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les espèces sans support. Les thomistes n'admettent pas ce point de détail (1), toutefois c'est là une opinion librement débattue, et que chacun peut adopter si cela lui plaît. Mais c'est grandement à tort que le P. Leray croit lire dans ces lignes l'approbation de sa thèse; au contraire, rien de plus clair que ce texte pour établir qu'on ne peut en aucune manière soutenir que le corps de Notre Seigneur devienne le support des accidents.

Le cardinal de Lugo croit que le corps de Notre-Seigneur soutient les accidents du pain, mais il ajoute immédiatement : non in eodem genere causa, sed in genere causæ efficientis. Celle expression « soutient les accidents du pain » est équivoque. Avant la consécration, la substance du pain soutient les accidents; après la consécration, la substance du pain ayant disparu, c'est la toute-puissance divine qui soutient les mêmes accidents sans support. Dans l'un et l'autre cas, nous employons le mot soutenir pour exprimer une action bien différente. L'action de la substance sur les accidents appartient à l'ordre de la causalité matérielle; l'action divine soutenant les mêmes accidents appartient à l'ordre de la causalité efficiente. Voilà pourquoi nous dirons que la substance du pain est support des accidents, car le mot subjectum, sujet ou support appartient à l'ordre de la cause matérielle; mais Dieu n'est nullement le support des mèmes accidents parce que son action se rapporte à la causalité efficiente.

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Et maintenant à quel ordre de causalité ramènerons-nous l'action que le cardinal de Lugo attribue au corps de Notre-Seigneur

(1) D'après saint Thomas, Jésus-Christ se tient caché sous les espèces : sub his figuris tere LATITAS... LAIENT res eximie et nous croyons inutile de chercher une autre explication de l'union qui existe entre le corps de Notre-Seigneur et les saintes espèces. La substance du pain avant la consécration avait deux actes distincts: subsister en soi et sustenter les accidents. Substantia quæ est subjectum, duo habet propria: quorum unum est ut non indigeat intrinseco fundamento in quo sustentatur, sed sustentatur in seipso per se et non in alio existens. Aliud vero est quod sit fundamentum accidentibus (De Pot.. q. IX, a. 1). Le corps de Notre-seigneur succède à la substance quant au premier de ces deux actes seulement subsister en soi; c'est la quantité qui remplace la substance quant au second: sustenter les accidents. Et puisqu'il s'agit d'expliquer le mot contineri, ajoutons que ce qui est contenu sous les espèces du pain, ce n'est pas seulement le corps de Jésus-Christ, mais aussi son âme et sa divinité. L'action que le cardinal de Lugo attribue au corps de Notre-Seigneur ne renfermant aucune imperfection, nous pouvons aussi l'appliquer à son âme. Mais, si le mot contineri implique nécessairement l'idée de support, comme le croit le P. Leray, devons-nous dire que l'âme de Jésus-Christ est le support de la blancheur de l'hostie et la divinité le support de la rondeur, car l'âme et la divinité sont également contenues sous les saintes espèces?

par rapport aux espèces. Son langage est très clair Corpus Christi... sustentat in genere causæ efficientis. Et de même que Dieu ne peut être appelé en aucune manière le support des accidents, ainsi et pour le même motif, on ne peut dire que le corps de NotreSeigneur soit, dans l'opinion du cardinal de Lugo, le support des accidents parce que l'une et l'autre action procède d'une cause efficiente, tandis que le mot support implique une cause matérielle.

Les deux objections du P. Leray n'infirment donc en rien la solidité de la thèse traditionnelle sera-t-il plus heureux sur le terrain de la défensive? Peut-être, en effet, aura-t-il trouvé un peu bien sommaire l'exécution de sa thèse faite en un mot par le Catéchisme du concile de Trente ea accidentia Christi corpori et sanguini inhærere non possunt, le Catéchisme ne daignant même pas donner une ombre de raison à l'appui de son affirmation.

