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enseignement moral « laïque » dans son mode, << rationnel >> dans son fondement,« social » dans sa fin.

Le moyen de la faire pénétrer dans la nation tout entière n'est pas autre que l'Université, qui non seulement peut donner l'enseignement scientifique à un degré supérieur, mais encore peut et doit, dans la pensée de ses fondateurs et de ses chefs actuels, donner l'enseignement moral, social, à toutes les intelligences et à toutes les volontés qu'elle a la charge de former, depuis celles des enfants de l'école primaire, qui apprendront de leur instituteur à bien agir en vertu de la solidarité sociale, jusqu'à celles des étudiants des lycées et des Facultés, que leurs professeurs initieront aux causes profondes et aux raisons dernières de cette morale.

Telle est, en substance, le livre que M. Fouillée présentait, au commencement de cette année, à tous les Français que préoccupe l'avenir moral de leur pays. Si divers par leur formation et leur milieu sont ces Français qu'il est aisé de comprendre la diversité des jugements que la presse a enregistrés depuis six mois sur ce livre. On ne peut pas demander à un moraliste chrétien catholique et thomiste de penser, sur cette matière, comme un moraliste rationaliste et universitaire. Quelles que soient cepen dant les divergences religieuses et philosophiques entre les personnes, il est nécessaire d'être juste, et, à ce titre, de reconnaître que M. Fouillée a fait œuvre d'homme convaincu et profondément désireux du progrès moral de son pays. Il faut reconnaître encore que, si son point de départ est vrai, la conclusion s'impose, et la seule morale acceptable, vraiment digne de la raison humaine, est celle que M. Fouillée nous propose. Si, en effet, il n'existe pas une morale surnaturelle, basée sur des principes révélés par Dieu et sanctionnée par les récompenses et les peines individuelles: Ciel et Enfer, que le Christianisme enseigne, si la morale catholique est en soi insuffisante à régler et à conduire les forces instinctives ou raisonnées de l'homme, il est bien certain qu'il faut en revenir purement et simplement à la morale naturelle et, puisque nous vivons en société, ajouter à ses principes, à ses mobiles, et à ses sanctions les principes, les mobiles et les sanctions que fournit ce point de vue social.

Mais est-il bien vrai qu'il n'y a pas de morale surnaturelle? est-il bien vrai que celle qui se donne comme telle soit désormais insuffisante? Toute la question pour nous est là; et pour être juste jusqu'au bout, nous sommes obligés, avec regret, de dire que l'auteur de La France au point de vue moral la traite assez légèrement, en la résolvant par la négative, comme il fait, d'après quelques constatations de faits, insuffisantes dans la matière, et d'ailleurs contestables et incomplètes. Au fond, M. Fouillée, je crois, n'a pas voulu s'engager dans la question théorique et métaphysique; son livre y eût perdu l'allure facile, intéressante et actuelle que lui donnent les faits

et les statistiques dont il est plein; il n'eût pas été à la portée de tous. Or, on sent visiblement que M. Fouillée est arrivé à un état d'âme qui l'entraîne à l'action, à l'apostolat. Ceux qui ont suivi le développement de sa pensée, dans la longue et savante suite de ses ouvrages antérieurs, y ont trouvé peut-être, scientifiquement résolue, la question fondamentale qui se pose ici; en tout cas, ceux qui n'auront lu que La France au point de vue moral devront la résoudre par eux-mêmes, et c'est par où, à mon avis, pèche surtout ce livre.

D'autres ont dit combien il se rencontre d'utopies dans les moyens proposés pour la vulgarisation et la réalisation de la morale sociale purement naturelle. D'autres en ont voulu à M. Fouillée de n'avoir pas résisté à la tentation d'écrire parfois des traits satiriques à l'adresse du clergé catholique. Les politiciens et les journalistes lui ont reproché d'avoir déprécié leur puissance éducatrice et moralisatrice.

Nous ne relèverons pas ces critiques, qui pour nous sont accidentelles, et n'entament guère la valeur intrinsèque d'un livre écrit par un maître. Mais nous laissons à l'expérimentation de la nouvelle morale et à ses résultats, le soin de montrer à la France si son relèvement total dépend uniquement de l'enseignement moral « laïque, rationnel et social».

