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l'égard des fidèles, dont ils exigeaient un assentiment de foi divine. Comme pour le raisonnement exposé plus haut, si l'Écriture témoigne toujours dans le même sens, au moins chaque fois qu'il est question de doctrine, pourquoi supposerait-on les choses différentes pour les cas dont le souvenir n'a point été transmis par écrit ? La connaissance de l'organisation de l'Église nous vient de Dieu, et, devant une manière de faire toujours identique, personne n'a le droit de supposer une exception capable de détruire la coutume habituelle. Quand les apôtres écrivaient, sous la dictée de Dieu, les Évangiles ou les Épîtres, c'était bien à la parole du Très-Haut que les fidèles acquiescaient librement. Hæc autem scripta sunt, dit saint Jean, ut credatis quia Jesus est Christus Filius Dei, et ut credentes vitam habeatis in nomine ejus (1). Il en était de même lorsqu'ils enseignaient de vive voix aux juifs et aux gentils la vérité divine, qui purifiait leurs cœurs et en faisait la demeure de l'Esprit-Saint; le chef du collège apostolique, vicaire du Christ, l'affirme expressément : Viri fratres, vos scitis quoniam ab antiquis diebus Deus in nobis elegit per os meum audire gentes verbum evangelii et credete (2). Saint Paul établit plus nettement encore cette relation entre la parole des apôtres et la créance qu'elle doit obtenir. Selon lui, l'apostolat a pour but d'amener les intelligences à reconnaître la doctrine surnaturelle et de les soumettre à JésusChrist: Accepimus gratiam et apostolatum ad obediendum fidei in omnibus gentibus, pro nomine ejus. Non enim audeo aliquid loqui eorum quæ per me non effecit Christus in obedientiam gentium. Consilia destruentes et omnem altitudinem extollentem se adversus scientiam Dei, et in captivitatem redigentes omnem intellectum in obsequium Christi (3). D'ailleurs Notre-Seigneur lui-même avait dit: Prædicate evangelium omni creaturæ. Qui crediderit et baptizatus fuerit, salvus erit (4). Il s'agit bien là d'une croyance de foi divine, puisqu'elle est le moyen nécessaire pour arriver au salut. Sans doute, les vérités dogmatiques, enseignées aujourd'hui par les divers organes du magistère ecclésiastique, demandent le même genre d'adhésion; mais il y a cette différence que les

(1) JOAN., xx, 31.

(2) Act. ap., xv, 7.

(3) Rom., 1, 5, xv, 18; II Cor., x, 4, 5.

(4) MARC, XVI, 15, 16.

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apôtres les annonçaient comme promulgateurs, en vertu de leur pouvoir spécial ad primam fidei prædicationem, tandis que le corps épiscopal, avec son chef, a seulement mission de prêcher et de garder une doctrine parce qu'elle a été déjà officiellement acceptée comme divine. Envoyés par Notre-Seigneur comme le Verbe l'avait été lui-même par le Père, et revêtus de l'autorité de légats du Christ, les apôtres demandaient foi et obéissance à tout leur enseignement, non point comme à leur parole, mais comme à la parole de Dieu, ce qu'elle était réellement, selon l'affirmation de saint Paul aux Thessaloniciens: Quum accepissetis a nobis verbum auditus Dei, accepistis illud non ut verbum hominum, sed, sicut est vere, verbum Dei (1).

De là vient que, dans l'Église, d'après la remarque de Passaglia, on a toujours regardé comme synonymes les deux termes : doctrine révelée et doctrine apostolique, et que, toute et seule, la doctrine apostolique peut être dite révélée : Sicuti apud fideles semper obtinuit, ut non secus ac synonyma haberentur doctrina revelata, christiana et apostolica; ita ratum idem semper fuit tum doctrinam nullam revelatam christianamque censeri posse, quæ apostolica non fuerit, tum omnem et solam doctrinam apostolicam existimari posse revelatam et christianam (2). N'est-ce point aussi la cause pour laquelle l'Église se réfère toujours à la doctrine des apôtres comme à la règle de son enseignement ? Au point de vue de l'autorité, elle ne distingue pas entre leur parole et celle de Notre-Seigneur lui-même, au nom duquel ils parlaient; elle affirme n'être que la gardienne de la doctrine apostolique; elle réprouve les nouveautés, qui voudraient altérer l'objet de la foi en retranchant ou ajoutant quelque chose à la révélation, en niant ou interprétant mal la vérité traditionnelle. La doctrine apostolique est la matière même de sa propre prédication, le fondement sur lequel elle appuie sa parole, l'autorité qu'elle oppose aux fausses théories des hérétiques. Si la doctrine de l'Église s'impose à la croyance des peuples, ce n'est point en raison de l'autorité qui lui vient de la série de siècles déjà longue qu'elle a traversée, mais à cause de celle que lui donne son origine apostolique; car, dès le commencement, elle

