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En fait, tous les écrits des apôtres, reconnus authentiques, sont regardés par l'Église comme inspirés. Si ce mode d'enseignement par l'écriture, secondaire par rapport à l'idée même de l'apostolat, était soumis à l'inspiration, pourquoi refuser ce privilège à la prédication orale, qui répond plus immédiatement à la fin de la mission apostolique? A ce sujet, l'Écriture fournit peut-être des indications suggestives. Le premier sermon de saint Pierre, au jour de la Pentecôte, est évidemment inspiré, comme il l'affirme lui-même et comme il le prouve; et il faut remarquer qu'il s'associe les onze apôtres, ses compagnons: Stans autem Petrus CÙM UNDECIM, levavit vocem suam et locutus est eis:... Hoc est quod dictum est per prophetam Joel ... Effundam de Spiritu meo... et prophetabunt (1). En une autre circonstance, les apôtres répondent tous au grand prêtre, qui voulait leur interdire d'annoncer l'Évangile aux Juifs Respondens autem Petrus et apostoli dixerunt ... Et nos sumus testes horum verborum, et Spiritus sanctus quem dedit Deus omnibus obedientibus sibi (2). Leur témoignage se trouve donc placé sous la garantie même de l'Esprit-Saint, qui rend témoignage par leur bouche, et par conséquent fait plus que leur procurer une assistance négative. Bien plus, il semble d'après l'Écriture qu'ils sont avec lui les témoins d'une même doctrine: Nos sumus testes... et Spiritus sanctus. Loin de voir ce qui empêcherait d'admettre chez les apôtres le don de l'inspiration ad loquendum, quand ils devaient prêcher la doctrine aux fidèles, tout indique qu'elle existait; comme pour l'écrivain sacré, elle consistait dans une excitation et une motion surnaturelles, par lesquelles Dieu faisait annoncer infailliblement par les promulgateurs de la foi tout ce qu'il voulait, et cela seulement. Cette inspiration se distingue de la révélation qu'elle comportait quelquefois, et de l'assistance, quoique cette dernière l'accompagne toujours. Saint Thomas en parle à propos de la prophétie : « Moretur autem mens prophetæ non solum ad aliquid apprehendendum, sed etiam ad

écrire, en tant qu'hommes privés, des lettres qui n'étaient pas inspirées; toutefois, lorsqu'ils écrivaient comme apôtres, c'est-à-dire comme organes du Saint-Esprit, pour proclamer la révélation (autrement dit, pour enseigner la doctrine catholique), ils étaient inspirés. >>

(1) Act. ap., 11, 14, 17.

(2) Ibid., v, 29, 32.

aliquid loquendum, vel aliquid faciendum; et quandoque quidem ad omnia tria simul, quandoque autem ad duo horum, quandoque vero ad unum tantum (1) ».

Or, il nous paraît certain que les apôtres, interprètes de la pensée divine pour l'éducation intellectuelle du monde, jouissaient de ce privilège, sinon d'une manière permanente, ad modum habitus, ce que saint Thomas n'admet pas en principe (2), au moins lorsqu'ils présentaient la doctrine surnaturelle (3). Saint Paul semble l'indiquer, en parlant de sa prédication aux Corinthiens « Nobis autem revelavit Deus per Spiritum suum... Nos autem non spiritum hujus mundi accepimus, sed Spiritum, qui ex Deo est, ut sciamus quæ a Deo donata sunt nobis, quæ et loquimur non in doctis humanæ sapientiæ verbis, sed in doctrina Spiritus », c'est-àdire, comme l'explique Estius: utentes oratione, qualem docet ac suggerit Spiritus sanctus (4). C'est là un principe qui s'applique à tous les apôtres. Pourquoi ceux qui n'ont rien écrit auraient-ils été privés d'une prérogative accordée aux prophètes de l'ancienne loi, aux simples évangélistes du Nouveau Testament? Est-ce que la doctrine qu'il prêchaient n'était pas la même et de même importance que celle des Épitres et des deux Évangiles écrits par leurs collègues dans l'apostolat? Est-ce que leur mission n'était pas d'égale dignité et ne demandait pas les mêmes privilèges? Il nous semble que ces raisons, appuyées sur les paroles de l'Écriture qui, toutes, favorisent notre sentiment, ne laissent place à aucun doute possible.

Comme nous l'avons vu, toute la prédication doctrinale est garantie par l'autorité de Dieu. Si donc l'on ne veut pas admettre que l'inspiration s'ajoute à la prédication des apôtres pour conférer le caractère divin à leur enseignement, notre thèse reste vraie quand même. Il faut dire alors que Dieu, sans agir immé. diatement sur l'intelligence et la volonté de l'apôtre, quand il exposait la doctrine aux fidèles, se contentait de prendre sous sa responsabilité les paroles de son héraut; et même dans ce cas, la doctrine annoncée par lui fait partie du dépôt de révélation

(1) II, q. 173, a. 4.

(2) Ibid., q. 171, a. 2.

