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de substance et non pas en raison des dimensions et par mode de quantité.

Enfin une dernière conséquence s'impose. La substance, en soi, étant indivisible, remota quantitate substantia indivisibilis est (1), ne peut exister partiellement : elle est ou elle n'est pas; et si nous la considérons dans ses rapports avec l'espace, nous disons qu'elle est tout entière dans la totalité de l'espace qu'elle remplit et tout entière sous chacune de ses parties: tota natura substantiæ est tota in toto et tota in qualibet parte (2). Il suit de là que ce qui est produit vi verborum dans la transsubstantiation, c'est, non pas une partie du corps, mais toute la substance du corps de N.-S.: tota substantia panis convertitur in totam substantiam corporis Christi et tota substantia vini in totam substantiam sanguinis Christi (3).

De tout ce qui précède nous concluons avec saint Thomas: le terminus a quo dans la transsubstantiation, ce qui cesse d'exister en vertu de la conversion même, c'est toute la substance du pain et du vin; et de même, le terminus ad quem, ce qui est produit directement et immédiatement en vertu des paroles sacramentelles, c'est toute la substance du corps et du sang de N.-S. Unde et tota substantia corporis et sanguinis Christi continetur in hoc sacramento post consecrationem, sicut ante consecrationem continebatur ibi tota substantia panis et vini (4).

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Le P. Leray n'admet pas complètement ces formules. Pour lui, l'explication la meilleure « serait, semble-t-il, que N.-S. substi <«< tuât un élément analogue de son propre corps à la place de cha<«< cun des éléments du pain qui disparaîtrait. Ainsi dans le lieu occupé par un atome quelconque du pain, hydrogène, oxygène, << azote ou carbone, le corps de J.-C. serait présent tout entier d'une manière non sensible, et il permettrait à un élément analogue de son corps de modifier l'espace comme faisait l'élément du pain et de jouer absolument le même rôle physique (5) ». Êtes-vous tenté de trouver le système étrange, voici la réponse

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(1) Cont. Gent., 1. IV, c. 54.

2 HP, q. LXYVI, a. 4, ad im.

(3) III P., q. LXXV, a. k.

(4) IIIa P., q, LXXVI, a. 1, ad 1m. (5) P. 156.

de l'auteur: « Mais n'est-il pas étrange de supposer que N.-S. <«<localise avec impénétrabilité un des éléments de sa chair sans <«<les autres? Ce fait préternaturel n'est pas plus étonnant que les << nombreuses apparitions où il n'a laissé voir qu'une partie de << son corps ». Suit un exemple emprunté à la vie de sainte Thérèse : « Ainsi, Jésus rend visible à Thérèse, tantôt son corps entier, <«< tantôt son visage et tantôt ses mains. Pourquoi ne pourrait-il << montrer seulement un doigt, une phalange? et en descendant <«< par transitions insensibles du plus au moins, pourquoi ne pour<«< rait-il localiser, s'il lui plaît, une cellule, une molécule, et, à « l'extrême limite, un atome de sa chair sacrée? Tous ces faits <«< sont du même ordre et n'impliquent pas plus de difficultés l'un << que l'autre. »

Enfin, si nous insistons pour obtenir les bases du système, les motifs de cette affirmation nouvelle, voici ce qui nous est répondu : « Nous pensons, avec le cardinal de Lugo, que le corps de « J.-C. devient le support des accidents du pain en général et <«< conséquemment de chacun de ses atomes en particulier. Or, le «< moyen le plus simple d'obtenir ce résultat serait, nous semblet-il, que N.-S. substituât, etc... »

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Voilà, certes, une théorie nouvelle et même, à première vue, assez étrange : deux notes qui nous obligent à ne pas l'admettre à la légère et sans preuves suffisantes.

Voyons ces preuves.

