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aux portes de l'Orient. C'est dans ce temps qu'ils descendirent à Quiberon, se rendirent maîtres du fort Penthièvre, et exercèrent impunément mille brigandages sur nos côtes. Le combat du 13 prairial, la croisière d'hiver, et cette dernière sortie, nous avaient ôté tous les moyens de les prévenir ou de les punir.

Voilà où le systême de tout révolutionner, où l'inexpérience, l'entêtement, la présomption des chefs et la mauvaise direction des opérations ont réduit, en moins de trois ans, la marine française. Pour administrer cette marine délabrée, on avait fait succéder le citoyen Rédon au contre-amiral d'Albarade. Rédon, habile administrateur, était digne d'être ministre de la Marine. Pendant qu'il en a rempli la place, il a approvisionné les ports, il a établi de bonnes croisières, et fait par-tout de bonnes dispositions. Il répondait à tout le monde avec autant d'honnêteté que d'exactitude. Après la perte que nous venions de faire de trois vaisseaux devant l'Orient, je lui écrivis une lettre détaillée sur l'emploi que le gouvernement pouvait faire des tristes restes de nos forces navales. Parmi les observations que je lui faisais, je le priais d'examiner s'il ne convenait Pas, dans la situation

présente

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présente de notre marine, d'abandonner les vaines opérations de la méditerranée, qui nous coûtaient de l'argent et des hommes, et ne produisaient que de la fumée, pour ne faire que des expéditions solides et lucratives. Je lui marquais qu'il me paraissait avantageux de renforcer l'armée navale de Brest, qui est le port le plus voisin de l Angleterre; et que, si l'on prenait le parti de faire partir six ou huit vaissseaux de Toulon, pour aller à Brest, je croyais utile au bien de l'état d'envoyer ces six ou huit vaisseaux promptement à la nouvelle Angleterre, avec trois mois de vivres, 1o. pour prendre ou chasser loin de ces côtes une escadre anglaise de trois vaisseaux et de quatre frégates qui croisaient en ces mers pour empêcher les américains de porter des farines ou autres marchandises en France. 2°. Pour s'y charger eux-mêmes de farines, et pour convoyer en même temps tous les bâtiments américains qui voudraient porter des vivres et autres articles de commerce à la république française. Ces six ou huit vaisseaux de Toulon seraient arrivés à la nouvelle Angleterre vers la fin de fructidor, et ils eussent été de retour à Erest avec une flotte américaine en nivôse.

Le ministre Rédon me fit une réponse dont

voici l'extrait:

Paris, 30 messidor, an III de la république,

une et indivisible.

» J'ai vu, et je n'en doutais pas, général, par votre lettre du 9 de ce mois, et les détails qu'elle contient, que votre zèle pour le bien public est toujours aussi éclairé qu'actif. Vos vues relatives aux mouvements de nos forces navales sont justes et du plus grand intérêt. C'est pour moi un devoir et un plaisir d'en mettre le développement sous les yeux du comité de salut public. Vous pensez sur le passé, le présent et l'avenir comme pensent tous les gens sages. Personne ne desire plus que moi que de pareils raisonnements soient mis à profit, etc. »>

Salut et fraternité.

Signé REDON.

On conviendra que cette manière de répondre est encourageante et satisfaisante. L'intrigue a malheureusement déplacé Rédon. Le général Truguet lui a succédé. J'ignore ce qui l'occupe; mais il ne répond jamais, même pour les choses importantes. Je lui ai

écrit de Brest, aussi-tôt mon arrivée en ce port, où j'avais ramené de l'Orient 2 vaisseaux et 2 frégates, que j'avais à lui proposer une expédition facile, qui obligerait les anglais à nous demander la paix avant trois mois. Il y a plus de trois mois que je lui écrivis cette lettre, et j'en attends encore la réponse. (1)

(1) J'ai cependant reçu de lui une lettre relative à la défense de l'Ile de-France; elle est écrite toute de sa main: mais alors il n'était pas encore ministre; il était simple et modeste conseil des derniers représentants chargés du département de la marine et des colonies au comité de salut public. Je la présente ici telle qu'elle a été écrite.

Réponse du général Truguet au général Kerguelen.

Paris 16. vendimiaire an 4

Jai recu citoyen general la lettre que vous maves fait lamittié de mecrire le 5 jour complementaire je pense bien comme vous sur lurgence des secours quil faut envoyer aux isles de France et de Bourbon et sur l'importance de leur conservation. J'ai fait sur cet objet plusieurs rapports qui tous dans ce sens présentent la necessité indispensable de faire partir une division. Différentes circonstances ont retarde lenvoy de ces forces et lon paroit decidé a laccellerer par tous les moyens possibles. Ma opinion etcit d'envoyer deux vaisseaus mais jai du me soumettre aux decissions superieures. Je ne puis citoyen general que deployer ainsi que vous le zele le plus ardent pour le succes de cette expédition dont depend nos richesses nationales et lexistence ultérieure de notre

commercce.

Je vous remercie citoyen general de tout ce que vous me dites dobligeant. Je m'efforcerai toujours de justifier lopinion de mes cammarades

Salut et fraternité
Signé TRUGUET

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Je lui ai écrit deux fois depuis mon séjour à Paris, pour lui proposer de faire une tournée sur les côtes, pour faire rentrer au service huit à dix mille marins qui ont déserté, ou qui, ayant eu des congés, ne veulent plus rejoindre. Aimé de tous les marins, et parlant très-bien la langue en usage sur les côtes de l'Ouest, je me flattais de ramener des hommes précieux que la malveillance a égarés. Je n'ai pas reçu de réponse à ces deux lettres qui méritaient un remercîment. C'est ainsi que la passion et l'entêtement d'un seul homme nuisent au bonheur de 20 millions d'hommes. Quelles opérations a fait ce ministre? Il a envoyé une division dans l'Inde; deux autres à Saint-Domingue, et d'autres en croisière. Il n'a composé ces divisions que de frégates, et il en a absolument dégarni les ports de l'océan; elles sont cependant nécessaires pour les convois, pour éloigner les frégates anglaises de la côte et de l'entrée de Brest, où elles viènent enlever les bâtiments qui y portent des vivres et des matériaux pour la marine. Je crois que le ministre aurait dû employer, pour les missions de l'Inde et de Saint-Domingue, des vaisseaux de guerre en flûtes, c'est-à-dire, des vaisseaux qui,

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