(1) I Thess., 11, 13.

(2) L. c., n. 147.

a témoigné, selon le précepte des apôtres eux-mêmes (1), n'être que la dépositaire des vérités promulguées par eux. Pour elle, enseignements de Notre-Seigneur et enseignements des apôtres, c'est tout un. Il y a donc, au point de vue du pouvoir doctrinal, une réelle différence entre les apôtres et l'Église celle-ci transmet et interprète la doctrine catholique ; ceux-là la promulgent et la fondent véritablement.

Les plus anciens Pères, c'est-à-dire les théologiens les plus rapprochés de la promulgation de la vérité révélée, attestent la pensée de l'Église sur ce point, et, confondant à dessein les enseignements de Notre-Seigneur et ceux des apôtres, attribuent aux uns et aux autres la même autorité. Citons en particulier saint Ignace, martyr, disciple de saint Pierre et son deuxième successeur sur le siège d'Antioche : « Σπουδάζετε οὖν βεβαιωθῆναι ἐν τοῖς δόγμασιν του Κυρίου καὶ τῶν ἀποστόλων ἵνα πάντα όσα ποιῆτε κατευοδοθήσε... (2) Tertullien dit aussi : « Nobis nihil ex nostro arbitrio inducere licet, sed nec eligere quod aliquis de arbitrio suo induxerit. Apostolos Domini habemus auctores, qui nec ipsi quidquam ex suo arbitrio, quod inducerent, elegerunt; sed acceptam a Christo disciplinam fideliter nationibus adsignaverunt (3).

Il serait facile de citer un plus grand nombre d'auteurs ecclésiastiques des premiers siècles qui donnent à la prédication des apôtres le titre de règle de la foi. Rappelons au moins le mot de Clément d'Alexandrie, qui nomme les apôtres ponátopes t☎v Corpátov. L'opinion générale était donc que la doctrine apostolique avait Dieu pour auteur et pour inspirateur, puisque toujours l'Église lui attribue la même autorité divine, sans distinguer entre les parties révélées par Notre-Seigneur durant sa vie mortelle, et celles que le Saint-Esprit a rappelées, communiquées aux apôtres ou qu'il leur a inspiré de prêcher.

Mais précisons davantage; comme en aucun endroit, ni dans les décisions solennelles des conciles, ni dans l'enseignement ordinaire de l'Église, ni dans la Sainte Écriture, il n'est fait de restriction à la thèse générale que nous avons cherché à faire ressortir; il faut conclure que la doctrine, c'est-à-dire toute la

(1) I Tim., VI, 20.

(2) Epist. ad Magnes., § 13. (3) De præscript., cap. vi.

