Sayfadaki görseller
PDF
ePub

jettèrent sur les côtes: le Neptune se perdit à Peros, le Téméraire et la Convention arrivèrent avec bien des peines, le premier à Port-Malo, le second à l'Orient. Il serait à desirer que l'on pût oublier de telles fautes et de telles calamités.

Lorsque ces tristes et funestes évènements furent annoncés à Paris, le représentant Marec, qui venait d'être nommé membre du comité de salut public, et dont les talents pour l'administration sont reconnus, assembla sur-le-champ, chez le commissaire d'Albarade, un comité composé de deux généraux de la marine, Morard de Galles et moi, des administrateurs Jullou, le Febvre, Cavellier, d'un ancien ingénieur-constructeur, Gautier, pour examiner avec les représentants Marec et Boissier, avec le commissaire d'Albarade et les adjoints David et Chapatte, les moyens de porter remåde aux maux que la marine venait d'éprouver. On prit des mesures sages; mais les ressources étaient épuisées. Il faut temarquer d'ailleurs qu'à cette époque l'administration centrale de la république était partagée entre douze commissions exécutives, qui s'euten aient fort mal dans la direction. générale des opérations. Quand l'une avait

1

donné des ordres, par exemple, pour la délivrance des objets d'artillerie à retirer des fonderies, c'était à une autre à les faire transporter; quand l'une était prête, l'autre ne l'était pas. Les ordres étaient expédiés le plus souvent sans concert et sans intelligence. Le char du gouvernement était ainsi traîné tous les jours en sens contraire, et l'inertie la plus fatale était le résultat nécessaire de l'impulsion de ces forces opposées.

Cependant, on avait fait quelques mouvements à Brest pour préparer l'expédition de l'Inde et celle de Saint- Domingue. Je devais, comme je l'ai dit, commander la première, et j'avais arboré mon pavillon sur le vaisseau le Redoutable. Voyant l'impossibilité de faire l'expédition en grand', c'està-dire, de partir avec 6 vaisseaux, 4 frégates, 4 corvettes, et des bâtiments de transport portant six mille hommes, et sentant combien il était important par les raisons mentionnées plus haut, de mettre l'Ile-deFrance en état de défense, je proposai à d'Albarade de partir avec 2 vaisseaux seulement, l'an armé en guerre, et l'autre ayant sa première batt rie dans la cale, afin de porter six ou huit cents hommes de troupes,

des canons, des mortiers à l'Ile-de-France. Le représentant Harmand goûta et appuya cette proposition, à laquelle le commissaire de la marine ne répondit pas. Cependant, le représentant Cambacerès, président du comité de salut public, auquel j'avais communiqué également ma proposition, voulut bien me répondre la lett e la plus flatteuse, et me dire qu'il presserait le rapport qui devait être fait sur ma proposition.

C'est ici l'occasion de raconter un nouvel évènement fatal à notre marine, contre laquelle les éléments, l'inexpérience et l'entêtement le plus aveugle semblaient s'être coalisés.

[ocr errors]

Trois de nos vaisseaux, commandés par le contre amiral Vence, étaient, disaiton, bloqués à Eelle - Ile par une division anglaise de 5 vaisseaux. Les représentants Champaux, de Palasne et Topsent, décidèrent avec le général Villaret, qu'il fallait sortir avec les 9 vaisseaux qui étaient mouillés à Brest, pour aller dégager la division de Vence. Trouvant cette sortie contraire au bien du service, j'écrivis au représentant Harmand, et je lui marquais » que cette sortie ne pouvait avoir aucun but utile. 1o. Que

la division de Vence pouvait, malgré toutes les forces de l'Angleterre, se rendre de Belle-Ile à l'Orient, en combinant l'heure de la marée, pour se trouver, au point du jour, à miflot devant l'Orient. 2°. Que la division anglaise n'attendrait pas à l'ancre l'escadre française; qu'avertie de son arrivée par ses frégates en vedette, elle appareillerait, prendrait chasse et nous conduirait au milieu de son armée. 3o. Qu'il y avait lieu de croire. que les ennemis, qui savaient que toutes nos forces à Brest ne consistaient, en ce moment, qu'en 9 vaisseaux, dont plusieurs avaient des destinations importantes, les uns pour les Indes, les autres pour la mission du représentant Bourdon (de l'Oise), à SaintDomingue, tentaient d'attirer nos vaisseaux en mer pour leur couper la rentrée de Brest, et faire échouer les expéditions projetées. » Le représentant Harmand communiqua ma lettre à ses collègues et au général Villaret; on persista néanmoins dans le projet de sortir, et de sortir avec 15 jours de vivres; ce qui était très-imprulent, dans une saison où les ennemis pouvaient venir nous attendre, à notre retour de Belle-Ile, à la porte de Erest, nous en fermer le passage, et nous obliger

à fuir au large. Enfin,, on nous ordonna de nous tenir prêts à partir au premier signal, et je donnai sur-le-champ les ordres à la division que je commandais On alléguait aussi pour raison qu'il fallait se montrer. Je répondis sur ce motif: « Si l'on n'avait pas » voulu sortir pendant I hiver, nous pour>> rions nous montrer avec gloire; mais s'il

[ocr errors]

faut nous montrer avec nos débris, mon>>trons-nous sans donner dans le piège. N'al» lons pas vers Belle-Ile, où l'on nous attend; >> allons nous montrer sur les côtes d'Angle» terre, où l'on ne nous attend pas. Là, »> nous prendrons quelques vaisseaux de >> guerre; nous intercepterons quelque flotte, >> et nous reviendrons à Brest avec nos prises, » après avoir éludé, avec 9 vaisseaux, toutes les forces anglaises.

[ocr errors]

L'évènement a prouvé que j'avais bien prophétisé, ainsi que l'a dit le journal de Brest (l'Ami des principes). Le contre - amiral Vence était parti de Pelle - Ile ; nous le joignîmes à quelques lieues de Groix, et nous rencontrâmes la division anglaise composée de 5 vaisseaux, dont un à trois ponts, et de 2 frégates. Nous lui donnames chasse. Elle manœuvra comme je l'avais prévu, de façon

« ÖncekiDevam »