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durant l'âge miocène. D'où sont venus Mastodon angustidens et Dinotherium giganteum? « De quels quadrupèdes ont-ils été dérivés? Nous l'ignorons encore ». Et, peut-on ajouter, n'est-il pas à craindre que ce ne soit pour longtemps? Si l'on peut saisir entre ces deux genres et d'autres mammifères quelques traits de ressemblance, « cependant la somme des différences est trop grande pour qu'on puisse indiquer une parenté entre les proboscidiens et les animaux des autres ordres connus jusqu'à présent (1) ».

Pour être moins saillants, les rapprochements entre caractères du groupe des carnivores (hyénidés, canidés, mustélidés, félidés, ursidés) n'en comportent pas moins des analogies et homologies établissant des passages, des transitions graduées des espèces fossiles entre elles et aux espèces actuelles. Et cependant ce groupe, comme le précédent, comprend aussi un type qui ne se rattache à aucun autre et auquel l'école évolutionniste ne trouve ni «< ancêtre »> ni «< descendant ». Le féroce Machairodus, aux canines allongées en forme de poignard et coupantes comme cette arme, d'où son nom (pázpz, poignard; boúg, dent), représente dans son groupe, comme le Dinotherium dans le sien, une forme isolée et sans liens autour d'elle.

Parlerons-nous de l'ordre des quadrumanes (prosimiens et simiens), dans l'une des ramifications duquel l'école matérialiste veut a priori et à tout prix que se trouve l'ancêtre direct de l'être humain tout entier, corps et âme? Réservons ce dernier point qui demande à être traité à part, et disons seulement que la grande loi de continuité qui rapproche généralement les uns des autres les êtres organisés et vivants se vérifie dans l'ordre des quadrumanes, comme dans l'ordre des carnivores ou des proboscidiens, comme dans tous les autres.

De pareils rapprochements ont été faits en ce qui concerne le règne végétal; les travaux de MM. de Saporta et Marion et d'autres naturalistes en ont montré la suite et l'harmonie (2). Là aussi, comme dans le règne animal, se manifestent une ordon

(1) Loc. cit., p. 691.

(2) Cf. Le Monde des plantes, par le comte DE SAPORTA. Paris, Masson, 1879. L'Evolution du règne végétal: I. Les Cryptogames, par G. DE SAPORTA et A.-F. MARION, Paris, Germer Baillière, 1881. II et III. Les Phanérogames, mêmes auteurs et éditeur, 1885. Origine paléontologique des arbres, par le marquis G. DE SAPORTA. Paris, J.-B. Baillière, 1888.

nance et une gradation admirables où nous pouvons saisir en grand nombre les traits d'un plan infiniment varié dans son unité, mais dont beaucoup d'autres traits nous échappent.

On comprend qu'à la vue de cet ensemble, de cette loi de continuité qui se montre d'autant plus apparente que des découvertes de fossiles plus nombreuses comblent un plus grand nombre de lacunes entre les organismes, on comprend que l'idée se présente naturellement à l'esprit, d'une filiation entre eux... A mesure que j'ai étendu mes observations, écrit M. Albert Gaudry, je me suis confirmé dans la croyance que les êtres n'ont point paru isolément sur la terre sans liens les uns avec les autres; j'ai pensé que sous l'apparente diversité de la nature domine un plan où l'Être infini a mis l'empreinte de son unité. Dès lors, l'idée de découvrir quelque chose de ce plan a dirigé mes recherches paléontologiques (1).» « Les paléontologistes ne sont pas d'accord sur la manière dont ce plan a été réalisé; plusieurs, considérant les nombreuses lacunes qui existent encore dans la série des ètres, croient à l'indépendance des espèces et admettent que l'Auteur du monde a fait apparaître tour à tour les plantes et les animaux des temps géologiques de manière à simuler la filiation qui est dans sa pensée; d'autres savants, frappés au contraire de la rapidité avec laquelle les lacunes diminuent, supposent que la filiation a été réalisée matériellement, et que Dieu a produit les êtres des diverses. époques en les tirant de ceux qui les avaient précédés. Cette dernière hypothèse est celle que je préfère (2). »

Du reste, l'éminent paléontologiste ne paraît pas insister beaucoup sur les causes prochaines ou immédiates de ces transformations ces dernières lui apparaissent comme la conséquence naturelle des enchaînements qui paraissent relier les organismes entre eux, sans qu'il se préoccupe outre mesure du comment de leur réalisation les innombrables changements survenus, durant l'immensité des temps géologiques, dans les conditions du sol, de

:

(1) Mammifères tertiaires. Introduction, p. 1. (2) Fossiles primaires. Introduction, p. 3. Le judicieux savant ajoute: « Mais qu'on l'adopte ou qu'on ne l'adopte pas, ce qui me paraît bien certain, c'est qu'il y a eu un plan. Un jour viendra sans doute où les paléontologistes pourront saisir le plan qui a présidé au développement de la vie. Ce sera là un beau jour pour eux, car s'il y a tant de magnificence dans les détails de la nature, il ne doit pas y en avoir moins dans leur agencement général. »

température, d'éclairement, d'humidité, d'asséchement, de composition atmosphérique et de rapports des organismes vivants entre eux, lui paraissent, non sans raison, une justification suffisante de son hypothèse.