doctrine enseignée par les apôtres est garantie par leur autorité de promulgateurs de l'Évangile, de sources de la révélation et de représentants du Christ, qui leur a confié son pouvoir doctrinal en vue de la prédication première et authentique de la vérité surnaturelle. Le principe formulé par Franzelin trouve donc ici sa place: Quæ ad doctrinam pertinent religiosam, eo ipso quod demonstrantur ab Apostolis tradita, etiam divinitus revelata esse constat. Unde sem– per in Ecclesia quærere de doctrinæ apostolicitate et de ejusdem revelatione divina, prorsus unum idemque censebatur (1). Il faut bien entendre ces paroles et ne pas en exagérer le sens. A notre avis, le docte théologien ne prétend pas que tous les éléments de la doctrine catholique ont été révélés par Dieu aux apôtres, qui n'auraient pu les connaître autrement, ou, tout au moins, en réalité, ne les auraient pas connus d'une autre manière. Une telle interprétation contredirait l'Écriture, qui rapporte des faits soit naturels, soit miraculeux, constatés à la façon ordinaire. Franzelin a donc voulu parler du dépôt de la vérité, confié par Dieu à la prédication apostolique, et dire que toute doctrine enseignée par les apôtres avait pour elle l'autorité divine, comme les vérités révélées au sens strict. Il n'importe pas qu'elle soit accessible à la raison ou non; car, dès lors que son objet est véritablement et essentiellement doctrinal, elle tombe sous le pouvoir extraordinaire des apôtres, autrement dit, sous l'autorité de Dieu, annonçant la vérité surnaturelle par la bouche de ses envoyés. Ainsi la tradition orale. divino-apostolique peut, de même que l'Écriture, renfermer des éléments surnaturels et naturels, tous revêtus de la même garantie et enseignés par ordre divin. De toutes les traditions doctrinales apostoliques, il faut donc dire qu'elles sont divines, et leur appliquer rigoureusement ces paroles de Mazzella: Traditionibus dominicis ac divino-apostolicis par inest vis, cum æque sint divinæ, et distinguantur solummodo ratione primi præconis visibilis (2).

Les apôtres pouvaient se servir d'un double mode d'enseignement de la parole ou de l'écriture, qui sont pour l'homme les deux manières de communiquer sa pensée à autrui. Ce serait faire une remarque bien connue que de dire que Notre-Seigneur a confié à la tradition orale le principal rôle dans la transmission de la

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doctrine révélée. Les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament ne contiennent pas toute la vérité surnaturelle, et pour ce qu'ils renferment, l'interprétation doit toujours être subordonnée au magistère oral et vivant de l'Eglise catholique; on sait que le protestantisme est basé sur des principes absolument opposés. Après sa résurrection, Notre-Seigneur, en investissant de leur mission les onze disciples fidèles, avait surtout en vue l'enseignement par la parole. Euntes in mundum universum, prædicate evangelium omni creaturæ. Oportebat... prædicari in nomine ejus pænitentiam et remissionem peccatorum in omnes gentes (1). Dans le grec il y a le mot púate, xypuyĺqvai, proclamer par la voix du héraut. Toutefois, comme l'expérience l'a montré, l'enseignement par écrit n'était pas exclu de la promulgation de l'Évangile, mais il est indispensable de faire observer que tous les livres du Nouveau Testament sont des écrits de circonstance et ont tous un but spécial. L'inspiratio ad scribendum ne rentre pas nécessairement dans le nombre des prérogatives de l'apostolat; car six apôtres seulement saint Pierre, saint Jean, saint Matthieu, saint Jacques, saint Jude et saint Paul, nous ont laissé des œuvres authentiques: évangiles, épîtres et apocalypse, que l'Église a reconnus pour inspirés. Or, si la qualité d'écrivain sacré était inhérente à l'apostolat, il faudrait dire que les autres n'ont pas suivi le mouvement de la grâce, ou bien que leurs écrits se sont perdus et n'ont laissé aucune trace dans la tradition chrétienne. La première supposition serait injurieuse pour les apôtres, et rien n'autorise à faire la seconde. D'ailleurs, on peut croire que Dieu, en favorisant saint Marc et saint Luc de l'inspiration ad scribendum, a montré par là qu'elle n'était pas une note essentielle de l'apostolat proprement dit (2).

(1) MARC, XVI, 15; Luc, xxiv, 16, 47.

(2) La question de savoir si tous les écrits authentiques des apôtres sont inspirés diffère de celle qui nous occupe. Michaëlis y répond dans un sens trop absolu, indépendamment du principe qui le guide en cette matière. Pour préciser notre pensee mieux que nous ne l'avons fait ailleurs, nous croyons que, s'il existait un écrit doctrinal, attribuć par une tradition des temps apostoliques à l'un des apôtres, et que si son authenticité était établie sans doute possible, l'Eglise en regarderait la doctrine comme divine et infaillible, et tiendrait son auteur pour inspiré. N'est-ce pas ce qui a eu lieu pour l'épitre aux Hébreux? Et remarquons bien que tous les écrits connus des apôtres rentrent dans le Canon des Écritures. « Sans doute, comme le dit fort bien M. Vacant (Etudes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican. t. I, p. 484), les apôtres ont pu

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