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pagation latérale, en tache d'huile, du métamorphisme dans les terrains sédimentaires; inégale suivant la perméabilité des assises et s'éteignant graduellement tout autour d'une région centrale où la recristallisation est à son comble.

Mais, d'expliquer la mise en train et l'arrêt des colonnes filtrantes, il ne saurait être question. De même, la réalisation des eutectiques, au sein d'une masse solide que des gaz traversent, leur réalisation, dis-je, par le départ de certains éléments et par l'arrivée de certains autres, est un problème de géochimie qui dépasse encore de beaucoup nos moyens d'expéri

mentation.

Que sont cependant ces mystères du métamorphisme, du volcanisme, des mouvements verticaux et des déplacements tangentiels de la lithosphère, que sont ces mystères, à côté de ceux de la Vie, à côté de ceux de la Durée ? En abordant l'énigme de la Durée et l'énigme de la Vie, le géologue sent s'épaissir autour de lui les ténèbres, se dilater la solitude, se concréter le silence. Il n'y a, dans aucun désert, de sphinx comparables à ceux-ci.

A partir d'une certaine heure que les hommes ne sauront jamais, la Vie a pris possession des eaux marines et des eaux douces, et s'est étendue à la surface de la lithosphère et dans les régions basses de l'atmosphère. Elle a constitué bientôt, tout autour de la planète, une zone organisée, la biosphère, comme on dit quelquefois. Cela n'a été possible qu'après un suffisant refroidissement de la surface; car nous ne concevons pas l'existence de la Vie dans des milieux dont la température serait voisine de cent degrés.

Cette heure, dont j'ai dit qu'elle est solennelle entre toutes, a marqué le commencement des temps géologiques. Nous ne savons d'elle qu'une chose, c'est qu'elle

est extrêmement lointaine. On a cru plusieurs fois, en remontant l'échelle des formations sédimentaires, toucher aux organismes primitifs, à la faune ou à la flore primordiale; et bientôt l'on s'est aperçu que, sous les assises où ces organismes avaient été découverts, d'autres assises existaient, plus anciennes, où, de distance en distance, quelques traces organisées, quelques fossiles, apparaissaient. Dans la période cambrienne, que l'on a considérée longtemps comme l'aurore des temps primaires, la vie est déjà intense et compliquée; elle n'a aucun des caractères que l'on devrait s'attendre à rencontrer dans une faune primitive, à supposer que la théorie de la descendance fût conforme à la réalité des faits. Sous le Cambrien fossilifère, en divers points du globe, par exemple au Canada et aux Etats-Unis, on connait des systèmes d'une antiquité bien plus reculée, séparés les uns des autres par des discordances. Dans quelques-uns on a trouvé des fossiles: ici, des Crinoides; là, des organismes qui semblent analogues aux Éponges; ailleurs, des Crustacés; ailleurs, des Radiolaires. Nul doute que si la recristallisation des sédiments, d'autant plus fréquente, naturellement, et d'autant plus intense qu'ils sont plus vieux, n'avait fait le plus souvent disparaître les organismes de ces très antiques dépôts, nul doute que la faune précambrienne ne nous apparût, elle aussi, très abondante et très variée. La vraie faune primitive, nous ne la connaîtrons pas; les sédiments où elle a été enfouie sont aujourd'hui des micaschistes ou des gneiss, ou encore de ces phyllades luisants dans lesquels la simple diagenèse, je veux dire le simple vieillissement en profondeur, a déterminé la production de tout un fouillis de cristaux microscopiques; ces assises gardent le secret des débuts de la Vie et ne nous le livreront jamais.

Nous ne savons pas, et nous ne saurons pas, quel était, à ce moment-là, le visage de la Terre. Peut-être

les eaux couvraient-elles toute la surface: c'est l'hypothèse de la mer universelle, la Panthalassè d'Edouard Suess; les premiers organismes auraient été des animaux marins; la Vie aurait gagné les rivages et se serait adaptée aux conditions subaériennes, quand auraient surgi du sein des ondes les continents et les îles. Peut-être, au contraire, la Vie a-t-elle commencé par être continentale; peut-être les végétaux, comme l'indique la Genèse, ont-ils précédé les animaux. Il serait tout à fait inutile de discuter à cet égard. Et notre ignorance n'est pas moindre sur les destinées futures. du monde organique. Suess imagine, dans l'avenir, le retour à la Panthalassê, l'enfoncement graduel des terres actuellement émergées, la disparition, par conséquent, de la plupart des végétaux, et de tous les animaux qui prennent l'oxygène directement à l'atmosphère; la vie continentale, pour lui, n'aura été, finalement, qu'un épisode entre deux périodes de vie exclusivement maritime, périodes précédées, elles-mêmes, et suivies par « le vaste et profond silence de la mort ». Rêveries séduisantes et décevantes, auxquelles il est difficile de ne pas se complaire, et qui s'évanouissent quand on s'en approche, pareilles aux fantômes que notre imagination crée à plaisir dans l'air vaporeux

des nuits.

