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un homme pour écouter la lecture des ordres du comité de salut public, qui voulait que l'on continuât à tenir la croisière. Les équipages insurgés rentrèrent dans le devoir; mais comme la saison s'avançait, et qu'il n'y avait plus de vivres pour l'armée, on se décida à relâcher à Brest. On trouva en route, sur une frégate, le représentant Trehouart, qui se rendait à l'armée. Il approuva le parti que l'on avait pris, et l'on entra à Brest, où l'intrigue, la cabale, la malveillance se déchaînèrent. Les représentants du peuple n'y étaient entourés que de charlatans et d'ignorants hardis, qu'ils ne connaissaient pas sans doute. Le vrai mérite est timide et modeste. On destitua les généraux et plusieurs chefs. On choisit Villaret, l'un des capitaines de l'armée, pour en faire un amiral. Quelques vaisseaux furent confiés à des capitaines sans expérience, et on publia que la marine était purgée et régénérée.

on

Bientôt les agents de Robespierre établirent un tribunal révolutionnaire à Brest; et pour pouvoir égorger avec plus de facilité, éloigna les troupes de la marine que l'on supposait attachées aux brestois, pour leur substituer des troupes révolutionnaires. Cette

cruelle précaution priva la marine de ses meilleurs canonniers, qui furent envoyés dans la Vendée, où il ne fallait que des baionnettes, et l'on substitua aux bons canonniers des. vaisseaux, des paysans de réquisition. On. faisait ces opérations désastreuses; on retirait à la marine ses artilleurs, lorsque l'Angleterre augmentait les siens de 8000 hommes, en portant à 32,000 hommes ses troupes de mer, qui ne montaient qu'à 24,000. On ne se contenta pas de ces mesures préjudiciables au salut de la république; on résolut de faire périr les généraux et les chefs qui avaient été destitués; on imagina une conspiration, que l'on supposait avoir existé dans l'armée navale pendant son séjour à Quiberon. On arrêta deux généraux et plusieurs officiers et matelots, ainsi qu'un grand nombre d'habitants de Brest. C'était un moyen de prouver la légitimité de la destitution des chefs, et de répandre beaucoup de sang. J'étais un des généraux arrêtés, et l'on voulait me faire périr comme conspirateur. Je n'avais commis d'autres crimes que d'écrire des lettres. pressantes au commissaire d'Albarade, afin de l'engager, pour le salut de la patrie, à retirer l'armée navale de la station vaine et oiseuse

de Belle Ile ce que le tribunal comptait faire passer pour une preuve de la conspiration de Quiberon. Loin de conspirer contre la république, je ne m'occupais dans ma prison même que de ce qui pouvait être utile au bien du service.

Nous avions en rade, dans ce moment, une armée de vingt-cinq vaisseaux de ligne, J'appris qu'elle allait incessamment mettre à la voile pour protéger l'arrivée d'un convoi considérable de farines et autres denrées, attendues depuis long-temps de l'Amérique septentrionale. J'écrivis à Jean-Bon SaintAudré, l'un des représentants en mission à Brest, que je croyais nécessaire d'enseigner aux officiers de l'armée, avant de sortir, les principaux mouvements de la tactique, comme de se mettre en ligne de bataille, de serrer la ligne, de former une ligne de vîtesse, d'empêcher les ennemis de couper, de gagner vent, ou de le conserver, etc. J'ajoutai qu'il était un moyen facile d'apprendre promptement aux officiers les évolutions, par des chaloupes qui, représentant des vaisseaux, feraient en rade les mouvements que les vaisseaux exécutent en pleine mer. L'évènement a prouvé que mon idée était bonne. Cela ne

le

fut point exécuté, et l'armée appareilla quelques jours après. Le 9 prairial, an II, elle rencontra celle d'Angleterre. Les deux armées étaient d'égale force; l'escadre légère de l'ennemi attaqua notre arrière-garde. Le général français fit signal à son avant-garde de forcer de voiles; le corps de bataille la suivit par une suite nécessaire; la nuit vint, et le vaisseau le Révolutionnaire qui était à l'arrièregarde, et que les ennemis avaient maltraité, fut obligé, par le mauvais état de ses voiles, de se séparer de l'armée française qu'il ne pouvait suivre. Cette manœuvre de forcer de voiles à un nombre égal de vaisseaux, faisait un manvais effet. Elle intimidait les équipages français et enhardissait les ennemis. Si, au contraire, on avait coupé et attaqué avec vigueur l'escadre légère des ennemis, on aurait pu la réduire avant l'arrivée du corps d'armée. L'expérience a prouvé qu'il fant toujours attaquer lorsque les forces sont à-peuprès égales.

Le lendemain, 10 prairial, on vit l'armée ́ennemie sous le vent. Le général français fit signal qu'il voulait une action décisive. Il fallait donc faire arriver son armée tout ensemble en dépendant sur celle des ennemis,

afin de déployer en nême temps nos forces totales, et d'empêcher les ennemis, en les serrant, de manoeuvrer pour gagner le vent. On fit seulement à l'avant-garde signal de serrer l'ennemi au feu. Elle fut désemparée. Alors le général français demanda, par un autre signal, à cette avant-garde si elle pouvait virer vent devant. La réponse à cette question inutile, fut longue et négative. Le général se décida alors à faire virer son armée en même temps; c'est ce qu'il aurait dû faire plutôt, mais les ennemis nous primèrent de manœuvres; ils avaient déjà reviré. Ils vinrent combattre notre arrière-garde, et nous gagnèrent le vent. Une brume épaisse masqua ensuite les deux armées; elle se dissipa le 13 prairial. On vit les ennemis au vent, et arrivant sur nous en dépendant, comme nous aurions dû arriver sur eux le 10. Le combat s'engagea très-vivément de part et d'autre. Les capitaines anglais, plus accoutumés que les nôtres à manier des vaisseaux de guerre, coupèrent notre ligne en plusieurs points. Cependant les républicains se battirent avec un courage infini. Plusieurs vaisseaux furent démâtés ou désemparés dans les deux armées, et le combat cessa' sans que la victoire se

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