Je laisse de côté l'exemple emprunté à la vie de sainte Thérèse. Si cet exemple prouvait quelque chose (1), ce serait tout au plus la possibilité du système. Mais là n'est pas la question: Dieu aurait-il pu agir de cette manière? Peu nous importe. La toute-puissance divine est infinie et nous n'avons pas à discuter la possibilité de tous les moyens que Dieu aurait pu employer pour réaliser la transsubstantiation. La vraie question est celle-ci : Y a-t-il dans la Révélation des données quelconques nous autorisant à affirmer

(1) Et avant d'utiliser cet exemple, il faudrait demander à la théologie mystique ce qu'elle pense et de la réalité du fait et des explications possibles. De plus, quelle serait la force démonstrative de ce fait pour ceux qui n'ont pas la foi? Et serait-il prudent de faire reposer l'explication d'un dogme révélé sur un fait qu'on peut contester sans que la foi y soit intéressée?

que Dieu se sert réellement du procédé indiqué par le P. Leray? En réponse à cette question, l'auteur apporte un seul argument que nous avons déjà cité : « Nous pensons avec le cardinal de Lugo << que le corps de J.-C. devient le support des accidents du pain..... «< Or, le mode le plus simple d'obtenir ce résultat serait, etc... >> A cette argumentation je ferai deux critiques.

La première est relative à la forme même du raisonnement. On enseigne en Logique que la démonstration doit, autant que possible, procéder de la cause à l'effet, la preuve par la cause étant la plus efficace des démonstrations. Parfois cependant, ce procédé est impossible; lorsque les effets nous sont plus connus que la cause, nous devons remonter des effets à la cause: la thèse de l'existence de Dieu est l'exemple classique de la démonstration par les effets. Appliquons ces principes à la question présente. L'argumentation du P. Leray est-elle une preuve par la cause? Assurément non, car il est manifeste que la permanence des accidents eucharistitiques avec ou sans support n'est pas la cause mais plutôt un effet de la transsubstantiation. Dira-t-on que cette voie a été rendue nécessaire parce que les effets nous sont plus connus que la cause? Ici encore c'est le contraire qui est exact : le concile de Trente a expliqué longuement et en détail la doctrine de la transsubstantiation, tandis qu'il ne consacre aux accidents qu'un seul mot et d'une manière tout à fait incidente: remanentibus speciebus. Pour ce double motif, entre la théologie traditionnelle qui démontre la thèse des accidents eucharistiques par le dogme de la transsubstantiation et le P. Leray qui cherche à établir son système de la transsubstantiation sur la doctrine des accidents, nous n'hésitons pas un instant et nous croyons que les anciens théologiens ont pour eux l'ordre vraiment logique et scientifique.

La seconde critique, plus essentielle que la précédente, touche le principe même qui fait la base de l'argumentation. L'auteur pense que le corps de Jésus-Christ devient le support des accidents. Or, tous les théologiens, y compris le cardinal de Lugo, enseignent comme une chose certaine, nous l'établirons au paragraphe sui vant, que les accidents du pain après la consécration demeurent sans aucun sujet ni support. On ne peut donc en aucune façon dire que le corps de Jésus-Christ devienne le support des accidents.

Et, non seulement le système nouveau, dénué de tout fondement théologique, se présente avec des titres insuffisants, mais il a contre lui les raisons les plus graves qui ne lui permettront jamais de forcer les portes d'aucune école de théologie. La doctrine traditionnelle qui explique la transsubstantiation dans le sens d'une conversion de toute la substance du pain en toute la substance du corps de Notre-Seigneur ne serait-elle qu'une opinion plus ou moins discutable, ou bien n'est-elle pas plutôt l'interprétation authentique du dogme catholique? Ce dernier sentiment ne nous semble pas douteux; nous en avons pour garant le Catéchisme du concile de Trente, dont voici les propres paroles : « Ce changement « consiste donc en ce que, par la puissance de Dieu, toute la << substance du pain est changée en TOUTE la substance du corps « de Jésus-Christ et toute la substance du vin en TOUTE la substance « de son sang; » quæ ita fit ut TOTA panis substantia divina virtute in TOTAM corporis Christi substantiam, TOTAQUE vini substantia in TOTAM sanguinis Christi substantiam convertatur (1).

