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chefs militaires, en augmentant la garnison du port, et en renouvelant les autorités constituées.

Je l'ai déjà dit; quand un peuple est en révolution, son gouvernement ne doit pas laisser le commandement de la force armée long-temps dans les mêmes mains, sur-tout dans la partie maritime, lorsque les premiers pas des chefs sont déjà marqués par des fautes ou des revers.

Je ne dirai qu'un mot des évènements subséquents; les journées des 22, 23 et 24 ventôse, an III, sont peu glorieuses. Je ne blâme personne; mais j'avoue que je ne puis comprendre pourquoi le commandant de l'escadre, qui a combattu dans ces fatales journées, a quitté le vaisseau le Sans-Culotte, qu'il montait, pour passer sur une frégate, ́avant d'être en ligne pour combattre pourquoi le Sans-Culotte se sépare de l'escadre dont il est une partie essentielle: pourquoi il se trouve dans le port de Gênes, où il a couru les risques de se perdre en entrant puisqu'il a talonné plusieurs fois: pourquoi l'on n'a pas donné du secours aux vaisseaux le Censeur, et le Ça ira, démâté et entouré de trois vaisseaux ennemis et pourquoi,

enfin, l'escadre française étant au vent, ne s'est pas formée, sur ces deux vaisseaux, en ligne de bataille. Mais vous qui commandiez ces deux vaisseaux, citoyens Benoist et Coudé, que je n'ai pas l'avantage de connaître, recevez ici le tribut d'estime que tous les bons français vous doivent pour votre conduite, votre fermeté et votre valeur.

Nous n'avons point été plus heureux sur les mers loitaines. Nous avons perdu dans l'Inde toutes nos possessions, aux côtes de Malabar et de Coromandel, ainsi que dans le Bengale. Je n'ai cessé de répéter » qu'il » fallait les protéger et sauver l'Ile-de» France; qu'il y avait pour plus de 155 » millions, valeur métallique, de prises en » cette île; qu'il y avait à l'île de la Réunion, >> ci-devant Bourbon, plusieurs récoltes de

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café; que si nous perdions l'Ile-de-France, >> nous perdions non seulement cette île » celle de la Réunion et Madagascar, mais » que nous devions, en outre, renoncer à > tout espoir de reprendre nos possessions » envahies dans les mers des Indes; que >> nous serions chassés de l'Asie; que nous >> ne pourrions plus passer le cap de Bonne» Espérance, et que la France ne serait

» plus comptée parmi les puissances mari>> times. >>

Je viens de parler de Madagascar ; les avantages que peut nous procurer cette île ne sont point assez connus. Madagascar est. une île aussi grande que la France. Elle offre des rivières et des rades superbes, où l'on peut mouiller 50 vaisseaux de ligne. Cette île a 29 provinces et 6 millions d'habitants, doux et hospitaliers. On trouve à Madagascar des mines de toutes espèces, et sur-tout de fer et d'acier; des bois de construction et de marqueterie; du crystal de roche blanc et rose; des gommes précieuses; de l'encens, des parfums, de l'ambre, des pierres fines de toutes espèces; le coton, la canne de sucre, le café, l'indigo y croissent naturellement; des troupeaux de bœufs et de vaches, d'une grandeur prodigieuse, paissent jour et nuit. dans des prairies sans cesse renaissantes. On voit par-tout des cochons, des canards, des dindons, des poules, et tous les animaux qui servent à la vie. On y trouve les arbres odoriférants qui produisent les épiceries, le raven-sara, épicerie trop peu connue. On y trouve enfin une soie très-belle et très-forte; de sorte que l'on y peut réunir le commerce

de l'Amérique, de l'Inde, de la Chine et des Moluques.

A force d'élever ma faible voix pour la conservation de tous ces avantages, on sc décida enfin à envoyer dans l'Inde une division de six vaisseaux avec des troupes. Libre enfin, après huit mois de la détention la plus injuste et la plus arbitraire, j'avais repris l'exercice de mes fonctions, et j'étais à Paris lorsque cette expédition fut concertée. Le commissaire d'Albarade avait destiné pour l'effectuer trois vaisseaux de 74 canons, et trois vaisseaux rasés. Ceux-ci n'étaient point propres à cette mission; ils étaient pouris, ne sortaient jamais du port sans faire de l'eau, et ils n'auraient jamais pu doubler le cap de Bonne - Espérance. Comme je devais commander ces forces navales dans les Indes, je demandai trois vaisseaux de guerre en flûtes à la place des trois vaisseaux rasés. Mais le commissaire d'Albarade ne voulut point changer ses mesures. Il assurait que tout était bon pour l'expédition. Je me rendis à Brest, ainsi que le représentant Harmand , pour activer les préparatifs ; quelle fut notre surprise de ne trouver presqu'aucune disposition.

En arrivant à Brest, le commandant des armes Thirat, nous communiqua l'état des bâtiments destinés, tant pour l'expédition des Indes orientales, que pour celle des Indes occidentales , que le comité de salut public projetait à la même époque. Les vaisseaux le Watigny et le Redoutable, tous deux de 7+ canons, qui faisaient partie de ma division, étaient déjà en rade. Le vaisseau les Droits de l'Homme, de la même force et de la même division, était sur le point de s'y rendre. Il y avait aussi quelques flûtes; mais les vais seaux rasés, le surplus des flûtes et les frégates n'étaient pas encore prêts. Au reste, toutes ces dispositions se fussent completées avec le temps; mais il y en avait une bien essentielle à prendre, dont on aurait dû s'occuper de longue-main, et sans l'exécution de laquelle on ne pouvait se livrer à aucune expédition je veux parler de l'approvisionnement des vivres. Nous demand âmes à l'agent maritime Rédon, à connaître la situation des magasins en cette partie. Nous apprîmes, avec autant de surprise que de douleur, que le port était, à cet égard, dans une pénurie extrême, qu'on y vivait au jour la journée, malgré les efforts des représentants du peuple

occupés

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