôle et leur usage. Ils sont formés par une tige en fer ayant la forme d'un cone creux. La pointe est encastrée dans un manche en bois généralement assez long. L'objet à forger est pris dans le creux du còne et manié par un jeu de bascule et de levier qui nécessite

une grande dextérité. Cette habileté remarquable du forgeron ne peut s'expliquer que par une longue expérience. Nul ne songe d'ailleurs à mettre en doute l'habileté manuelle des artisans indigènes. Au reste, pour s'en assurer et pour juger de leur talent, il suffit d'avoir vu les produits de leur travail. Mais seul celui qui les a vus à la forge indigène, manier leurs outils primitifs et forger, avec ces faibles moyens, les magnifiques couteaux de cérémonie, les fers de lance, les rasoirs minuscules, etc., peut se former une idée exacte du savoir-faire du motori.

Le travail du fer est régi par des règles qu'il est intéressant de signaler en terminant. Avant tout, la fonte qui sort des hauts-fourneaux indigènes doit être purifiée et forgée en forme de barre de fer. A ce travail, le groupe tout entier des forgerons du village collabore. Les apprentis allument le foyer placent tuyères et soufflets de forge et activent le feu pendant l'opération. Le lingot de fer est chauffé à blanc, retiré du feu au moyen de pinces en bois, trempées au préalable dans l'eau, et placé sur la grande enclume. Tout autour de celle-ci les forgerons et les novices sont groupés, assis. Chacun tient son marteau dans la main et, à tour de rôle, les marteaux viennent s'abattre sur le lingot. Ce travail se fait avec une régularité qui ferait honneur à plus d'un ouvrier civilisé. Le maître-forgeron dirige le travail, le surveille, donne des indications, mais ne collabore pas directement au battage. Le fer, battu à grands tours de bras, voit s'éliminer rapidement les impuretés. L'ouvrier travaille tantòt de la main droite, tantôt de la main gauche et, chose remarquable, il le fait avec une régularité qui ne se ressent nullement du changement. Quand le fer s'est refroidi, il repasse au feu; les soufflets sont remis en activité, le feu se ravive et le lingot est de nouveau chauffé à blanc. Tout ce travail s'accompagne d'une mélopée qui nous a parue monotone au possible, mais que les indigènes adorent. Elle rythme la cadence, règle les mouvements et fait oublier la fatigue. Les barres purifiées servent ultérieurement à la fabrication des outils. Suivant la nature de ceux-ci et l'état d'avancement ou d'achèvement de l'objet, le maître-forgeron, les forgerons, les initiés et les novices peuvent participer au travail. Le maître forgeron achève toujours les objets de cérémonie ou les insignes de dignité. Les forgerons terminent avec lui les armes. Les initiés peuvent collaborer à l'achèvement des outils d'usage courant, tandis que les novices ne peuvent participer au travail que jusqu'au moment où la forme de l'objet se dessine nettement. Cette

organisation, ou, pour être plus exact, cette division du travail est à peu près la même dans toute la région que nous avons parcourue.

J. MAES,

Chef de la Mission ethnographique du Congo Central,
Conservateur au Musée du Congo Belge.

II

L'avenir du caoutchouc et l'exploitation
des caoutchoutiers cultivés

Durant la longue occupation du territoire belge par les troupes allemandes, la question du caoutchouc, qui préoccupait à juste titre les Puissances centrales, privées de leurs apports, ne nous a pas laissés indifférents. Nous avons suivi les fluctuations de ce produit avce d'autant plus d'intérêt que nos nationaux avaient investi, avant la guerre, dans diverses régions tropicales, en particulier dans les Indes Néerlandaises, à Java et surtout à Sumatra, des capitaux considérables pour lesquels ils n'étaient pas sans inquiétudes.

Nos capitalistes, en effet, redoutaient, d'un côté, une surproduction qui devait amener indiscutablement la baisse du caoutchouc, de l'autre, l'invasion du caoutchouc « synthétique », créé de toutes pièces dans les laboratoires et qui, au dire de certains, allait, entre les mains des Allemands et des Russes, révolutionner l'industrie et porter un coup mortel au caoutchouc naturel.

Cette courte étude démontrera que ni le spectre du caoutchouc synthétique, ni le spectre de la surproduction ne doivent nous émouvoir.

M. le Prof. Tschirch, de Zurich, s'est préoccupé de l'étude des divers caoutchoucs naturels et du synthétique. Il conclut que le terme « caoutchouc synthétique » est incorrect, car la synthèse n'a donné qu'un seul des constituants du caoutchouc, celui qu'il

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