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LE 20 JUIN 1783.

Combat rendu à la vue de Goudelour, par l'armée française aux ordres de M. le bailli de Suffren, contre l'armée anglaise commandée par l'amirel Hughes.

Ce combat, le dernier de la guerre, n'a pas été très-chaud. Il se donna à la vue de Goudelour, commença à 6 heures et demie du soir, et finit à 6 heures 20 minutes. Les anglais se retirèrent les premiers, quoiqu'ils eussent 18 vaisseaux, dont 1 de 80 canons, 7 de 74, 7 de 64, et r de 55, contre 15 vaisseaux, dont 5 de 75, 8 de 64, et 2 de 50, dont l'escadre française était composée. Nous avions l'avantage du vent, et plusieurs des vaisseaux ennemis furent démâtés de leurs mâts de hunes,

DES PRINCIPAUX EVENEMENTS

DE LA

GUERRE PRÉSENTE;

DES CAUSES DE LA DESTRUCTION

DE LA

MARINE FRANÇAISE,

ET

DES MOYENS DE LA RETABLIR.

Parcere personis, dicere de vitiis.

Tous les français ne pourront apprendre sans douleur que notre marine, qui a balancé, dans la dernière guerre, la marine de l'Angleterre, qui avait en 1789 plus de Go vaisseaux de ligne bien entretenus, autant de frégates ou corvettes, et dont les magasins et arsenaux étaient pourvus de tout ce qui est nécessaire à l'entretien d'une grande marine; tous les français, dis-je, ne pourront

apprendre, sans être pénétrés d'amertume, qu'environ 35 de ces vaisseaux sont pris ou ont péri; qu'une grande partie de nos frégates est aussi au pouvoir des ennemis ; que tous les magasins sont dénués; que les prises, dont le nombre était de plus de 700 bâtiments, ont été en partie dilapidées; que les marins ou matelots qui ont fait ces prises,n'ont presque rien touché du fruit de leurs peines, de leurs fatigues, de leur valeur; que le désespoir en a fait déserter un grand nombre; et enfin que presque toutes nos colonies, qui devaient être protégées par notre marine, sont ou désorganisées ou soumises à l'Angleterre. Ce tableau est sans doute triste et déchirant mais il est malheureusement fidèle et vrai. Je vais faire connaître les causes de ces malheurs, afin de prévenir le retour de pareils évènements.

Il ne s'agit point ici de discuter si la France doit avoir une marine militaire; l'expérience a démontré qu'il faut établir sur les mers l'équilibre des pouvoirs entre les différentes puissances maritimes; que si un seul peuple y domine, il sera tyran et les autres esclaves, puisque, maître du commerce maritime et possesseur exclusif des colonies, il les forcera

d'acheter de lui seul les aliments de tous ces besoins factices et dispendieux, qui sont devenus pour toute l'Europe des besoins de première nécessité. Un grand état ne peat exister sans commerce, et il ne peut soutenir et protéger le commerce sans une marine militaire. La nature nous a donné tout ce qui peut contribuer à former et à entretenir une marine formidable. Nous avons sur l'océan et la méditerranée les plus beaux ports de l'Europe, et dans l'intérieur de la France, des forêts, des mines et tout ce qui peut servir à la construction. Avec tous ces éléments, la France aurait triomphé de ses ennemis maritimes, si des mains habiles avaient employé tous ses moyens avec ordre, intelligence et économie. Nous n'avions pas, en 1775, plus de 30 vaisseaux en bon état, et dès 1779, nous avons balancé les forces navales de l'Angleterre. Nous avions, en 1789, une marine puissante; et en ce moment elle est, pour ainsi dire, anéantie.

J'ai tracé, en 1792, le plan qu'il fallait suivre pour prévenir cet anéantissement. La société populaire de Brest envoya ce plan au ministre Monge: « Nous avons, disais-je, » de grandes et superbes citadelles flottantes;

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