D'ailleurs, cette vérité découle des paroles mêmes de la consécration. Si Notre-Seigneur avait dit: Ces atomes sont des atomes de mon corps, la théorie nouvelle serait admissible. Mais NotreSeigneur a dit: Ceci est mon corps. Les paroles sacramentelles opérant ce qu'elles signifient, le terme direct et immédiat de la conversion est le corps de Notre-Seigneur et non pas une partie de son corps; en d'autres termes, ce qui a succédé à la substance du pain, c'est le corps de Notre-Seigneur en tant que substance et non en raison de tels ou tels atomes particuliers, identiques ou non avec les atomes constitutifs du pain.

Enfin, parmi les propositions de Rosmini, récemment condamnées par le Saint-Office (14 décembre 1887), il en est une, la trente et unième, qui nous intéresse: In sacramento Eucharistiæ, vi verborum, corpus et sanguis Christi est tantum ea mensura quæ respondet quantitati substantiæ panis et vini quæ transsubstantiantur, reliquum corporis Christi ibi est per concomitantiam. Le P. Leray nous dira qu'il n'a pas enseigné cette proposition condamnée. Il ne l'a pas soutenue dans les mêmes termes, mais les deux doctrines se touchent de beaucoup trop près. Il croit que tous les atomes du corps de

(1) Cat. conc. Trid., p. 2; De Euch., n. 39.

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Notre-Seigneur ne sont pas présents dans l'Eucharistie au même titre : «< Ainsi, dans le lieu occupé par un atome quelconque du pain, le corps de Jésus-Christ serait présent tout entier d'une <<< manière non sensible (sans impénétrabilité à la manière d'un esprit), et il permettrait à un élément analogue (de même espèce chimique) de son corps de modifier l'espace (en le rendant impé«< nétrable), comme faisait l'élément du pain (1). » Dire que « les << atomes de la chair de Jésus-Christ ont pris la place des atomes «< correspondants du pain », de sorte que « son corps est présent à << l'instar d'un esprit, sauf pour les éléments substitués à ceux du «< pain (2) », n'est-ce pas dire que les atomes substitués à ceux du pain, et ceux-là seuls, sont présents avec leur impénétrabilité propre et par conséquent avec leur propre quantité, puisque l'impénétrabilité est le produit de la quantité? Le P. Leray nous répondra peutêtre qu'il n'a jamais dit que cette différence fût produite ex vi verborum. Cela n'est pas dit explicitement, mais on ne voit pas comment cette différence s'expliquerait autrement. Ex vi sacramenti est in hoc sacramento, dit saint Thomas, illud in quod directe conversio terminatur (3). Or, à supposer « que Notre Seigneur substituât un élé<«<ment analogue de son propre corps à la place de chacun des «< éléments du pain qui disparaîtrait (4) », cet élément du corps Notre-Seigneur n'est-il pas le terme direct de la conversion, et n'est-ce pas cet élément seul qui est présent vi sacramenti, le reste du corps n'étant présent que per concomitantiam?

de

Une dernière observation relative à la possibilité même du système. Sur ce point, nous avons répondu plus haut par un laisserpasser provisoire : il y a pourtant une objection, signalée d'ailleurs par le P. Leray, mais à laquelle je ne trouve pas qu'il ait donné une réponse satisfaisante. « On pourrait objecter encore que les << atomes du corps de Notre-Seigneur ne sauraient suffire à rem« placer ceux de toutes les hosties consacrées de l'univers (5). » La difficulté est réelle et saint Thomas l'avait en vue lorsqu'il écrivait: Nisi forte quis dicat quod secundum aliquam particulam est

(1) Cosmos, 17 février 1900, p, 210.

(2) P. 457.

(3) III P., q. LXXVI, a. 4.

(4) P. 156.

(5) P. 157.

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