A. L.

une introduction et des notes, et augmentée. (2 vol. in-8° de

Euvres philosophiques de Leibniz, avec par Paul JANET, 3° édition revue la Bibliothèque de philosophie contemporaine, Paris, Félix Alcan, éditeur.)

Ce sont les principales doctrines du grand philosophe allemand que M. Janet a voulu mettre en évidence. Cette nouvelle édition se divise en deux volumes, dont le premier comprend les Nouveaux essais sur l'entendement humain, la Correspondance avec Arnaud, un certain nombre de petits travaux; le second se compose des Essais de théodicée et de la partie philosophique de la Correspondance avec le Père Des Bosses.

M. Paul Janet est mort quand il terminait sa tâche; M. Boirac, recteur de l'académie de Grenoble, s'est chargé de revoir les dernières épreuves et d'établir la Bibliographie de Leibniz, que l'auteur n'avait pas eu le temps

d'écrire.

Blaise Pascal. Discours sur les passions de l'amour, par G. MICHAUT. (Paris, 1900, Fontemoing, in-16, xvi-32 pp.)

Ce n'est pas le petit traité de Pascal que nous signalons ici, mais l'intéressante édition qu'en donne M. Michaut. Les pascalisants rechercheront

cette plaquette, non seulement pour son élégance, mais surtout pour l'instructive préface de M. Michaut et le commentaire perpétuel du texte de Pascal qui constitue une véritable anthologie des sentences des moralistes du XVIIe siècle sur la même matière. L'éditeur émérite des Pensées de Pascal s'est mis ici à l'unisson de son sujet et l'a manifestement traité lui-même con amore.

P. M.

Les Grandes Guérisons de Lourdes, par le D' BOISSARIE. Grand in-8° de 560 p., 140 simili-gravures dans le texte et 24 gravures hors texte. (Librairie Douniol, 29, rue de Tournon, Paris.)

Le nom et la qualité de l'auteur sont pour ce livre la meilleure recommandation. Ils le feront lire avec intérêt et profit par ceux qui veulent connaître la vérité sur les manifestations surnaturelles de la puissance divine ou sur l'efficacité que revêt, à Lourdes en particulier, l'intercession de la Très Sainte Vierge, et qui, sans attribuer de parti pris à tous les événements extraordinaires qui s'y déroulent un caractère miraculeux, sont prêts pourtant à s'incliner de bonne foi devant l'évidence, lorsqu'elle leur sera suffisamment démontrée.

La Franc-Maçonnerie contre la Liberté, par FRANÇOIS VEUILLOT.
(Bloud et Barral. Brochure, 63 pages in-12.)

Cette brochure fait partie de la publication si intéressante et si actuelle intitulée Science et Religion: Etudes pour le temps présent.

Après tant d'ouvrages sur la hideuse secte, le travail de M. François Veuillot sera lu avec intérêt et profit. Pas de déclamation, mais des documents précis, authentiques, tout récents, qui mettent en vive lumière l'évolution maçonnique et la campagne de la secte scélérate, la manière dont ces hypocrites raffinés entendent la liberté, les attentats de ces nouveaux Tartufes contre la liberté religieuse, la liberté d'enseignement, la liberté d'association, la liberté des fonctionnaires.

Nous souhaitons que les documents qui s'enchaînent avec tant de force dans la brochure de François Veuillot produisent chez les honnêtes gens des haines vigoureuses contre la bande exaspérante et oppressive, contre ces maîtres occultes, intolérants et cyniques dont l'audace toujours croissante est, à l'heure actuelle, le vrai péril national.

P. B.

Le Gérant: P. SERTILLANGES.

PARIS. — IMPRIMERIE F. LEVÉ, RUE CASSETTE, 17.