(3) CLINO CROSTA, Theologia dogmatica, t. I, n. 208, Romæ, 1900 (ed. 2a). (1) Comment. in cap. II, ep. I Ad Cor., v 13.

qu'elle soit ou non au-dessus de notre portée naturelle, qu'elle soit déjà connue ou encore ignorée), puisque Dieu nous en a garanti la vérité d'une manière surnaturelle, en investissant les apôtres de la qualité de legati divini pour compléter l'œuvre doctrinale que Notre-Seigneur n'avait pas accomplie tout entière, et qu'ils devaient remettre parfaite à leurs successeurs. Ils étaient, selon l'expression de Franzelin(1), le livre authentique écrit par le Christ lui-même, dans lequel il avait déposé les enseignements de l'Esprit-Saint, qui doivent être la règle de toutes les intelligences, aussi bien des pasteurs que des fidèles (1).

(A suivre.)

(1) L. c., th. IV.

D. PAUL RENAUDIN,

Bénédictin de l'abbaye Saint-Maur de Glanfeuil.

UNE NOUVELLE EXPLICATION SCIENTIFIQUE

DE L'EUCHARISTIE

L'Eucharistie renferme des mystères et des miracles, à ce point qu'on a pu justement l'appeler le « Mémorial des merveilles divines » (1). Aux âmes simples l'affirmation du dogme eucharistique par l'Église, interprète autorisée de la parole de Dieu, peut suffire, mais le théologien ne doit pas craindre d'envisager la difficulté, afin de donner satisfaction aux philosophes et aux savants qui seraient tentés de se laisser arrêter, les premiers par l'incompréhensibilité du mystère, les seconds par l'impossibilité du miracle.

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Cette préoccupation n'est pas d'hier; elle est aussi ancienne que le Christianisme lui-même. Réelle quoique moins manifeste chez les premiers apologistes et chez les Pères, elle bat son plein chez les grands docteurs du moyen âge. Or, entre tous ces docteurs, il en est un dont nous aimons à vénérer l'autorité vraiment hors de pair, surtout en cette matière c'est celui que les siècles ont si justement nommé le Chantre de l'Eucharistie, saint Thomas d'Aquin. Nous lui devons en effet un double poème à l'honneur du divin Sacrement de nos autels : un poème liturgique, l'office du Saint-Sacrement, et un poème dogmatique (car la plus profonde métaphysique peut avoir aussi sa poésie à elle), le traité théologique de l'Eucharistie. Depuis plus de six siècles, ces deux œuvres sanctionnées par l'approbation du Sauveur lui-même : Bene scripsisti de me, Thoma, sont conservées dans l'Église avec une égale véné

ration.

Au moyen âge, un nom, celui d'Aristote, personnifiait la science et la philosophie; rien d'étonnant dès lors que la philosophie péripatéticienne occupe une place prépondérante dans le système de saint Thomas. Mais on pourrait se demander si cette particularité, qui dut contribuer au succès de la doctrine thomiste

(1) « Memoriam fecit mirabilium suorum, escam dedit timentibus se» (Ps. cx, 4).

lors de son apparition, n'en constituerait pas aujourd'hui le point vulnérable, car, on le sait, il n'y a rien de tel que les actualités pour vieillir vite.

Au xvi siècle, les principes d'Aristote, fortement ébranlés déjà par les humanistes de la Renaissance, furent évincés d'un grand nombre d'écoles par la philosophie cartésienne : n'y avait-il pas lieu de tenter un rapprochement entre le dogme catholique et les tendances nouvelles? Plusieurs le pensèrent; des professeurs se mirent à traiter avec mépris la théologie de saint Thomas el de saint Bonaventure, si bien que les écoliers sifflaient les leçons du second nocturne de l'office du Saint-Sacrement où le mystère est expliqué selon les principes de l'École (1). Il y eut ainsi tout un mouvement de philosophie eucharistique dans le sens cartésien, mouvement qui dura près de deux siècles sous des formes multiples. Et maintenant le cartésianisme n'est bientôt plus qu'un souvenir et la doctrine de saint Thomas est professée dans presque toutes les écoles de théologie.

Ce rajeunissement de la doctrine traditionnelle tenté il y a deux siècles au nom de la philosophie, c'est au nom des sciences que le P. Leray le réclame aujourd'hui. « En fait de sciences physiques « et naturelles, le Docteur angélique ne pouvait posséder que les « connaissances de son temps... Ah! me suis-je dit souvent, s'il « vivait de nos jours, comme il reprendrait avec joie ses explica<tions sur l'Eucharistie, et profiterait de tous les progrès des << sciences pour édifier, de main de maître, un nouveau chef« d'œuvre à la gloire de Dieu et de son Christ (2) ! » Le P. Leray, Eudiste, est l'auteur d'un nouveau système scientifico-philosophique sur la composition de la matière, système où, d'après lui, l'esprit trouverait une explication plus satisfaisante des mystères de l'Eucharistie. La théorie nouvelle renferme des observations qui sont justes et d'autres qui ne le sont pas le théologien reconnaîtra sans peine le triage qui s'impose; mais d'autre part, certains esprits moins exercés aux choses de la théologie auraient peut-être quelque peine à faire ce discernement. Ce sont ces

(1) Lévesque. Revue Bossuet, 25 juillet 1900, p. 132.

(2) La constitution de l'univers et le dogme de l'Eucharistie, par le R. P. LERAY, Eudiste, Paris, 1900, p. 119. La seconde partie de l'ouvrage, celle que nous discutons présentement, a été publiée à part dans une brochure de la collection Science et Religion.

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