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décidât. Un de nos vaisseaux seulement, le Vergeur, désemparé et coulant bas, avait été amariné par les ennemis. Mais ce qui est incompréhensible, c'est l'abandon que nous fîmes sur le champ de bataille, de six vaisseaux français désemparés, mais non vaincus, qui formant un groupe, faisaient briller le pavillon tricolore, en tendant les bras, pour ainsi dire, à l'armée, pour la prier de les secourir. Il suffisait, pour les rallier et pour prendre deux vaisseaux anglais démâtés, qui étaient peu éloignés de nos six vaisseaux ; il suffisait, dis-je, de virer simplement de bord.... Il serait à desirer que l'on pût passer l'éponge sur un si honteux évènement. Notre armée fit. route pour gagner le port de Brest. Elle rencontra sur l'île d'Ouessant une escadre anglaise de douze vaisseaux, qu'elle poursuivit un instant, et elle vint mouiller à Bertheaume, où elle resta plusieurs jours. Elle y trouva une escadre toute fraîche qui venait de Cancale. L'armée française, qui n'était sortie de Brest que pour protéger l'entrée d'une flotte que l'on attendait de l'Amérique, devait craindre que les douze vaisseaux anglais, qu'elle avait rencontrés, ne s'emparassent de ce convoi; et dans cette crainte,

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elle devait, avec les vaisseaux de Cancale et les vaisseaux les plus en état, former une escadre de quinze vaisseaux, pour aller chercher les douze vaisseaux anglais qu'elle avait rencontrés, les combattre où les éloigner de la côte, afin d'ouvrir un passage libre à la flotte attendue. Rien de cela ne fut fait. On resta à Berthaume, parce qu'on rougissait d'entrer à Brest avec un déficit de sept vaisseaux, de cinq mille hommes faits prisonniers, et de plus de deux mille hommes tués ou morts de leurs blessures par le séjour à Bertheaume et l'éloignement des hôpitaux de Prest. Ces pauvres blessés furent la victime de l'amour-propre et de l'imprudence; car il faut savoir que des vaisseaux désemparés sont en danger à Bertheaume, lorsque les vents soufflent du sud au sud sud-ouest. On a vu plusieurs fois des vaisseaux mouillés dans cette rade, dont le fond est un sable sec, obligés de couper leurs cables pour entrer à Erest, et s'il est vrai, comme on le dit, que P'on ait envoyé de Bertheaume à Brest, gouvernail du vaisseau la Montagne, pour le réparer, on a commis une grande imprudence.

le

Je vais maintenant prouver que le combat

du 13 prairial a été donné contre les principes de la marine et de la politique. Une république ne doit pas imiter les tyrans qui combattent pour leur seule gloire. Le sang du citoyen est précieux, et il ne faut le verser que pour soutenir ses droits, conserver son honneur et défendre ses propriétés. L'armée française a combattu sans aucun motif, puisqu'elle ne la pas fait à la vue de la flotte américaine qu'elle attendait, et pour protéger son passage. L'armée française devait aller au-devant de cette flotte sur les îles Corves et Flores, lieu du rendez-vous, évoluer et manoeuvrer dans cette station pour exercer les vaisseaux, et aussi-tôt que la flotte eût paru, la ranger sous son escorte pour la con duire en bon ordre à Brest. Si elle avait rencontré l'armée anglaise sur son passage, elle l'aurait alors combattue; et, pendant le combat, la flotte aurait continué sa route avec les deux vaisseaux qui l'accompagnaient. Voilà les règles de la tactique et les principes de la marine. Huit jours avant le départ de l'armée, j'étais, comme je l'ai dit, en arrestation avec d'autres bons citoyens, qui ont depuis tombé sous la hache des décemvirs, J'écrivis à l'accusateur public près le tribunal

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révolutionnaire à Brest, le nommé Verteuil, ex-jésuite, avec lequel seul je pouvais communiquer, pour lui tracer la conduite que l'armée devait tenir pour sauver la flotte. On me donna pour réponse une sentinelle de plus, et on mit des cadenats à mes fenêtres. Au lieu de suivre mon plan, on a combattu pour combattre; et si après le combat, ou lorsque notre armée était à Berthaume, la flotte avait rencontré trois vaisseaux ennemis seulement, comme elle n'était escortée que de deux vaisseaux, le Jean Bart et le Tigre, qui avaient chacun 3co malades sur les cadres, elle était entièrement prise et tous les ports de l'océan livrés à la famine. On a donc sacrifié inutilement des hommes, des vaisseaux et les intérêts de la république. Mais l'ignorance et la présomption présidaient alors à ses destinées sur l'océan; et la plus honteuse défaite fut transformée en un véritable triomphe. En effet, on annonça une victoire après avoir perdu sept beaux vaisseaux qui avaient plus de 500 pièces de canons. On donna au commandant en chef le grade de vice-amiral, et l'on jeta des fleurs sur le passage du représentant embarqué dans l'armée, à son retour à Brest.

On ne se conduisait pas mieux dans la méditerranée que sur l'océan. De mauvaises opérations étaient ordonnées sur la Sardaigne et devant Naples, et ces opérations étaient confiées contre là saison et le bon sens, au général Truguet, jeune homme sans expérience, et élevé à un grade prématuré.

Je n'entrerai dans aucun détail, parce que je ne connais point assez les circonstances; mais si l'on juge des opérations par leur résultat, on conviendra que toute la partie de T'histoire des évènements maritimes de la méditerranée, ne présente qu'un long enchaînement de pertes et de malheurs, compter de l'expédition manquée de Cagliari, qui en fut comme le signal.

J'ajouterai qu'il est inconcevable que l'on n'ait pas pris plus de précautions pour empêcher la prise de Toulon, car le ministère de la marine était de bonne heure instruit par une note envoyée d'Angleterre, que Toulon et Dunkerque devaient être attaqués. Cette note était dans les bureaux; je l'y ai vue, étant adjoint au ministère, trois ou quatre mois avant que l'infâme trahison des Toulonnais eût éclaté. On pouvait facilement prévenir le malheur, en y envoyant d'autres

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