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auxiliaires de bonne volonté qui, chaque jour, viennent à nous plus nombreux des diverses classes du monde laïque et dont le concours a été si profitable à l'apologétique chrétienne, que nous avons en vue dans la présente étude. Parlant en notre nom personnel et sans autre autorité que celle des raisons alléguées, nous voudrions leur dire combien il serait regrettable que l'Apologétique délaissât les fortes positions conquises par le génie de nos docteurs et sorties intactes d'une épreuve de plusieurs siècles pour s'engager dans une voie nouvelle où elle ne peut rencontrer que dangers réels et mince profit.

Les critiques que nous avons à formuler peuvent se ramener à ces trois chefs principaux :

1o La présence réelle et la transsubstantiation;

2o Les accidents eucharistiques et les rapports sensibles de Notre-Seigneur avec les hommes dans la sainte Eucharistie;

3o La cessation de la présence réelle sous les saintes espèces et la communion.

Nous laisserons complètement de côté les théories scientifiques du P. Leray sur l'éon et l'éther; nous ne combattrons pas davantage sa doctrine philosophique sur la substantialité de l'espace; c'est au point de vue strictement théologique que nous allons discuter la seconde partie de son œuvre relative à l'Eucharistie. En même temps que la critique du système nouveau, nous exposerons les arguments de la doctrine traditionnelle, afin que le lecteur puisse porter son jugement en parfaite connaissance de

cause.

I

LA PRÉSENCE RÉELLE ET LA TRANSSUBSTANTIATION

La formule de la foi catholique sur la présence réelle et la transsubstantation a été fixée d'une manière définitive par le concile de Trente dans les trois premiers canons de la session XIII*.

Le canon 1er définit le dogme de la présence réelle : Si quis negaverit in SS. Eucharistiæ Sacramento contineri vere, realiter et substantialiter corpus et sanguinem, una cum anima et divinitate

D. N. J. X', ac proinde totum Christum; sed dixerit tantummodo esse in eo ut in signo vel figura aut virtute: anathema sit. Le concile n'entre là dans aucune explication: il affirme seulement le fait de la présence réelle, et les trois qualificatifs qu'il emploie : vere, realiter et substantialiter, sont pour préciser ce fait de manière à exclure certaines interprétations qui n'aboutiraient à rien moins qu'à la négation du dogme lui-même. Notre-Seigneur est véritablement présent dans l'Eucharistie, et non pas seulement en un sens métaphorique, comme il pourrait être présent dans un signe; il est présent réellement, et non pas comme dans une figure ou une image; il est présent substantiellement, c'est-à-dire par sa propre substance et non pas seulement par une vertu spéciale qu'il communiquerait au Sacrement.

Le rôle du théologien en face de ce canon 1er est nettement défini par l'intention même du concile, qui est, avons-nous dit, l'affirmation du fait de la présence réelle. Les essais d'explication viendront plus tard; actuellement il s'agit d'établir par de solides arguments la réalité de ce fait. Et comme nous sommes en présence d'un fait surnaturel au dernier chef, ce n'est ni à la philosophie ni à la science que nous emprunterons nos preuves; seule, la Révélation, qui puise ses lumières à la source même du monde surnaturel, pourra nous instruire des merveilles accomplies par l'amour de notre grand Dieu. Ce rôle, les théologiens n'y ont pas manqué ils ont scruté les paroles sacrées relatives soit à la promesse (1), soit à l'institution (2), soit à l'usage (3) de ce divin Sacrement; ils ont compulsé les différents témoignages de la tradition, et grâce à ces documents ils ont édifié au sujet de la présence réelle une thèse qui a toutes les proportions d'un véritable monument théologique. Mais nous sommes ici sur le terrain du dogme défini, sur lequel nulle divergence n'est possible entre catholiques; aussi nous passons rapidement.

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Avant la consécration, l'hostie était un pain profane et vulgaire; après la consécration, elle renferme, comme nous venons de le

(1) JEAN, VI.

(2) MATH., XXVI; MARC, XIV; Luc, xxi.

(3) I Cor., XI.

voir, le corps de Notre-Seigneur et même Notre-Seigneur tout entier. Comment ce changement s'est-il effectué?

Pour répondre à cette question, Luther inventa le système de la consubstantiation : d'après lui, le corps de Notre-Seigneur viendrait s'adjoindre à la substance du pain et les deux substances demeureraient ainsi juxtaposées et étroitement unies. Osiandre, disciple de Luther, imagina la théorie de l'impanation : dans ce cas, il se produirait entre la substance du pain et le corps de Notre-Seigneur une nouvelle union hypostatique, analogue à l'union des deux natures divine et humaine en la personne adorable de JésusChrist; nous confessons que le Verbe dans l'Incarnation s'est fait · chair, de même nous devrions admettre que dans l'Eucharistie le Verbe incarné s'est fait pain.

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Ces deux erreurs, incompatibles d'ailleurs avec les paroles de la consécration: Ceci est mon corps, ceci est mon sang, ont été condamnées par le concile de Trente qui définit comme dogme de foi la doctrine traditionnelle de la transsubstantiation. C'est l'objet du canon 2o Si quis dixerit in sacrosancto Eucharistiæ Sacramento remanere substantiam panis et vini una cum corpore et sanguine D. N. J. X, negaritque mirabilem illam et singularem conversionem totius substantiæ panis in corpus et totius substantiæ vini in sanguinem, manentibus duntaxat speciebus panis et vini, quam quidem conversionem catholica Ecclesia aptissime transsubstantionem appellat: anathema sit.

