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ble sans se lier par aucun vœu de religion, ils le peuvent assurément; et l'Église n'a jamais désapprouvé un tel genre de vie, qui, du reste, n'est pas nouveau dans son sein. Mais qu'on se garde bien de placer au-dessus des Ordres religieux un pareil état de vie; et, au contraire, puisque aujourd'hui les hommes sont plus enclins qu'ils ne l'aient jamais été à mener une vie de plaisirs, c'est donc bien maintenant qu'on doit plus que jamais tenir en haute estime ces âmes courageuses qui ont tout laissé pour suivre Jésus-Christ: Si qui igitur hoc magis adamant, nullo votorum vinculo, in cœtum unum coalescere, quod malint faxint; nec novum id in Ecclesia nec improbabile institutum. Caveant tamen ne illud præ religiosis Ordinibus extollant; quin potius, cum modo ad fruendum voluptatibus proclivius, quam ante, sit hominum genus, longe pluris ii sunt habendi qui, relictis omnibus, secuti sunt Christum.

Il suit de là qu'infirmer, en quelque manière que ce soit, l'estime qu'on doit avoir pour la vie religieuse proprement dite, qu'il s'agisse de vie religieuse active ou de vie religieuse contemplative; à plus forte raison, travailler à détourner les âmes de la pratique de cette vie, et les pousser, comme à un bien meilleur, à ce qu'on pourrait appeler la simple association religieuse, est encore une erreur pratique très pernicieuse, directement condamnée par Léon XIII, sous le nom d'américanisme.

Et si, résumant ces diverses erreurs qui touchent à la manière de vivre (disciplina vivendi), l'on voulait les caractériser d'un mot, il faudrait dire que le Souverain Pontife a entendu condamner, sous le nom d'américanisme, les doctrines trop à la mode, d'un individualisme exagéré et sans contrepoids suffisant.

III

A côté de ces erreurs ayant trait au dogme ou à la morale, le Souverain Pontife en désigne quelques autres qui concernent la manière de pratiquer l'apostolat. Il n'approuve pas qu'on abandonne les méthodes jusqu'ici usitées dans l'Église et qu'on se lance trop à la légère dans de nouvelles voies. Et, par exemple, s'il est permis aux laïques, simples fidèles, si c'est même pour eux un devoir de travailler au salut de leur prochain, ce doit être plutôt par l'intégrité de leur vie, par les œuvres de charité et par la

prière qu'ils y doivent concourir morum integritate, christianæ charitatis operibus, instante ad Deum ipsum assiduaque prece. Les membres du clergé, eux, s'acquitteront du même devoir par une sage prédication de l'Évangile, par la gravité et la splendeur des cérémonies du culte, surtout par l'exacte reproduction du type idéal que l'apôtre saint Paul proposait à Tite et à Timothée : sapienti Evangelii prædicatione, sacrorum gravitate et splendore, præcipue autem eam in se formam doctrinæ exprimentes quam Tito ac Timotheo Apostolus tradidit.

Quant au mode de prédication qui conviendra le mieux, il n'est nullement défendu de préférer, suivant les circonstances, celui qui consiste à aborder les dissidents, non à l'église ou dans les temples, mais dans des locaux spéciaux et privés, pourvu, bien entendu, que ces locaux soient honnêtes et ne prêtent pas à la critique. Il n'est pas défendu non plus d'user, en ces circonstances, du mode de la conversation familière, plutôt que d'une controverse solennelle ; et ce peut être même une méthode excellente, observe le SaintPère, quand on se trouve en présence d'hommes qui sont retenus loin de nous plutôt par l'ignorance de l'esprit que par l'obstination perverse de la volonté. Mais ce qu'il faut observer, même alors, c'est la parfaite dépendance à l'endroit des évêques ; et nul ne doit assumer un pareil ministère, s'il n'y a été reconnu apte par l'autorité compétente, qui aura à juger de sa science et de sa bonne conduite (1).