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Nous trouvons bien dans saint Thomas deux motifs de cette assertion Manifestum est quod hujusmodi accidentia non sunt in substantia corporis et sanguinis Christi sicut in suhjecto, quia substantia humani corporis nullo modo potest his accidentibus affici; neque etiam est possibile quod corpus Christi gloriosum et impassibile existens alteretur ad suscipiendas hujusmodi qualitates (1). Il est impossible que la substance du corps humain soit modifiée par les accidents du pain, sa rondeur, sa couleur, sa saveur, sa pesanteur, toutes qualités qu'on ne peut attribuer à un corps d'homme : première raison. L'impossibilité sera encore plus manifeste s'il s'agit d'un corps glorieux et impassible comme le corps de JésusChrist ressuscité : deuxième raison.

Le P. Leray ne se croit pas atteint par ces deux raisons : «< On pourra bien dire que le corps de Notre-Seigneur est le support de la rondeur, mais non qu'il ait la forme ronde (2). »

Voilà une distinction bien nouvelle jusqu'ici l'on avait toujours cru que le pain est rond parce qu'il est le sujet de la rondeur, qu'il est blanc parce qu'il est le sujet de la blancheur et ainsi de suite. Mais comment, je vous en prie, entendre cette distinction nouvelle? « Le corps de Jésus-Christ est présent tout entier sous chacun des petits volumes précédemment occupés

(1) IIIa P., q. LXXVII, a. 1.

(2) P. 157.

par les atomes du pain et par suite l'ensemble des positions où il a multiplié sa présence forme une figure ronde; mais cette figure n'affecte aucunement son corps qui est présent, à l'instar d'un esprit, sauf pour les éléments substitués à ceux du pain dont ils ont revêtu toutes les propriétés. » Dans l'hypothèse de la transsubstantiation inventée par le P. Leray, cette explication serait peutêtre admissible; mais cette hypothèse, ne l'oublions pas, a pour unique base théologique cette proposition: le corps de JésusChrist est le support des accidents. Or, d'une part, prouver par la théorie de la transsubstantiation que le corps de Jésus-Christ peut être le support des accidents sans être modifié par ces accidents, et prouver d'autre part cette même théorie de la transsubstantiation parce que le corps de Jésus-Christ est le support des accidents n'est-ce pas ce qui s'appelle un cercle vicieux? (1).

Et pour conclure, nous nous en tiendrons à la vieille formule du bréviaire Accidentia autem sine subjecto in eodem sacramento

manent.

(A suivre.)

Fr. LEONARD LEHU,

des Frères Prêcheurs,

C'est prouver d'une part l'existence de A par l'existence de B et, d'autre part, la possibilité de B par l'existence de A. Le raisonnement serait impeccable si l'on avait une bonne fois établi l'existence de B, et B dans la circonstance présente c'est la proposition: le corps de Jésus-Christ est le support des accidents. Tant que le P. Leray n'aura pas prouvé cette proposition, il ne fera que bâtir sur un terrain sans consistance.

Bibliothèque du Congrès international de philosophie. Ier volume, in-8° carré, Philosophie générale et métaphysique. (Paris, 1900, Armand

460 p. Colin.