A ce propos, remarquons, en passant, que M. Gaudry, en vrai savant, l'esprit libre et dégagé de tout parti pris, c'est-à-dire imbu du véritable esprit scientifique, ne pose sa théorie que comme une hypothèse. Il n'a garde de la donner, à l'encontre d'un trop grand nombre de ses confrères, comme une sorte de dogme scientifique qu'on est forcé d'admettre, sous peine d'être forclos du clan des hommes de science et relégué au sein du servum pecus des « obscurantistes ». Mais précisément parce qu'il reste sur le terrain de l'hypothèse, indiquant les motifs qui le portent à lui donner la préférence, sans prétendre l'imposer toutefois, sa théorie mérite une attention et une considération d'autant plus grandes.

D'autres partisans de l'évolution transformiste, moins circonspects, encore qu'irréprochables spiritualistes, invoquent, en outre des différences et changements de milieux et de la diversité des besoins et des conditions d'existence qui en sont la conséquence: la sélection naturelle résultant de la survivance des plus aptes ; les modifications avantageuses réalisées pendant la vie embryonnaire; la loi de balancement des organes d'après laquelle tout changement produit sur un point quelconque de l'organisme aurait son contre-coup sur les autres parties et y produirait des modifications corrélatives. Brochant sur le tout, l'hérédité fixerait d'une manière permanente, au moins relativement, les modifications ainsi obtenues.

(A suiere.)

C. DE KIRWAN.

DANS LE NÉO-SCOTISME

III. LE DOMAINE RATIONNEL.

(1)

17.

Maintenant, le résultat de nos deux premières explorations de la Réalité est étalé sur la table de l'expérience. Les deux groupes de renseignements qui le constituent, le groupe des renseignements positifs et celui des renseignements utiles, ne ressemblent en rien à des tableaux de nature morte. Les réels, tirés tout fraîchement du bain des choses par les sondes des sens, sont vivants. Comme la masse remuante et palpitante que le pêcheur déverse dans l'aquarium d'un laboratoire maritime, ainsi viventils transportés dans le milieu nouveau de l'expérience, grâce à l'afflux constant que le contact gardé avec la réalité ne cesse de leur apporter. Car se référer à ces constantes qualitatives concrètes qui sont pour nous les choses, c'est la vie normale de la sensibilité connaissante. Manque de ce perpétuel retour, le réel dépaysé dans l'expérience ne tarde pas à languir : l'irréel, sorte de végétation parasite issue de son état maladif, l'envahit et pullule : le réel s'atrophie ou meurt. Aussi, le jeu des sens externes et intérieurs est-il tout entier combiné en vue d'éliminer les formations internes issues du travail organique ou de la fermentation des passions utilitaires. La connaissance sensible n'est rien moins que statique. Elle reflue sans cesse vers le dehors pour préciser le moule animé que, par les sensations, elle prend des choses. D'où la rareté relative de ceux qui, manquant totalement d'objectivité, se trouvent par suite dépourvus de sens commun. Il en est cependant qui, pour n'avoir pas su débarrasser leur organisme psycho

(1) Voir novembre 1900 et janvier 1901.

logique des actions corrosives de la vie végétative ou des éléments perturbateurs sécrétés par les passions, finissent par s'éliminer de l'humanité pensante. Ce sont les insensés. Le réalisme expérimental est au contraire la caractéristique de la santé intellectuelle. Autant que nous en pouvons juger, l'intégration vitale du réel ne dépasse pas chez l'animal une expérience restreinte. Munie des connaissances nécessaires aux besoins de ses réactions utilitaires, la sensibilité animale ne se développe plus dans l'ordre des informations : elle tourne court. Ses notions sont individuelles et concrètes. Son avoir cognoscitif est limité au développement de l'instinct par l'expérience. C'est ce que l'on est convenu d'appeler l'intelligence de l'animal. C'est une intelligence si l'on veut, toute matérielle dans son objet, toute pratique dans son but et sa raison d'être.

Chez l'homme, au contraire, le réel expérimenté est susceptible de transformations ultérieures et de développements originaux très étendus. C'est un fait que l'expérience humaine se prolonge en idées universelles, c'est-à-dire s'appliquant indéfiniment à des individus non observés, et que de ces idées universelles se dégagent des lois ou principes qui, dans le jugement qui les formule, prétendent régir nécessairement les choses. C'est encore un fait que ces idées universelles et ces jugements nécessaires se combinent entre eux par le raisonnement et déterminent ainsi une création, inconnue des choses et qui vise cependant les choses, la science abstraite. Et c'est un troisième fait que de cette sphère de l'universel, du nécessaire et de la science abstraite, l'intelligence humaine redescend vers les choses concrètes, individuelles, pour les organiser par la science expérimentale, la morale et l'art.

En présence de tous ces faits un problème se pose.

Les idées universelles et les principes nécessaires sont-ils un état légitime du Réel? Ne serait-ce pas au prix de ce qu'il y a de meilleur en lui, de son objectivité concrète, de sa vérité interne, de son intégrité de chose, que le Réel accomplit son ascension dans le Rationnel? Dès lors, les arguments dialectiques ne seraientils pas un jeu, sinon verbal du moins idéal, sinon une cadence régulière de sons curieusement combinés, du moins un spectacle où l'esprit se donnerait en images la représentation de ses propres

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