REVUE THOMISTE

DES PRINCIPALES ERREURS

CONDAMNÉES

SOUS LE NOM D'AMÉRICANISME "

L'on nous écrit que nous ferions plaisir et rendrions service à bon nombre de nos lecteurs, si nous donnions une réponse tant soit peu détaillée à la question suivante: « Quelles sont les principales erreurs condamnées sous le nom d'américanisme, par Léon XIII, le 22 janvier 1899. »

La question est trop actuelle et trop digne d'intérêt pour que nous ne saisissions pas avec empressement l'occasion qui nous est offerte de la traiter dans la Revue Thomiste. Nous le ferons avec toute la précision doctrinale qui s'impose en pareille matière; mais nous éviterons soigneusement toute allusion de personnes qui pourrait sembler indiscrète ou blessante. Du reste, une fois précisés les caractères et les traits des principales erreurs dont il s'agit, chacun pourra aisément se rendre compte si autour de lui ou dans tel système en vogue, l'on ne pourrait pas, à très bon droit, affirmer qu'on en retrouve les formes.

Qu'il y ait un ensemble d'erreurs condamnées sous le nom d'américanisme, la chose n'est pas douteuse, puisque le Souverain Pontife a pris soin de s'en expliquer lui-même. Il terminait sa Lettre au cardinal Gibbons par ces mots: Ex his igitur, quæ huc usque disseruimus, patet, dilecte Fili Noster, non posse Nobis opiniones illas probari, quarum summam americanismi nomine nonnulli indicant. Ce n'est pas que le mot d'américanisme doive entraîner, par lui-même, ou éveiller dans nos esprits un sens défavorable quelconque. Il faudrait même se garder de croire que le Souverain

REVUE THOMISTE. 9e ANNÉE. 9.

Pontife veuille jeter par ce mot le moindre discrédit sur les mœurs ou les usages ou les lois ou même le caractère des peuples de l'Amérique, notamment de l'Amérique du Nord et des ÉtatsUnis. Et ce serait bien plutôt le contraire qui résulterait des termes du Saint-Père. Léon XIII signale ces peculiaria animi ornamenta quæ, sicut alias nationes, America populos decorant; et si le mot. d'américanisme ne voulait pas désigner autre chose, ou s'il ne désignait que l'état politique des villes américaines, ou leurs lois et leurs usages, le Souverain Pontife ne verrait aucune raison de ne pas l'accepter. Mais il en est tout autrement si, par ce mot, l'on veut désigner et, plus encore, recommander certaines doctrines dont l'imputation spéciale aux peuples d'Amérique constituerait pour eux une véritable injure (1).

Quelles sont donc ces doctrines qu'il est regrettable qu'on ait désignées sous le nom d'américanisme, mais qu'on désigne en fait sous ce nom; et que le Souverain Pontife ne peut s'empêcher de désavouer et de condamner. Car c'est bien une véritable condamnation, et non pas un blâme quelconque, que Léon XIII invite les évêques d'Amérique à prononcer, après lui, et avant tout les autres Prélats de l'Église, contre ces erreurs qu'il déclare, en raison même du nom général qu'on leur a donné, souverainement injurieuses pour toute la nation américaine.

Le Souverain Pontife a lui-même signalé un livre où ces erreurs semblent avoir pris corps ou tout au moins, car ce serait peut-être trop dire, avoir trouvé une occasion, grâce aux controverses que ce livre a suscitées, de se formuler plus âprement et de se répandre d'une façon plus dangereuse. Ce livre n'est autre que la traduction française de la vie du Père Hecker. Il serait facile d'y retrouver au moins le germe des principales erreurs que nous allons tâcher de préciser, en nous inspirant de la Lettre du Souverain Pontife. Pour plus de netteté, nous les rattacherons à trois chefs principaux : les erreurs qui ont trait au dogme; celles qui touchent à la morale; celles qui concernent l'apologétique.

(1) « At si illud usurpandum ideo est, ut doctrina superius allatæ, non indicentur modo, immo vero etiam cohonestentur; quodnam est dubium, quin venerabiles Fratres Nostri Episcopi America, ante cæteros, repudiaturi ac damnaturi sint utpote ipsis totique eorum genti quam maxime injuriosum? >>

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