Un congrès international de philosophie s'est tenu à Paris, au Lycée Louis-le-Grand, du 1er au 5 août 1900. Il était dû à l'initiative intelligente et dévouée de M. Xavier Léon, secrétaire de la Revue de Métaphysique et de Morale, sous le haut patronage de philosophes et de savants en renom, tant de la France que de l'étranger. On devait en publier les actes: voici que paraît le premier volume. Nous ne pouvions nous contenter de donner un aperçu, si objectif et impersonnel qu'il fût, de ce congrès : avant même de s'y rendre, quelques-uns se persuadaient que la physionomie en serait assez inconsistante, composite, et que ce serait peine. perdue d'en vouloir prendre instantanément le portrait. La fluctuation des linéaments, la mobilité des traits, le contraste trop accentué peut-être des ombres et de la lumière, exigeaient, pour être rendus, un appareil très compliqué, un cinématographe perfectionné, et quelle attention, en sus de la bonne volonté, durant ces jours de température caniculaire! Les faits, semble-t-il, n'ont point démenti cette prévision force eût été de se borner à une superficielle analyse et de faire œuvre de simple chroniqueur, pour offrir à nos leeteurs la première épreuve non corrigée de traits épars saisis çà et là. D'ailleurs, à moins de se quadrupler, il était impossible d'être présent à la fois à toutes les séances du Congrès, chaque section il y en avait quatre tenant ses assises séparément et en même temps. Nos lecteurs, que ce synchronisme eût déconcertés, comme il a peut-être déconcerté certains congressistes participants, nous sauront gré, nous l'espérons, d'avoir attendu la publication des actes du Congrès, c'est-à-dire des mémoires qui y ont été, ou devaient y être lus. Il a paru, dans la Revue de Métaphysique et de Morale du mois de septembre 1900, un rapport très étendu et aussi fidèle qu'il est possible de l'être il y a là, peut-être, quelques coquilles involontaires, à l'actif ou au passif de ceux qui ont pris part aux discussions. Peut-on avoir le cœur d'en faire un grief aux rapporteurs? car, pour reprendre un bon mot de Voltaire, se peut-il que deux hommes qui font de la métaphysique, et leurs auditeurs, se comprennent tout à fait? Le langage n'est point le <«< truchement » fidèle que le dit un personnage de Molière.

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Nous tâcherons ici de donner, à grands traits, d'abord la physionomie générale de l'assemblée et quelques impressions; puis, nous rendrons compte des travaux qui constituent le premier volume de la Bibliothèque, non pas dans l'ordre où on les a imprimés, qui est l'ordre alphabétique des noms d'auteurs, mais dans l'ordre à peu près logique où les Mémoires ont été lus, et nous les présenterons, s'il se peut, historiés des discussions très courtoises auxquels ils ont donné lieu.

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Le Congrès international de philosophie a été organisé par des métaphysiciens qui se fient à la métaphysique et n'ont pas peur de « la science », des métaphysiciens qui, sans être positivistes, font profession. d'esprit positif. Cette réaction a été trop souvent signalée pour que nous y insistions. Toutefois, par un retour singulier des choses, tandis que le contenu de la philosophie semble s'appauvrir ou s'alléger du fardeau de la psychologie et de la sociologie, qui, décidément s'émancipent, et en accentuant le schisme où les ont devancées d'autres sciences plus précoces, restreignent encore le bonum vacans abandonné en pâture aux abstracteurs impénitents, - voilà que les mathématiques et les sciences physiques ont accepté un rapprochement, et qu'une réconciliation, tout au moins un modus vivendi, est en train de s'organiser avec ce qui restait de philosophie démembrée, mutilée. C'est ce qui explique, d'une certaine manière, pourquoi le Congrès a vu se réunir des philosophes de profession et des savants de leur état à des séances soit générales, soit particulières. Telle était d'ailleurs l'économie du Congrès quatre sections, 1o métaphysique et philosophie générale; 2o morale; 3o logique et histoire des sciences; 4° histoire de la philosophie; cinq séances générales, dont une d'inauguration et commune aux congrès d'enseignement supérieur et de philosophie, et quatre consacrées successivement et distributivement à chacune des branches du Congrès philosophique; puis trois séances spéciales pour chacune de ces branches ou sections. Enfin, une séance de pour la discussion des questions relatives à la périodicité d'un congrès international de philosophie. Nous avons déjà dit que les quatre sections fonctionnaient simultanément en réunions spéciales, et que l'étranger, non moins que les diverses parties de la France, s'y trouvait représenté. Faut-il redire, ici, ce que tant d'autres ont dit ailleurs, la satisfaction qu'on éprouve à faire connaissance avec des visages d'auteurs dont on n'avait appris que le nom ou dont les doctrines nous avaient fait spontanément imaginer des traits, des profils, qui ont dû, devant la réalité, s'effacer à jamais, s'abolir ou se modifier? sans parler ni de la prestance, ni de la voix, ni du geste, ni de tout l'habitus enfin. Voici, d'abord, parmi les membres étrangers, M. Remacle, de Belgique; MM. Padoa, Peano,

clôture

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