D'après la définition même du saint concile, la transsubstantiation est cette conversion merveilleuse et unique en son genre de toute la substance du pain au corps et de toute la substance du vin au sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ne laissant subsister du pain ou du vin que les espèces ou accidents.

Nous disons que cette conversion est unique en son genre. Nous voyons des changements innombrables dans les êtres qui nous entourent; on peut même dire que tous les êtres créés sont dans un perpétuel changement. Parfois ces changements sont pour ainsi dire purement superficiels c'est une qualité, un mode d'être, un phénomène, les scolastiques disent un accident, qui cèdent la place à une autre qualité, à un autre phénomène, à un autre accident. Mais sous ces transformations diverses la substance de l'être demeure immuable l'homme bien portant hier

est aujourd'hui malade; le bloc de marbre, hier informe, est aujourd'hui un vase artistement ciselé. Le changement est manifeste, cependant nul ne s'y méprend : c'est toujours le même homme, toujours le même marbre.

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Parfois le changement est plus profond : la transformation saisit l'objet d'une manière plus intime, jusqu'à lui arracher une partie essentielle de son être. Voyez ce bois qui se consume dans le foyer un peu de cendre, quelques vapeurs disséminées dans l'atmosphère, c'est là tout ce qui reste à la fin de l'hiver de ce gigantesque tronc d'arbre que nous avions admiré comme le roi de nos forêts. Certes la transformation a été profonde : nous ne pouvons plus dire : c'est le même bois, c'est le même être; cependant elle n'a été que partielle : il reste quelque chose de ce qui était le tronc d'arbre, au moins les cendres du foyer, et même le chimiste vous dira ce que sont devenus chacun des atomes qui constituaient ce bois et qui échappent maintenant à la perception de nos sens.

Toutes les transformations qui s'accomplissent dans le monde se ramènent sans exception à l'une ou à l'autre de ces deux catégories. Seule la transsubstantiation appartient à un ordre absolument à part. Ce n'est plus une transformation partielle, mais une conversion totale. L'hostie sainte après la consécration ne conserve plus rien de ce qui appartenait à la substance du pain. La parole toute-puissante de Dieu passant par les lèvres du prêtre a produit ce miracle d'arracher au pain sa substance tout entière pour lui substituer le corps de Jésus-Christ; et comme pour achever de singulariser cette conversion unique, ce sont les accidents, c'est-à-dire ce qui est rattaché à l'être par des liens moins étroits, ce qui s'en sépare ordinairement en premier lieu et avec le moins d'effort, ce sont les accidents du pain et du vin qui subsistent seuls après la transsubstantiation.

Réservant pour le paragraphe suivant tout ce qui concerne les accidents eucharistiques, pour le moment nous devons considérer la transsubstantiation elle-même. Tout d'abord les théologiens commencent par démontrer que ce dogme révélé est un corrollaire du dogme de la présence réelle et qu'il découle nécessairement des paroles de la consécration. La démonstration de ce nouveau fait se trouve dans tous les manuels de théologie; mais lorsqu'il

s'agit d'expliquer cette conversion, les difficultés surgissent. <<< L'explication de ce mystère, dit le catéchisme du concile de « Trente (1), est une chose très difficile. Cependant les pasteurs «< tàcheront de faire comprendre à ceux qui sont plus avancés dans «la connaissance des vérités saintes comment s'opère ce change«ment admirable; quant à ceux qui sont plus faibles dans la foi, <«< il serait à craindre qu'ils ne succombassent sous le poids d'une <«< vérité si haute... Il faut bien avertir les fidèles d'une chose <«< souvent recommandée par les saints Pères, c'est de ne pas << rechercher avec trop de curiosité de quelle manière un tel «< changement peut arriver. Il nous est impossible de le comprendre et nous n'en pouvons trouver aucun exemple dans les « changements naturels ni même dans la création; il faut croire « que la chose est ainsi, mais comment cela se fait-il? ne pas le <«< rechercher avec trop de curiosité. » A près de si graves avertissements il serait téméraire de prétendre à une parfaite compréhension de ce dogme: toujours la nature de la transsubstantiation restera enveloppée dans l'obscurité du mystère; toutefois, si notre intelligence ne peut parvenir jusqu'à une notion adéquate de la conversion elle-même, nous arriverons à préciser un peu nos connaissances en étudiant successivement les deux termes de cette conversion merveilleuse, le terminus a quo, ce qui a cessé d'exister, et le terminus ad quem, ce qui a été produit par la transsubstantiation.

Le terminus a quo, ce qui existait avant la conversion et qui a cessé d'exister par le fait même de la conversion, c'est la substance du pain et du vin, toute la substance du pain et du vin.

(1) Cat. conc. Trid., p. 2, De Euch., n. 39. Nous ferons de fréquents emprunts à ce Catéchisme; il serait superflu de s'attarder à établir son autorité après l'éloge qu'en faisait Léon XIII dans sa dernière Encyclique au clergé de France : « Nous recommandons « également que tous les séminaristes aient entre les mains et relisent souvent le livre « d'or connu sous le nom de Catéchisme du saint concile de Trente ou Catéchisme « romain, dédié à tous les prêtres investis de la charge pastorale (Catechismus ad paroa chos). Remarquable à la fois par la richesse et l'exactitude de la doctrine et par « l'élégance du style, ce catéchisme est un précieux abrégé de toute la théologie dogma«tique et morale. Qui le posséderaît à fond aurait toujours à sa disposition les ressources « à l'aide desquelles un prêtre peut prêcher avec fruit, s'acquitter dignement de l'important ministère de la confession et de la direction des âmes, et être en état de réfuter << victorieusement les objections des incrédules ». (8 sept. 1899.)

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