Ces réserves et ces indications du Souverain Pontife nous montrent qu'on doit se tenir en garde contre certains excès d'un zèle malentendu, qui se pourraient rencontrer quelquefois, soit parmi les laïques, soit dans quelques membres du clergé. Il y aurait excès, du côté des laïques, à vouloir assumer un rôle qui n'est pas le leur. Ce n'est pas à eux précisément qu'a été confiée la mission de prêcher l'Évangile; à plus forte raison ne doivent-ils pas s'ériger en juges de la doctrine, ni même de la conduite, surtout quand il s'agit des supérieurs ecclésiastiques. Leur rôle est plutôt un rôle d'édification, ou de bonne influence domestique et sociale. Ils

(1)« Quod si, e diversis rationibus verbi Dei eloquendi, ea quandoque præferenda videatur, qua ad dissidentes non in templis dicant sed privato quovis honesto loco, nec ut qui disputent, sed ut qui amice colloquantur; res quidem reprehensione caret; modo tamen ad id muneris auctoritate Episcoporum ii destinentur, qui scientiam integritatemque suam antea ipsis probaverint.

doivent, à cette fin, mener une vie vraiment chrétienne, et coopérer, selon leurs moyens, à toutes les bonnes œuvres où pourra s'exercer leur charité.

Du côté des membres du clergé, il y aurait excès ou manque de sagesse à vouloir se faire les apôtres d'une autre doctrine que celle de l'Évangile : c'est pour prêcher l'Évangile, et non des doctrines humaines, qu'ils ont été constitués par Jésus-Christ. Ce serait une erreur aussi et une mauvaise tactique de se départir de cette gravité de mœurs qui convient à tout ministre de l'Évangile, ou de sacrifier à des habitudes prétendues nouvelles l'éclat el la splendeur du culte. Enfin, s'il est louable et désirable qu'ils se fassent tout à tous, et qu'ils se plient à un mode d'apostolat ou de prédication qui leur permettra d'atteindre plus facilement les brebis égarées et de les ramener au bercail, qu'ils n'oublient pas qu'ici encore la prudence s'impose à eux, et qu'avant tout il leur faut se munir du mandat légitime que seules pourront leur accorder les autorités constituées.

Faut-il rattacher à ce qu'il y aurait d'erroné ou d'excessif dans ces méthodes nouvelles d'apostolat que vise le Souverain Pontife, certaines méthodes nouvelles d'apologétique, très louées et très recommandées de nos jours par un grand nombre d'esprits, et non des moins éminents ni des moins écoutés? La question ainsi posée est trop délicate et trop complexe pour y répondre par un oui ou par un non pur et simple. Si, par cette question, l'on voulait faire entendre que ces méthodes nouvelles d'apologétique ont été comprises, directement et intentionnellement, dans la désapprobation ou le blâme des excès que signale la Lettre du Souverain Pontife, c'est, croyons-nous, une réponse négative qu'il y faudrait donner. Le Souverain Pontife a surtout et premièrement voulu exclure des écarts de doctrine. ou des excès de zèle dont l'exposé ou le germe se pouvaient trouver dans le livre qu'il désigne lui-même ou dans les controverses soulevées et agitées à l'occasion de ce livre (la traduction française de la vie du Père Hecker). Or il ne semble pas qu'on doive ou qu'on puisse rattacher directement à ces écarts ou à ces excès les méthodes nouvelles d'apologétique dont il s'agit. Mais peut-on dire, d'autre part, qu'il n'y a aucune parenté ni aucune connexion entre ces doctrines ou ces tendances? Nous n'oserions

l'affirmer. Et ce qui nous ferait hésiter, c'est d'abord que les tenants des nouvelles méthodes apologétiques étaient, jusqu'à la publication de la Lettre du Souverain Pontife, des admirateurs sans réserve du livre qui a motivé cette publication. C'est ensuite qu'on remarquerait parfois, du moins chez quelques-uns d'entre eux, un exclusivisme tel en faveur des nouvelles méthodes, qu'ils iraient jusqu'à répudier les méthodes anciennes, pourtant si recommandées dans l'Église. Et donc, de ce chef, il semble difficile qu'on ne doive pas leur appliquer ces graves paroles de la Lettre du Pape non prudentes id negligi quod diu experiendo antiquitas comprobavit, apostolicis etiam documentis erudita.