Mais nous savons ceci, et c'est une chose merveilleuse, d'où sort toute une science: nous savons que la Vie, au cours des âges, s'est transformée, d'une transformation relativement rapide et qui s'étendait, de proche en proche, à toute la biosphère. La chronologie géologique est fondée sur le double fait que la Vie a changé, et que ses changements ont été très sensiblement les mêmes dans les diverses régions de la Terre, pendant un intervalle déterminé de la durée. Bien entendu, cela ne nous donne pas le moyen de supputer en années le temps qu'il a fallu pour que se réalisât telle

ou telle modification; mais nous en tirons une chronologie relative, fondée sur la possibilité d'affirmer que deux phénomènes géologiques sont à peu près contemporains; et c'est déjà beaucoup.

Nous avons ainsi le moyen de partager la durée, d'ailleurs inconnue, en un certain nombre d'ères, et les ères en périodes; d'une ère à l'autre, d'une période à la suivante, la faune et la flore se modifient, plus ou moins selon les familles, les classes ou les embranchements considérés, toujours assez, dans leur ensemble, pour que la distinction soit facile, pour que le rattachement d'un sédiment à une période déterminée soit possible, à la seule condition que le sédiment soit assez riche en fossiles. Cette incessante transformation de la Vie ne s'est point opérée au hasard; elle est ordonnée suivant un plan; elle est sûrement régie par des lois. Mais quel est le plan et quelles sont les lois ? Ici nous retombons en plein mystère : les théories ne manquent pas; ce sont des accumulations d'hypothèses, et non pas des chapitres définitifs du livre de la Connaissance. Voici quelques faits, qui doivent dominer les théories.

Dans les plus anciennes faunes dont nous sachions quelque chose, il semble que, déjà, tous les embranchements et la plupart des classes d'Invertébrés soient représentés le fait est certain pour la faune cambrienne. Dès que l'on arrive aux périodes où la faune est relativement bien connue, par exemple à la période silurienne, on n'éprouve généralement aucun embarras pour faire entrer un animal quelconque, invertébré ou poisson, dans l'une des cases de la classification zoologique actuelle: ce qui revient à dire que, déjà à ces époques reculées, beaucoup des grands types d'organisation, qui nous sont offerts par les animaux actuels, existaient, et que rien n'existait en dehors de ces types. La transformation de la Vie, d'une époque à l'autre, résulte surtout de deux phénomènes : disparition rapide

de certaines espèces, voire de certains genres ou de certaines familles; apparition brusque d'êtres nouveaux, dont la filiation, le plus souvent, demeure douteuse; et non pas seulement d'espèces nouvelles, mais de genres nouveaux, ou de familles nouvelles, que l'on nomme souvent cryptogènes pour rappeler que leur origine est inconnue. On observe en outre des transformations qui semblent évolutives, des transformations graduelles d'espèces d'un même genre, de genres d'une même famille; on suit de la sorte des phylums, qui paraissent avoir évolué parallèlement; mais la tête de chaque phylum est cachée, et l'on ne peut jamais saisir le rattachement précis de deux phylums à un même trone; de même que jamais, jusqu'ici, on n'a pu constater le franchissement, par un phylum qui semble authentique, des limites d'une famille, à plus forte raison des limites d'une classe. L'étude de la flore conduit à des résultats analogues. «La plupart des grands groupes de plantes, disait Zeiller, se montrent, dès le début, aussi tranchés qu'aujourd'hui. Entre eux, il n'y a pas de passage graduel; mais il y a des types intermédiaires qui suggèrent simplement l'idée d'une origine commune qu'il faudrait faire remonter bien plus haut que les plus anciens documents. Pour la plupart des groupes, l'origine est brusque et l'apparition et l'expansion se sont faites dans des conditions de rapidité déconcertantes. Pour les espèces, en observe des mutations; mais on voit ces mutations s'arrêter à de certaines limites sans franchir les intervalles qui les séparent des espèces les plus voisines. Pour les genres, la série est toujours discontinue; on soupçonne le passage d'une forme à l'autre ; les phases intermédiaires qui établiraient la réalité de ce passage se dérobent à nos constatations. »

Parmi les exemples de brusque apparition et de rapide expansion de tout un ensemble d'êtres, il n'en est pas de plus impressionnant que la survenue des mammi

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