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à nous conduire au large. Nos vaisseaux chasseurs donnèrent et reçurent quelques coups de canons, et à l'entrée de la nuit, lé général français fit lever la chasse. Il s'est plaint de la conduite de quelques capitaines de son escadre, qui ne manoeuvrèrent pas bien; mais il est très-vrai de dire que si nous avions pris les 5 vaisseaux, les ennemis auraient semé pour recueillir, car nous aurions été tous pris le lendemain ou le surlendemain. Cela n'est pas douteux: 19. ces 5 vaisseaux marchaient bien, manoeuvraient bien, et nous auraient conduits très loin. 2o. Ces vaisseaux nous auraient causé bien des avaries dans nos mâts, nos voiles et nos agrès avant de se rendre. 3". Il nous eût fallu beaucoup de temps pour les amariner, et nous aurions été assaillis et pris par l'armée anglaise qui nous a combattus le 5 messidor.

Nous allons voir cette autre catastrophe.

Après la chasse dont je viens de parler, nous essuyâmes, sur la côte de Pennemarck, un coup de vent violent du nord-est, qui sépara dans la nuit notre escadre. Je me trouvai au point du jour avec 4 vaisseaux, y compris celui que je montais, et avec 8 ou

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10 frégates ou corvettes, je fis rallier tous les bâtiments; je fis chasser à différents airs de vent, pour découvrir l'armée, et je parvins à la rejoindre, ce qui était très-important. On découvrit ensuite l'armée ennemie à trois petites lieues de distance. On prit chasse; le vent était faible, et les anglais, qui apportaient le premier vent, approchaient insensiblement.

Le 4 messidor, à l'entrée de la nuit, les ennemis étaient à une lieue de nous. Le général Villaret fit signal à l'escadre de se former en ordre de marche de front; cette manoeuvre, à mon avis, à mon avis, n'était pas celle qui convenait. Il fallait, je crois, ordonner de former l'angle obtus de retraite, de 135 degrés, les deux côtés de l'angle formés par les deux lignes du plus près, et le vaisseau du général au sommet de l'angle. Dans cet ordie, la moitié de l'armée est toujours prête à combattre ou à présenter le travers à l'ennemi. Aussi, les anglais, voyant notre position, formèrent. deux colonnes au point du jour, pour attaquer les deux vaisseaux d'aîle de notre ligne de front, ou pour nous prendre en flanc, tribord et bâbord de notre ligne. Le général ordonna ensuite d'autres manœuvres

que

pendant le combat, qui commença à 5 heures du matin, comme de se former sur l'Alexandre, qui par la lenteur de sa marche était arriéré, et fut attaqué le premier. Toutes les manœuvres ordonnées furent mal exécutées, et l'embarras augmentait avec le nombre des ennemis. Chacun pensait à se couvrir de voiles pour gagner la terre, qui n'était pas éloignée. D'ailleurs il était inutile d'ordonner des manœuvres à une escadre en déroute, qui fuit devant des forces supérieures, parce la confusion et l'exécution même de ces mouvements ralentissent la marche et nuisent au salut d'une escadre, qui n'a de ressources qu'en gagnant la terre. Trois de nos vaisseaux furent pris, l'Alexandre, le Formidable et le Tigre. Les capitaines qui les commandaient méritent des éloges, pour le courage opiniâtre avec lequel ils ont, ainsi que les braves équipages sous leurs ordres, défendu le pavillon national et retardé leur défaite. Le combat cessa avant 9 heures du matin; nous étions à une demi-lieue de Groix, lorsque les ennemis levèrent la chasse. S'ils avaient bien manœuvré, ils auraient pu, ou prendre tous nos vaisseaux, ou les faire périr à la côte.

Lorsque l'armée anglaise eut cessé de nous

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poursuivre, le général Villaret me fit signal de venir conférer avec lui. En entrant à bord de la frégate la Proserpine, où était ce général, je le vis venir au-devant de moi; il me dit: « Tu connais, mon cher Kerguelen, toutes » les côtes. Je te prie de me dire sur quelle » partie de celle-ci je dois m'embosser. » Je lui répondis: « sur aucune, général. Si vous » prenez ce parti, toute votre escadre est perdue. Le mouillage est mauvais par-tout; » vos cables secouperont; les anglais viendront » tous les jours vous canonner en passant; ils » pourront même vous envoyer des brûlots. » Vos équipages s'enruieront de cette posi» tion périlleuse et fatigante, déserteront, » iront la nuit, à la nage, à terre, et les >> vaisseaux resteront sans défenseurs. Vous » n'avez d'autre parti à prendre que d'entrer » à l'Orient, et de profiter de la marce, qui >> vous laisse encore le temps de faire vos dispositions. » Le major-général Bruix fut de mon avis et l'appuya; le général se rendit à ces raisons solides, et l'escadre de la république fut sauvée.

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Le comité de salut public et la commission de marine, sur le simple rapport du général Villaret, approuvèrent sa conduite, qui,

après un si funeste évènement, devait être examinée par un conseil de guerre, ainsi que la mienne et celle des autres chefs. On lui donna des louanges, et on lui accorda toutes les grâces qu'il demanda. Je suis bien éloigné de condamner Villaret, dont je connais le zèle, le mérite et les vertus militaires. Je ne desire pas occuper sa place. Il ne sera jamais aussi heureux que je le souhaite. Mais je parle ici pour le bien du service, sans considérer qui commande; et je dis que je crois très-impolitique dans une république, sur-tout en temps de révolution, de continuer le commandement d'une armée navale tonjours au même général, parce que ce général indique continuellement les sujets qu'il faut avancer, ou à qui il faut donner des commandements, et qu'il peut se faire tant de partisant par la reconnaissance, que l'armée deviène enfin, pour ainsi dire, l'armée du général qui la commande depuis long-temps, plutôt que l'armée de la république.

Nos vaisseaux étant entrés à l'Orient, la pénurie des vivres força de congédier la majeure partie des équipages. Il était bien malheureux qu'on fût réduit à ces extrémités, dans un moment où les ennemis étaient

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