Nous éviterons, ici encore, comme nous l'avons fait pour les doctrines ou les tendances précitées, d'entrer dans aucun détail, pouvant viser telles personnes ou telles publications, soit livres, soit revues. Nous nous contentons de préciser, en reproduisant les paroles mêmes du Souverain Pontife, et en les entendant comme il nous semble qu'il les faut entendre, les enseignements que ces paroles contiennent. Or de ces enseignements il résulte que des doctrines nouvelles, théoriques et pratiques, ayant trait au dogme, à la manière de vivre, et à l'apostolat ou à l'apologétique, tendaient à se répandre dans l'Église et à compromettre les véritables intérêts des âmes. Sous le nom spécieux d'américanisme, et en s'autorisant de je ne sais quel amour de la liberté, joint à ce qu'on appelait des besoins nouveaux créés par les conditions nouvelles de la société contemporaine, toute à la fièvre de ses découvertes scientifiques et de ses progrès industriels, on voulait recommander des pratiques d'apostolat, une manière de vivre et des accommodements avec le dogme, que le Souverain Pontife dénonce comme pernicieux et comme en opposition avec l'esprit de l'Église. Il n'en a pas fallu davantage pour qu'aussitôt, et avec une docilité parfaite, tous les enfants de l'Église se soient inclinés devant la parole de leur Père. Que s'il en était qui eussent encore des attaches à tel ou tel point visé par le Souverain Pontife, nul doute que ces attaches ne fussent inconscientes; et il aura suffi de les montrer, ou même de les laisser entrevoir, pour qu'on y renonce, dans la mesure même où on l'aurait reconnu.

Fr. THOMAS-M. PEGUES, O. P.,
Lecteur en Théologie.

DE

L'ASSOMPTION DE LA TRÈS SAINTE VIERGE

IV

Le pouvoir doctrinal de l'apostolat, déterminé comme nous avons essayé de le faire, appartient à tous et à chacun des Apôtres. <«< Comme ils devaient appuyer efficacement le chef dans la première fondation du royaume de Dieu, surtout dans la première promulgation de la vérité chrétienne, la plénitude du pouvoir enseignant, qui, en soi, n'appartient qu'au chef, se diversifia tellement en eux que chacun reçut un pouvoir doctrinal, non pas absolument souverain, mais pourtant entier et universel, qui lui permettait d'accomplir, de sa pleine autorité, tous les actes du pouvoir enseignant avec la même efficacité que le chef (1) .» Il s'ensuit que la révélation, faite à un seul, si elle existait, s'imposerait à notre croyance avec autant d'autorité que si elle avait été faite au collège apostolique tout entier. Peu importe donc le nombre des Apôtres au point de vue qui nous occupe en ce moment; peu importe également la question de savoir si ceux des Apôtres, morts avant une révélation postérieure, dans le cas où elle aurait existé, l'auraient connue explicitement par avance. Si Dieu a révélé à un des douze Apôtres un point de doctrine, si même il n'a fait que lui inspirer de le prêcher, ou encore si, d'après les principes démontrés plus haut, il a seulement pris sous sa garantie cet enseignement particulier, celui-ci rentre dès lors dans le dépôt de la vérité surnaturelle catholique et doit être cru de foi divine. Il faut remarquer avec soin que ce pouvoir extraordinaire appartenant à chacun des Apôtres était subordonné à celui de saint Pierre, quoique non formellement soumis comme l'est le pouvoir enseignant de l'épiscopat à celui du Souverain Pontife. A l'égard du Pape, successeur de saint Pierre, les survivants du collège apostolique étaient inférieurs en juridiction et lui devaient.

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